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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Parce-ce que le mot "schizophrénie" à lui seul porte toute la crainte qu'il provoque chez les autres, l'auteure en a créé une judicieuse anagramme : Sophie Chrizen, malgré ses crises, fait déjà moins peur. Les médias ont tellement véhiculé d'images négatives, de cas extrêmes ayant conduit à la mort de victimes, qu'il serait facile de faire des amalgames, et de généraliser.

À chacun sa schizophrénie et la manière dont elle se manifeste. J'avais eu l'occasion de lire sur le sujet le petit livre autobiographique de Stéphane Cognon « Je reviens d'un long voyage, Candide au pays des schizophrènes », qui m'avait beaucoup touchée. Son discours aussi tendait à prouver que l'on peut dompter ses démons, y survivre et construire ou reconstruire sa vie.

Ici, Sophie nous promène entre elle et son psychiatre Sophie, et le lecteur devient à son tour schizophrène, hospitalisé sous la contrainte, apeuré par les autres qui déambulent au gré de leurs pathologies. le lecteur devient apathique sous camisole chimique, brouillard épais d'abord, puis éclaircies progressives. le lecteur est inquiet, mais analyse de l'intérieur comme de l'extérieur, à l'image du patient qui cherche à comprendre. C'est quand même lui le premier concerné, non ? D'ailleurs, et si la solution était en lui ?

Mais à chaque nouvelle crise, c'est la vie qui bascule, les études qui sont interrompues, les amitiés qui s'évaporent, la famille qui soutient comme elle peut, et les espoirs qui fondent.

L'analyse des traitements traditionnels et de leurs conséquences est finement menée, sachant que pour chacun le seuil thérapeutique diffère, tant de facteurs entrant en jeu. L'écriture est fluide, l'humour et l'autodérision parfois aident à mettre à distance ces inconnus qui gravitent autour du malade et pourtant l'isolent plus que jamais : ces créations mentales, ces hôtes inopportuns.

Sophie nous entraîne malgré nous dans son univers, où les pensées par moment désunies se relient malgré tout à la vie. Elle n'élude pas la consommation durant sa jeunesse de Cannabis. Malgré la plasticité du cerveau, Il se repose la question de l'impact de cette consommation chez le jeune et sa part de responsabilité dans la décompensation de la maladie.

Alors, comment vivre avec ces autres « Moi », sans que cela n'impacte trop sur le quotidien ni n'empêche la vie sociale et professionnelle ? Surtout, comment éviter que ces voix soient noires et maléfiques et ne guident sur la mauvaise voie ?
Entre méditation en pleine conscience et psychologie positive, il existerait des moyens de contrer ces perceptions et hallucinations, de les transformer en pensées agréables, de les maîtriser, voire de les faire disparaître.

Existe-t-il une alternative réelle ? Médecine traditionnelle ou Médecine parallèle ? La recherche avance, et les bienfaits de la méditation ne sont plus à démontrer ; de là à supprimer tout traitement chimique, je ne suis pas habilitée à me prononcer, mais chaque cas doit être étudié, et dans la balance pesés les effets secondaires délétères.

Certains schizophrènes stabilisés deviendront des Pairs-Aidants au sein d'associations pour lutter contre la stigmatisation des patients.

Puisse cet ouvrage contribuer à faire évoluer les mentalités.
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Quand on est confronté à la confusion, à la perte de la notion du temps, fichtre! On se sent partir, mais où, victime ou responsable d'un mal dont les éléments sont si incohérents, que le mot de folie vous transperce.
Et si cette folie venait de ces médicaments que l'on vous a prescrits pour vous sentir mieux ?


"Étrange Univers du Schizophrène" est bien là, dans cet espace, tout près de cette folie, de cette confusion des sens, "nous n'étions plus capables, hypnotisés par ce que la masse voulait faire de nous des êtres incapables de conscience, se dit-elle page 150."


Le livre de Sophie Chrizen, tourne inlassablement autour de notre façon actuelle de traiter, de soigner, d'écarter les malades en les ficelant à un lit, à une médication, à un au-delà pareil à ce visage de la première de couverture où les sens sont couverts de bandages, la tête prête à être momifiée.

