Si 1789 a été le grand chambardement et 1968 un chahut de potaches, 1871 a la réputation universelle d'avoir été la plus belle des révolutions.
Vive la Commune ! C'est l'aurore des temps nouveaux !
La révolution, qui passe, s'annonce belle et tranquille.
C'est le printemps des hommes, le temps des cerises !
C'est aussi le temps des illusions.
Le sinistre Thiers, à Versailles, s'est embusqué.
Avec l'aide de Bismarck, il passe à l'attaque et déverse sur Paris quatre fois plus de bombes que n'en avaient lancé les prussiens lors du premier siège ...
Maurice Choury sait de quoi il parle.
On lui doit de nombreux ouvrages sur le sujet :
"les origines de la Commune", "la Commune au Quartier Latin", "la Commune au coeur de Paris", "Eugène Pottier, auteur de l'Internationale" ...
D'ailleurs de l'ouvrage, il n'a écrit que la préface, intitulée "le monde va changer de base".
Car ici, ce sont les murs qui ont la parole !
"1871, les damnés de la terre" est un recueil de citations.
Comme souvent aux éditions "Tchou", le livre est de dimensions atypiques.
Un côté rouge, un côté noir : le ton est donné !
La parole est à l'insurrection ...
On y retrouve quelques slogans qui ont traversé le temps :
"La propriété, c'est le vol".
"Voici le temps des assassins".
D'autres se veulent plus drôles et provocateurs :
"La vérité, la loi, le droit, la justice dépendraient de quarante croupions qui se lèvent contre vingt-deux qui restent assis !
Et les plus beaux se veulent de grands cris d'espérance :
"Notre pays est partout où l'on vit libre" ...
Qu'elles soient attribuées à des noms célèbres ou à des illustres inconnus, ces phrases, que l'on croyait oubliées sous les couches de peinture qui les recouvrent, sont en fait immortelles et gravées au coeur de chaque français.
Elles donnent à notre pays toute sa force et sa beauté.
Et rapidement la balade que nous offre ce petit livre se transforme en un agréable moment de fierté et de gratitude ...
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Parisiens !
L'ennemi va entrer dans Paris !
Qu'il trouve fermés tous les édifices publics, les théâtres, les restaurants, les cafés et même nos maisons.
Que chacun de nous s'enferme dans sa demeure ; que les rues restent complètement désertes.
Faisons le vide autour de l'étranger, et que ce soit en ce moment notre seule protestation.
Unis dans cette attitude calme et digne, nous serons certains de déjouer toutes les menées, et nous aurons droit au respect de l'Europe qui a les yeux fixés sur nous ...
Notre pays est partout où l'on vit libre ...
(Jules Nostag/La révolution politique et sociale/16 avril)
Publié dans la lignée de "Les murs ont la parole" (1968), il participe du mythe révolutionnaire et anarchiste. C'est gentil tout plein et heureusement suranné.
Depuis les historiens ont quand même heureusement planché sur la question et nous ont sorti des légendes, des clichés et des modèles véhiculés par Georges Soria entre autres. Lissagaray est un témoignage même s'il est militant. Les historiens étrangers nous ont appris à comprendre cela avec un peu plus de recul (lire Robert TOMBS, Paris, bivouac des révolutions).
Le capital est semblable au vampire, il ne s'anime qu'en suçant le travail vivant et sa vie est d'autant plus allègre qu'il en pompe davantage ...