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3,61

sur 640 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ça m'a pris un mois et demi pour venir à bout de ce pavé de plus de mille pages – non pas parce que c'était ennuyeux ou pénible, au contraire : je trouvais ce roman tellement bon que j'ai préféré le savourer par petits bouts plutôt que de dévorer trop vite des kilomètres de pages, au risque de développer une indigestion.

Nous sommes au début du 19è siècle, dans une Angleterre uchronique où la magie, après un âge d'or médiéval, n'est aujourd'hui plus qu'un objet d'études pour les théoriciens. Jusqu'à ce qu'arrive Mr. Norrell, vieil homme misanthrope qui déclare pratiquer la magie et veut l'utiliser pour aider le gouvernement englué dans les guerres napoléoniennes. Or, ses méthodes pour « restaurer la magie en Angleterre » sont assez déconcertantes… C'est là qu'apparaît un autre magicien, le jeune et brillant Jonathan Strange, que Mr. Norrell prend aussitôt pour élève.

J'avais presque oublié, avant de m'attaquer à ce roman, à quel point j'aime les narrateurs omniscients bien utilisés. Ce que l'on perd en proximité avec les personnages, on le regagne en verve, avec une plume qui rappelle un peu les canons du 19e siècle sans y perdre en fluidité, un regard tendrement railleur sur les personnages et un humour sous-jacent présent à chaque page et à chaque note de page. Car oui, le roman est truffé de très longues notes de bas de page qui font partie intégrante de la narration et se révèlent aussi divertissantes qu'instructives.

Plutôt que l'histoire de la rivalité entre deux magiciens, ce roman se présente comme un portrait fluctuant de la magie anglaise, de sa disparition progressive et de sa réapparition tonitruante. Aussi ne faut-il pas avoir peur de se perdre dans les apparentes digressions qui, en fait, ne font qu'enrichir la mythologie de l'histoire. On peut également s'amuser à repérer les multiples références historiques et la manière dont celles-ci s'entrelacent avec l'aspect fantasy du roman. L'autrice joue aussi beaucoup sur l'ironie dramatique (le fait que le lecteur sache des choses que les personnages ne savent pas, du moins pour certains d'entre eux), un procédé également au coeur de Piranèse, son autre roman.

Un long et excellent moment de lecture!
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Well, well, well… L'année commence bien. Après avoir été bluffée par L'ombre du Vent en Décembre, je suis époustouflée par Jonathan Strange et Mr Norrell en cette fin de Janvier. J'ai bien envie de dire qu'il mérite une place dans mon top 10, mais comme je l'ai dit il y a moins d'un mois pour un autre livre, vous allez penser que je suis trop influençable et change bien trop souvent les livres de mon top 10. Non, non, que nenni (comme dirait Jonathan Strange, mais je vous en reparlerai plus tard). Je suis juste très chanceuse ! J'ai découvert de très grands livres ces deux derniers mois.

A tous ceux qui sont encore hésitants à se lancer dans la lecture de ce pavé de plus de 1000 pages, voici ma recommandation : lisez-le, les pages se tournent à une vitesse folle. le style recherché et so british est un vrai plaisir et on ne sent pas une seule fois de moments de creux. L'intrigue est menée de main de maitre. 10 ans à bosser dessus et ça se ressent !

A tous ceux qui hésitent car ça parle de magie et les histoires de fantasy avec des magiciens, depuis l'ère Harry Potter, on en a marre : lisez-le. La magie est bien sûr au centre de cette histoire mais est bien plus subtile que dans de nombreux autres livres fantastiques, et j'ose le dire, plus réelle et palpable. On y croirait presque.

A tous ceux qui aiment Jane Austen, Oscar Wilde et Lord Byron : lisez-le. le style est un concentré des deux premiers, mixés avec ingéniosité. On y retrouve même leur humour subtil. Quant au dernier, le cher poète anglais fait une apparition hilarante, tout comme Lord Wellington et George III d'Angleterre.

L'histoire se déroule en Angleterre à l'époque Georgienne, c'est-à-dire au temps de Jane Austen et Lord Byron (ce qui explique certaines particularités du livre énoncées plus tôt…). La magie a désertée l'Angleterre depuis plus de 200 ans. le livre conte les aventures des 2 derniers magiciens anglais : Mr Norrell et Jonathan Strange, vous vous en doutez. Ils oeuvrent pour redonner à la magie anglaise toute sa grandeur d'autrefois. Alors que le vieux et ennuyeux Mr. Norrell est plutôt un homme d'étude frileux, le jeune et affable Jonathan Strange, son élève, est beaucoup plus aventureux. Peut-être même un peu trop. Et malgré les mises en garde de Mr Norrell, il s'aventurera sur un chemin où le lien entre magie blanche et noire est bien mince. Ce qu'il ne sait pas c'est que ce chemin, son maitre, l'a déjà emprunté par le passé ce qui aura beaucoup plus d'impact qu'aucun des deux ne le soupçonnent…

Si ce petit résumé ne vous émeut pas plus que ça et n'éveille aucune curiosité, je n'ai pas donné mon dernier mot.

