Avant même que Les Loups dorés soit traduit, je le voyais partout sur les réseaux sociaux. Comme il a souvent été comparé à Six of Crows car on y retrouve une équipe de voleurs qui fait tout pour mettre la main sur un objet précieux au risque d'y laisser sa peau, je me suis laissée tenter et je ne regrette pas !
En guise de décor à l'intrigue, nous avons la ville de Paris alors que l'exposition universelle de 1889 s'apprête à ouvrir ses portes.
Roshani Chokshi décrit très bien l'ambiance des cabarets et l'ébullition de la Belle époque mais aussi son plus sombre visage : la colonisation. « Pour remettre en question ce qui or et ce qui brille », c'est la promesse qu'elle fait dans sa note à la fin du livre et c'est un pari tenu car sa description de l'époque est nuancée.
Elle va également aborder le rapport complexe qu'ont certains personnages avec leurs origines. Enrique, par exemple, qui est à la fois espagnol et philippin, veut oeuvrer pour l'indépendance des philippines mais est jugé par ses pairs comme trop « espagnol » pour cela. À travers le personnage d'Hypnos, on retrouve également la problématique de pouvoir s'intégrer nulle part car il fait partie de l'Ordre de Babel, mais à cause de sa couleur de peau, il reste un marginal même dans la société secrète.
Le racisme et le colonialisme sont aussi incarnés par les méchants, qui se révéleront vers la fin du roman, souhaitant garder une lignée pure et les maisons de l'Ordre de Babel qui s'octroient des objets volés lors d'expéditions. Ces thèmes s'intègrent donc totalement à l'histoire ainsi qu'à l'univers et soulignent de véritables problématiques.
Mais en dehors de cet aspect qui me semble important et qui différencie cette saga d'autres romans de fantasy young adult, c'est un roman qui reste très divertissant et amusant. En effet, pour retrouver l'objet qu'il recherche, le groupe va devoir résoudre des énigmes, ce qui rend leur périple assez ludique. Et l'intrigue elle-même est un peu pensée comme un puzzle dont des éléments, à première vue sans liens, vont s'emboîter de manière cohérente à la fin.
Le final est plus amer que le reste du roman, ce qui me donne envie de lire la suite, car j'aime quand les ambiances s'assombrissent. Cependant, même si je ne me suis pas ennuyée une seule minute, ce n'est pas un coup de coeur pour deux raisons.
La première est que je ne me suis pas suffisamment attachée aux personnages. J'ai trouvé très bien trouvé les motivations de Séverin et Laila, et eu de la sympathie pour Hypnos et Enrique mais la seule pour laquelle j'ai eu une véritable empathie est Zofia. Pourtant, leur dynamique de groupe est vraiment bienveillante et donne envie d'en faire partie, mais même si c'était bien exécuté, j'avais l'impression qu'il manquait un peu de mystère, de suspens concernant les personnages. L'autrice explique trop vite le passé de ses protagonistes et leur but véritable, ce qui fait qu'on ne prend pas vraiment le temps de les découvrir et j'ai besoin de comprendre certaines choses par moi-même pour m'attacher. le tout était trop explicite.
De plus, ils sont dans des situations très périlleuses dès les première pages et donc il n'y a pas vraiment de croissance dans le danger, ce qui fait que je n'avais pas peur pour eux. Alors même si leurs dialogues me faisaient sourire et je voulais savoir où l'intrigue allait mener chacun d'entre eux, il m'a manqué quelque chose pour vraiment m'attacher à eux.
Le second point qui m'a moins plu ce sont les méchants, ils ont des motivations assez clichés et le principal antagoniste n'est pas encore très bien caractérisé. de plus, même si on ne les découvre pas tout de suite, on devine facilement leur identité. Bref, j'attends un peu plus de subtilité dans leur plan machiavélique dans les tomes suivants.
Ceci dit, c'est un roman young adult avec un worldbuilding qui reste cohérent et qui s'emboîte bien avec notre passé historique, une aventure divertissante et une fin qui donne envie de lire la suite, donc, dans l'ensemble, c'était une vraie bonne lecture !