Mais est-il possible de concevoir une autre façon de soutenir ceux qui plongent dans l'angoisse et la confusion, est-il possible qu'un psychiatre soit autre chose qu'une officine délivrant des molécules dont lui-même est incapable d'expliquer comment elle fonctionne, ou ce qu'elle produit d'isolement et d'exclusion.


À travers deux personnages Sophie considérée comme malade de schizophrénie, et le médecin embourbé par des études si longues et si peu pratiques, Sophie Chrizen nous offre la possibilité de recueillir toute la complexité de ce dialogue, toutes les impasses, toutes les incompréhensions, parfois la colère de l'une ou de l'autre, de l'un ou de l'autre des deux personnages.


Il y a tant de phrases qui font mouche, et de questionnements inachevés, que l'on pourrait reprendre cette phrase, et lui donner un caractère universel :
"dans un asile psychiatrique, la différence entre un interne et un interné n'a que l'épaisseur d'un accent aigu."p 93


Je repense à ce médecin dans une spécialité particulière, s'amusant à claironner qu'il est pété de thunes. Ici, l'auteur mettant en scène page37, le congrès des spécialistes en psychiatrie, écrit, "on soigne les non malades maintenant ça devient n'importe quoi, je peux virer un tiers de mes malades, s'ils étaient simplement capables d'appliquer quelques consignes non médicales."


Plus loin page 59 elle explique,"deux ans de consultations avec une unique réponse à n'importe laquelle de mes questions, la panacée universelle : les cachets !
Ah le bon docteur Cachet, l'ami de van Gogh !


Les dialogues sont parfois pleins d'ironie, page 37 ;
"Ah vous avez sorti les trois singes ?
Il vous embêtaient ? Ils n'étaient pas sages ?
Ce que je sais, c'est qu'ils représentent la sagesse. Ils disent, ne dit rien, ne voit rien, n'entend rien et il ne t'arrivera que du bien"
ou bien "Confucius en a donné une autre interprétation devant la politesse, de pas regarder, ne pas écouter, ne pas parler, ne pas bouger.
Sophie ajouta à la politesse dans votre cas on pourrait substituer folie » devant la folie de S...
A la fin de l'entretien le médecin avait doublé la dose de j'Esperidone

Faut-il punir à ce point l'impertinence ?

Après les nombreux ouvrages que j'ai pu lire sur ces molécules, mis à part ceux destinés à provoquer le sommeil, à l'occasion de circonstances graves, les autres molécules ont des effets secondaires très rarement annoncés, mais surtout ils offrent des prisons de carrelages blancs, dont le patient est incapable d'émerger.


J'aime écouter Boris Cyrulnik et son bon sens quand il exprime l'idée que scientifiquement la psychiatrie est balbutiante. Certes les traitements les plus honteux, comme les électrochocs, ne sont plus d'actualités aujourd'hui. Mais ces molécules ne sont-elles pas? Plus néfastes encore en isolant le malade en lui ôtant toute autonomie pour des décennies.

Comme je suis heureux de voir une femme sortir de ces ombres, de ses cauchemars pour revenir à la lumière.

Ce livre est d'une étonnante actualité, car il est encore temps de ne pas céder à toutes ces molécules.
Un livre qui vous colle à la peau, à l'écriture vive, fluide, envoûtante comme toute incursion dans l'au-delà, un voyage dans les sombres remous de l'âme.

