Une autobiographie

Ne retournez jamais en un endroit où vous avez connu le bonheur : son souvenir restera vivant en vous. Sinon, il sera détruit.

C'est à ce moment là que, d'amateur, je devins professionnelle. En assumant le fardeau d'une professionnelle qui est de continuer à écrire même quand vous n'en avez pas envie, quand vous n'aimez pas trop ce que vous écrivez et que ce que vous écrivez n'est pas particulièrement bon.

Rien de tel que de filer sur les flots à ce qui vous semble être une vitesse de 200 à l'heure pour arriver en souplesse sur la plage et s'enfoncer doucement dans les vagues mouvantes. C'est l'une des sensations physiques les plus parfaites que j'ai jamais éprouvées.

Je suis parfaitement capable de ne pas aimer un endroit parce que les collines n'ont pas la forme qu'il faut. C'est très très important pour des collines, d'avoir la forme qu'il faut. Pratiquement toutes celles du Devonshire l'ont. La plupart de celles de Sicile ne l'ont pas, si bien que la Sicile ne m'enchante guère. Celles de Corse, en revanche, sont un pur délice.

Les gens heureux n’ont pas d’histoire, paraît-il ?

Je me plongeais avec joie dans les rédactions, mais sans réel succès. Les observations étaient toujours les mêmes : mes textes étaient trop fantaisistes. On me reprochait surtout de sortir du sujet. Je me rappelle notamment celui-ci : "L'automne". Je commençais bien, avec les feuilles dorées, les feuilles marron, mais tout d'un coup, allez savoir comment, un petit cochon faisait son entrée – peut-être bien qu'il déterrait des glands dans la grande forêt. Bref, je ne m'intéressais plus qu'à lui, oubliais complètement l'automne, et ma rédaction se terminait sur les délirantes aventures de Tire-bouchon le petit cochon et sur le somptueux festin de faînes dont il régalait ses amis.

C'est curieux de revenir sur son passé, de revoir toutes les péripéties, toutes les scènes, cette foule de détails qui l'ont jalonné. Dans tout cela, qu'y avait-il de vraiment important ? Comment la mémoire sélectionne-t-elle ? En fonction de quoi nous rappelons-nous les choses ? C'est un peu comme si nous plongions nos mains dans le bric-à-brac d'une grande malle du grenier en disant : " Tiens, je vais prendre ça... et ça... et puis ça."

L'un des plus grands bonheurs qui puissent nous arriver dans la vie est d'avoir une enfance heureuse. La mienne l' a été tout à fait. J'avais une maison et un jardin que j'adorais, une excellente et très patiente nourrice, comme père et mère deux êtres qui s'aimaient tendrement et qui ont fait de leur vie de couple une réussite.

On n'a certe pas besoin de compagnie tous les jours, mais la solitude est quelque chose qui croît en vous, peut vous enserrer et vous étouffer comme le lierre. (459)

...nul ne saurait prétendre que les différences de revenus ne créent pas un fossé entre les gens. Ce n'est pas une question de snobisme ou de position sociale, mais de différence de train de vie. (459)