Certains se demandent encore si la vie a un sens ou non. Ce qui revient en réalité à s'interroger si elle est supportable ou pas. Là s'arrêtent les problèmes et commencent les résolutions.
"Je ne peux faire de différence entre les larmes et la musique" (Nietzsche). Celui qui ne saisit pas cela instantanément n'a jamais vécu dans l'intimité de la musique. Toute vraie musique est issue de pleurs, étant née du regret du paradis.
La religion est un sourire qui plane sur un non-sens général, comme un parfum final sur une onde de néant.
Nous mourons vers le bas, nous nous éteignons à l’ombre de nos paupières, au lieu de mourir les muscles tendus, tel un coureur qui attend le signal, la tête renversée, prêt à braver l’espace et à vaincre la mort dans l’orgueil et l’illusion de sa force ! Je rêve souvent d’une mort indiscrète, complice des étendues…
Le mystère de la solitude dérive du fait qu’il n’existe pas pour elle de créatures inanimées. Chaque objet a son langage que nous déchiffrons à la faveur de silences sans pareils.
Tout est frivole –y compris l’Ultime. Une fois arrivé là, on a honte de toute interrogation capitale.
Depuis que la théologie existe aucune conscience n’y a gagné une certitude de plus, car la théologie n’est que la version athée de la foi. […] L’Eglise et la théologie ont assuré à Dieu une agonie durable. Seule la mystique l’a réanimé de temps en temps.
On ne croit en Dieu que pour éviter le monologue torturant de la solitude. A qui d’autre s’adresser ? Il accepte, semble-t-il, volontiers le dialogue et ne nous en veut pas de l’avoir choisi comme prétexte théâtral de nos abattements.
Avoir toujours aimé les larmes, l'innocence et le nihilisme. Les êtres qui savent tout et ceux qui ne savent rien. Les ratés et les enfants.
Un philosophe se sauve de la médiocrité seulement par le scepticisme ou par la mystique, ces deux façons de désespérer de la connaissance.