Électrochoc a été remplacé par le traitement par sismothérapie
terme bien plus chic que choc.
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Il existe, dans des librairies, des livres qui s'imposent à vous, comme une évidence, L'étrange univers du schizophrène ne fait pas partie de cette catégorie... Il y a des auteurs qui décident de croiser votre chemin et qui vous font découvrir leur univers, Sophie Chrizen fait partie de ceux-là.
Lorsque j'ai reçu son livre, j'ai tout de suite été émue par la photo de cette femme, par son regard espiègle et déterminé. Je savais, au fond de moi, que ce livre n'allait pas être comme les autres, qu'il m'attendait et allait finir par s'imposer à moi, comme une évidence. Je me suis donc empressée de finir mon livre en cours pour plonger dans l'univers de cette étrange Sophie Chrizen. Nos échanges, pendant ma lecture, ont confirmé l'image que je me faisais d'elle, si fragile en apparence mais si digne et lucide.
Lucide… ce mot n'a-t-il pas été banni du vocabulaire médical concernant son cas? Car oui, Sophie est schizophrène. Décelée et diagnostiquée à 17 ans, son univers s'écroule. Et pourtant, elle ne manquait ni d'amour, ni d'ambitions. Incompréhension générale, délitement du cercle amical et social... Brillante étudiante en biologie, elle se verra contrainte d'abandonner son cursus universitaire pour se consacrer à sa maladie. Dès lors commence un long processus de guérison, alternant phases d'extrême lucidité, de bouffées délirantes, de profonde dépression... de ce dédoublement de personnalité, Sophie en fera sa force. Se croyant tour à tour la malade et la soignante, elle analysera factuellement les comportements de l'une et de l'autre, permettant ainsi d'ouvrir la voie de sa guérison. Mais son parcours n'en demeure pas moins sinueux. Lors de l'internement de Sophie, je me suis surprise à ralentir ma lecture. Je cherchais à déceler tous ses maux au travers de ses mots. Et j'ai senti une colère sourde poindre en moi, due au manque de prise en charge des malades, à leur maintien dans l'ignorance la plus totale...
"Deux ans de consultations avec une unique réponse à n'importe laquelle de mes questions, la panacée universelle : les cachets!"
… à leur isolement extrême
"Les visites ne me réconfortaient pas, mon coeur était verrouillé par les drogues dont on me gavait et ne laissait plus entrer aucune lumière."
… à leur déshumanisation
"Ils m'avaient finalement changée de section, je passais donc en zone libre. […] Dans cette zone ouverte, on autorisait les résidents à porter autre chose que le pyjama bleu obligatoire."
Et pourtant, la cruelle évidence s'impose à nous. le corps médical se voit souvent confronté à ses propres limites : quelques molécules chimiques pour apaiser des maux souvent insondables car trop profonds. Et pourtant, le mal a dit, le mal a expliqué mais
"[…] ils n'entendent pas la musique qu'ils prennent pour des symptômes et veulent juste couper le son."

Ecrire sur son parcours, expliquer sa maladie a été un acte de courage, une démonstration de force inégalable car oui, ne nous cachons pas sous trop de légèreté, la schizophrénie fait peur. Mais bien au-delà de la maladie, c'est la mauvaise prise en charge des patients qui est effrayante.
Ne nous y trompons pas, Sophie Chrizen est une auteure, une vraie. Pas de celles qui viennent vomir sur la place publique leur histoire, aussi terrible soit-elle. Non, Sophie a trop de talent pour cela. Sa plume est ciselée, ironique, sûre, cassante. Toute son écriture insuffle une force et une énergie incroyables. Alors, on lit son histoire, on entre dans son univers et on se voit forcé de constater que le vrai courage, la vraie volonté et le vrai dynamisme sont de son côté.

Lien : https://mespetitescritiquesl..
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Les missives de Fanny H pour Collectif Polar

