L’acédie moderne n’est plus la solitude claustrale –bien que chacun de nous porte un cloître dans son âme- mais le vide et l’effroi face à un Dieu débile et déserté.
Tout souvenir est un symptôme maladif. La vie comme état pur, comme phénomène non altéré, est actualité absolue.
L'oeil a un champ réduit, il voit toujours de l'extérieur.
La limite de chaque douleur est une douleur plus grande.
Le temps est un ersatz métaphysique de la mer. On ne pense à lui que pour vaincre la nostalgie.
Pardonnerai-je jamais à la terre de m'avoir compté parmi les siens à titre d'intrus seulement ?
« Croire » à la philosophie est signe de bonne santé. Ce qui ne l’est pas c’est se mettre à « penser ».
Je n’ai jamais rencontré personne, je n’ai fait que trébucher sur des ombres simiesques.
Le plus humble des chrétiens a des moments où il s’entretient avec Dieu d’égal à égal. La religion elle-même tolère ces grands airs sans lesquels l’homme crèverait de modestie. C’est pourquoi l’athéisme flatte la liberté humaine, car en parlant de haut à Dieu, il élève l’orgueil au rang de démiurgie. Celui qui n’a jamais méprisé le principe suprême est prédestiné à l’esclavage.
Sur n'importe quoi - et d'abord sur la solitude - on est obligé de penser en même temps négativement et positivement.