Gennifer Choldenko livre un chouette roman jeunesse avec pas mal d'ingrédients qu'il faut et plus ou moins comme il faut. On est en 1935,
Al Capone est à Alcatraz, il "fait les chemises" selon l'expression consacrée. Il tape quelques balles de base-ball (en fait, plutôt du soft-ball) et travaille à la blanchisserie.
Les Flanagan arrivent. le père est gardien de prison. Alcatraz, c'est le top du top. Sur l'île, il y a tellement de flics au mètre carré que c'est un réel plaisir d'y vivre... enfin tant qu'on est à l'extérieur de la taule.
L'histoire est plus ou moins vue par les yeux de Caribou, 13 ans, le fils. Il a une "petite" soeur, Nathalie, dont on a bloqué l'âge à 10 ans... mais qui en a 16. Elle a un retard mental, quelque chose qui pourrait être assimilé à de l'autisme. Mais, en 1935, il n'y a pas de place ni de structure pour les adultes autistes. A part l'asile. Donc, le but de la mère de Nathalie est de la faire passer pour une enfant de 10 ans et de la faire intégrer une institution... Mais c'est la galère. D'autant que le jeu est aussi d'approcher
Al Capone, c-à-d d'enfreindre les règles, sans se faire prendre... autant dire que c'est mission impossible...
Et pendant ce temps, surveiller sa soeur, cela fout en l'air la vie de Caribou. Même si on peut imaginer qu'il aime sa soeur. Celle-ci fait de temps en temps un progrès, parle un peu, évolue lentement. le réel problème vient quand il s'avère qu'elle a pu avoir des contacts avec un détenu... Aïe, aïe, aïe. Et c'est sans compter sur Lola, une sorte de peste qui est en même temps la fille du directeur...
Gennifer Choldenko ne sombre pas dans la romance facile ou dans l'opposition filles-garçons tout aussi facile. C'est plutôt bien vu.
En essayant de ne pas trop s'écarter de la réalité,
Gennifer Choldenko produit un roman d'aventure tout à fait correct. le style est fluide, les personnages et les situations ne sont pas caricaturales, elle arrive à insuffler de l'émotion, du rire, de la tendresse, sans mièvrerie. Les relations frère-soeur sont crédibles. L'autisme est un peu cadré, mais il le faut pour des raisons de lisibilité. D'ailleurs, la soeur de
Gennifer Choldenko est une autiste fort atteinte par la maladie. C'est définitivement plaisant sans toutefois casser 3 pattes à un canard, mais ce n'est pas ce que l'on demande à un tel roman.