Tout commence dans le cabinet d'une psychiatre où Sophie entre suivie de ses parents. Au collège et au lycée, elle fût une très bonne élève, personne ne se rendait compte de rien mais il y avait déjà des prémices de la maladie. Elle connut tôt le mélange d'herbe et d'alcool. Elle décrit des parents démunis devant les problèmes de leur adolescente. Elle perd parfois le sens de la réalité. Elle prend peur devant les catastrophes du monde annoncées au journal. Elle imagine le présentateur s'adressait à elle entre deux drames. Il l'accuse. Elle se sent responsable de ce qui se passe dans le monde.
L'auteur se met à la place du soignant mais raconte également son histoire par l'intermédiaire du soigné. Elle nous décrit un tableau très amer du monde des psychiatres, où tel ou tel labo promet à coup de pub marketing et de cadeaux que son traitement est mieux que celui du voisin. Elle soulève le problème des rendez-vous donnés à des personnes qui ne sont pas malades.
Sous traitement et malgré une grande fatigue, Sophie a conscience par moment que quelque chose ne va pas. Elle n'a goût à rien, le bruit et l'agitation l'angoissent. Elle se sent pénétrée par d'autres. Elle se pose des questions sur sa santé mentale. Elle va en cours si elle arrive à se lever et n'a pas d'amis.
Lors des toutes premières visites chez sa psy, Sophie émet l'idée d'arrêter son traitement pour des solutions plus saines comme la sophrologie ou des tisanes. C'est une attitude classique de déni chez les schizophrènes. Les médicaments seraient des barrières chimiques qui arrangent tout le monde sauf le patient.
Le protocole des psy exige qu'ils n'écoutent que d'une oreille et qu'ils bloquent tout sentiment d'empathie au risque de tomber malade eux aussi. Ils doivent être hermétiques aux maux et aux mots. Bien après des séances, Sophie est décidée à être une bonne patiente et à tout faire pour s'en sortir. Mais quand elle parle d'un sujet qui ne plait pas à sa psy, cette dernière lui répond qu'elle ne va pas bien et elle change son traitement tout simplement. Plus le temps passe, plus Sophie ne comprend pas le bien-fondé et ces séances l'énervent. Plus j'avance dans ma lecture, plus je suis comme Sophie, je ne comprends pas le sens, du moins je ne vois pas le positif. L'auteur nous explique qu'elle a du mal à comprendre le rôle de la psy qui n'est pas vraiment défini. Elle a l'impression de faire tout le travail et que la docteure n'est là que pour prendre l'argent à la fin et qu'elle n'a rien fait, à part une prescription médicale.
Un passage que j'ai trouvé tout particulièrement ironique mais dont je n'ai pas vraiment été surprise c'est lorsque Sophie a une absence de règles, la gynécologue lui dit « arrêtez les cachets… »
Je ne savais pas que quelqu'un atteint de schizophrénie pouvait continuer et réussir des études ; c'est ce que Sophie fait ou du moins essaye malgré de grosses difficultés à suivre les cours et un traitement de plus en plus fort, comme quoi il est sans doute adapté.
L'auteure se sent comme une coquille vide, ne plus pouvoir être soi-même, que les médocs l'en empêchent. Je me doutais que les patients atteint de schizo se sentaient mal mais pas autant qu'elle le décrit. Elle parle de souffrance, ce qui est un mot très fort. Elle nous dit que tout leur pèse, les autres comme la solitude.
Elle nous donne également la vision d'une psychiatre frustrée qui se rend compte qu'elle n'écoute plus pendant la séance, sa vocation la quitte car elle ne voit pas d'amélioration chez ses patients. Elle se met à se prescrire son propre traitement et à l'accompagner parfois d'alcool. On oscille entre les deux, qui est réellement celle qui va mal ? La psy ? La patiente ? Où est la réalité ? Où est la maladie ? La folie ? Où et comment s'arrête la normalité ?
Et puis un jour, les parents de Sophie demandent son internement. Elle a conscience que sa mère veut l'aider, qu'elle sent sa haine et sa souffrance. Je ne peux qu'imaginer la détresse et le désarroi de la famille sans oublier que cette détresse est encore bien plus grande chez la personne malade. Sophie est dans un état second, perdue, elle entend des voix, ne fait pas de différence de suite sur ce qu'elle entend et les personnes qui lui parlent réellement, comme ses parents par exemple.
Je trouve cela dommage que sous prétexte que le patient soit majeur, la famille soit plus ou moins tenu à l'écart du parcours de soin. Sophie vit, voit, entend, croit avoir fait des choses qui sont pourtant irréelles. Elle nous explique qu'elle a l'impression de capter des ondes, comme une antenne radio ; comme si il n'y avait plus de frontières entre son imaginaire et la réalité. Je me demande comment l'auteur a fait pour comprendre tout cela. Je connais une personne qui souffre de schizophrénie et elle n'est absolument pas dans cet état d'esprit, beaucoup moins lucide, moins consciente de ses réels problèmes. Cela dépend-t-il de qui on est au départ, de la personnalité de chacun et de la force de caractère que nous possédons ? Ce qui l'aida aussi beaucoup c'est sa motivation. Toutes les personnes atteintes de schizophrénie ne réagissent pas pareil. D'autres baissent les bras. Sophie réussit même à se trouver un travail quelques temps.
Avec les années, un lien semble tout de même se tisser avec la psy.
Alors qu'elle reprend et poursuit ses études, elle pense qu'elle saura gérer, elle décide de se débarrasser de sa camisole chimique et part en vacances avec des amis aux sports d'hiver. le récit de l'auteur en est terrible.
Il existe très rarement des cas de rémission, une des conditions essentielles est d'être au sein d'une famille équilibrée. Heureusement pour l'auteure, sa famille est proche, essaye de comprendre, de déceler les signes pour prévoir et agir sur les crises. Malheureusement, les amis de ses parents prennent du recul peu à peu. L'humain dans toute sa splendeur…
Ce n'était pas toujours évident de suivre ce livre car l'auteure passe d'elle-même à la psy ou du passé au présent. C'est une lecture à faire au calme, posée car elle nous amène à la réflexion. C'est une lecture complexe, sans doute comme le cerveau de Sophie par moment. Je savais que ce que j'allais lire risquer d'être lourd dans le sens vais-je comprendre ? Vais-je savoir retranscrire ce que l'auteur écrit ? Sophie est très courageuse de se livrer ainsi et j'invite ceux qui ont un proche souffrant de cette maladie à lire ce livre afin d'avoir un autre regard. Il me semble que le monde de la psychanalyse est un monde fermé, obtus et étriqué. Qu'il faille à tout prix que les malades rentrent dans des cases bien définies.
Je suis admirative de ce combat difficile que Sophie mène contre elle-même et face au monde entier.
(Merci Sophie Chrizen).

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Accepteriez-vous d'être constamment bourrés de médicaments sans savoir de quoi vous souffrez ? Sophie est malade, elle doit être soignée. Mais qu'elle est ce mal qui la ronge ? Pourquoi ne lui dit-on pas clairement de quoi elle souffre ? Pourquoi faut-il taire tout ceci ?



"J'avais du mal à digérer qu'on soignât une anomalie que l'on ne nommait pas, par des poisons dont on ne connaissait pas grand chose."




Elle décide de consulter une psychiatre concernant ses phobies, peurs et psychoses. En effet, elle a souvent l'impression d'être suivie, ou encore d'être responsable de tous les drames qui arrivent dans le monde. Sophie n'arrive plus à distinguer ce qui est réel de ce qui ne l'ai pas, mettant parfois sa propre vie en danger à cause de cette peur constante qui lui bouffe le cerveau. Et puis ces petites voix qui font écho tout le temps ? Est-ce dans sa tête ? Sont-elles réelles ? Finalement, elle s'enferme petit à petit dans un mutisme et un silence total puisque même avoir une simple discution avec quelqu'un lui provoque d'atroces souffrances.


Je remercie chaleureusement Sophie, à qui je tire mon chapeau pour cette histoire qu'elle a traversé, puisque ici, sous le principe d'une auto-fiction, elle nous décrit ses années de galère face à cette maladie qui est encore très peu connue : la schizophrénie. Personne n'en parle, personne ne l'explique et ne la comprend. Les spécialistes tentent de mettre des mots sur des maux, de reconnaître des symptômes, puis n'arrivant finalement à rien, décident d'assommer les patients à coup de cachets et de séjours en hôpital psychiatrique.



Ce livre est bouleversant, quelque peu perturbant et dérangeant, mais il réveille également en moi une profonde colère contre ces spécialistes qui n'ont qu'un seul foutu mot à la bouche : Antidépresseurs, Antipsychotiques, Neuroleptiques. Des médocs, encore et toujours des médocs .. C'est vrai quoi !! Vous avez remarqué que dès qu'une personne fait une légère (ou moins légère) dépression, on la colle sous cachets ? Et puis pas un petit paracétamol, non, un gros truc bien lourd qui fait qu'elle passe ses journées totalement amorphe et ensuquée sans savoir vraiment qui elle est, où elle habite et ce qu'elle est censé faire ! Un peu de " Tienmax" par-ci, de "Jesperidone" par là. Puis la séance d'après on augmentera les doses, et puis surtout "Prenez bien vos cachets Sophie !". Comme s'ils lui disaient à la place "Surtout ne luttez pas hein, continuez de vous enfoncer profondément un peu plus chaque jour ! Grace à ces prescriptions et votre état, nous allons partir aux Seychelles en vacances cette année ! "


" Deux ans de consultations avec une unique réponse à n'importe laquelle de mes questions, la panacée universelle : les cachets ! "


Ce livre est très étrangement constitué, et pourtant, lorsque l'on y réfléchit bien, pas tant que ça. Nous avons Sophie Chrizen (anagramme de Schizophrénie) qui va voir la psychiatre Sophie, qui n'est autre qu'elle-même finalement. Nous plongeons alors dans cet enfer qu'est devenu son cerveau, entre une Sophie saine et une Sophie malade, et ce dédoublement de personnalité, qui finalement lui sauvera la vie. J'ai perdu pied, à de nombreuses reprises, puis j'ai réussi à sortir la tête de l'eau, mais jamais, je ne pourrais oublier un instant, le vécu et le ressentit de Sophie, face à cette maladie, dont on tait le nom et que l'on croit savoir traiter uniquement à coup de médicaments.



Non ce n'est pas une fiction, ni un roman, c'est simplement l'histoire d'une femme forte qui est sortie indemne de l'étrange univers du schizophrène, et ce, seulement grâce à elle-même ! Personne ne peut être plus à même de parler de cela que quelqu'un qui l'a déjà vécu.



" de toute façon, je ne comprenais pas pourquoi j'étais suivie par cette psychiatre. Rien que le terme " être suivie" me faisait peur. C'est flippant d'être suivie ! J'étais suivie et pourtant, dans mon rétroviseur, jamais je ne l'avais remarqué. C'était un suivi des plus discrets. Parfois, j'y croyais : un véhicule derrière moi, un passant qui empruntait la même route, me faisaient croire, que oui, j'étais suivie. Je me perdais pour essayer de les semer, et constatais au final qu'ils n'étaient pas après moi. "



"Aider tous ces gens, m'avais donné, une décennie durant, le prétexte d'oublier de prendre soin de moi et la paille dans leurs regards m'était plus facilement observable que la poutre qui obstruait mon objectivité sur moi-même."



Je ne noterai pas ce livre, car qui suis-je pour noter le combat d'un être humain face à la maladie ?! Si vous êtes curieux, alors je vous recommande de lire l'histoire de Sophie.


Interview de l'auteur :

Bonjour Sophie, j'ai pour habitude de poser toutes sortes de questions aux auteurs. Mais aujourd'hui, je n'en ai pas envie. Je préfère vous laisser le champ libre pour vous exprimer sur ce que vous désirez : votre livre, pourquoi l'avoir écrit, votre rôle de marraine auprès de personnes en souffrance, comment est votre avenir actuellement ou encore est-ce que vous prévoyez d'écrire un nouveau roman ? Quelques idées pour vous aiguiller, si besoin, sinon vous avez le champ libre. Je vous remercie pour m'avoir contacter et fait confiance et je vous souhaite une très belle continuation.



Chère virginie, je vous remercie pour cette chronique. Ce que je souhaitais avec mon livre c'est que des gens non impliqués comme vous puissent se rendre compte de ce qu'est vraiment la maladie psychique, jusqu'à éventuellement ressentir en profondeur à la lecture l'égarement, la rapidité et l'omniprésence des pensées désordonnées qu'ordonne la folie. Qu'ils puissent aussi entrapercevoir la profondeur des âmes puisque les schizophrènes sont dans l'obligation d'explorer les tréfonds de leur intériorité et de leur rapport aux autres et au monde, condition indispensable pour une rémission. Pour la forme j'espère y avoir mis assez de clarté, d'humour et de légèreté pour faciliter l'appréhension de notions complexes et pourtant universelles et rendre cet ouvrage accessible à tous.
Lien : https://libebook81.blogspot...
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Très bon livre,je l'ai lu bien rapidement, j'ai passé un bon moment. C'est parfois même drôle malgré un sujet pas facile. Point de vue différent depuis une personne concernée elle même, regard critique acerbe et sincère. Merci à toi Sophie, continue!
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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