Loin d'être un roman de fantasy classique, relatant les aventures de magiciens talentueux et leur lutte contre un esprit malveillant, JS&MN dépeint un monde on ne peut plus british. Lords, gentleman, bals mondains, pot de vin et guerres napoléoniennes sont monnaie courante et peuplent l'univers de JSMN. Les apparitions de personnages réels et d'événements connus de tous (la bataille de Waterloo par exemple) font que le monde dépeint par Susanna Clarke crie de vérité. Les personnages, magiciens ou non, sont faillibles, loin des d'être des surhommes, dont les désirs, les peurs et les contraintes sont les mêmes que n'importe quelle personne de cette époque. Et le style d'écriture, se rapprochant des auteurs de l'époque ne fait que renforcer cette impression. Un vrai plaisir à lire.

Les dernières 200 pages sont justes grandioses ! Mes préférés, à n'en pas douter. Car arrive dans ces pages tout ce qu'on a espéré tout au long du roman.

Si vous n'aimez pas la fantasy, ce livre pourrait vous la faire aimer pour la simple et bonne raison qu'on n'a pas l'impression de lire de la fantasy. En un mot comme en cent : si vous aimez la bonne littérature (anglaise), plongez-vous dans cet univers.
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Dans le domaine du l'uchronie fantastique – domaine dont je suis très friande comme peuvent en témoigner mes critiques précédentes – « Jonathan Strange et Mr Norrel » est indubitablement un roman qui fera date ! Brillant, subtil, joliment écrit, inventif, bourré d'humour british et d'idées ingénieuses, il a tout pour séduire autant les amateurs de fantastique que ceux d'Histoire Moderne. Si sa lecture n'a pas été un coup de coeur intégral, je n'en sors pas moins séduite et tout à fait disposée à vous faire partager mon contentement. Voyez plutôt :

Nous sommes en 1806 et la situation n'est guère brillante en Angleterre : la guerre va mal, l'effroyable empereur français Napoléon dévore tout ce qui bouge, les ministres sont débordés, la flotte en déroute, la population ulcérée… Horrible et scandaleuse situation ! Il fut pourtant un temps où de telles choses n'auraient jamais été permises : un temps où l'Angleterre et les Royaumes des Fées étaient voisins et alliés sous le règne bienveillant du Roi Corbeau (un avatar du Roi Arthur à mon avis), où la magie imprégnait chaque roche et chaque feuille de la Grande Bretagne et où de puissants sorciers arpentaient ses routes et ses chemins de campagne. Las, ces temps-là sont révolus depuis belle lurette et, en ce peu glorieux début du XIXe siècle, on ne trouve pas plus de magie en Angleterre qu'en France, en Italie ou dans d'autres pays arriérés du même type.

Mais, comme chacun le sait, c'est quand on n'attend plus le sauveur qu'il finit par apparaître. Au fin fond du Yorkshire, un obscur gentleman, Mr Norrel, fait soudain parler de lui. Il ne paye pas de mine, ce bon Mr Norrel… C'est un petit homme peu bavard, renfermé sur lui-même, effacé, bougon, ennuyeux à mourir ; mais ce petit homme a une particularité de taille : il pratique de la VRAIE magie ! Une magie comme on n'en a pas vu dans le pays depuis trois siècles au moins, de celle capable d'inverser le cours des rivières, de transporter des villes entières d'un bout à l'autre du monde et – au grand contentement de ces bons lords du gouvernement –de mettre en déroute les armées des ignobles français (z'avez remarqué ? J'adoooore accoler les termes « effroyables », « arriérés » et « ignobles » à « français »).

Et comme un miracle n'arrive jamais seul, voici qu'un autre magicien surgit brusquement du néant : un certain Jonathan Strange, plus jeune, plus sanguin, plus fougueux, mais tout aussi décidé que son vieillissant collègue à restaurer la puissance de la magie anglaise. A eux deux, que ne sauraient-ils entreprendre ? Mais encore faudrait-il qu'ils sachent s'allier, car nos deux magiciens sont très orgueilleux et de tempéraments fort contraires et s'ils en venaient à s'affronter, leur lutte pourrait sonner la perte de la nation britannique tout entière…

Subtil mélange de récit historique, de roman fantastique, de conte philosophique et d'hommage à la littérature romantique anglaise, « Jonathan Strange et Mr Norrel » n'est pas de ces romans qui se dévorent à toute vitesse, mais de ceux qui se savourent page après page. Ici, pas de tonitruants duels pyrotechniques, pas de dragons ou autres monstres rugissants, mais une lente immersion dans un univers enchanteur et foisonnant, une délicieuse relecture de la mythologie celtique si populaire en Grande Bretagne. Certes, le rythme du récit peut parfois sembler un peu lent (en grande partie du fait des nombreux contes, anecdotes et extraits de biographies fictives que l'auteur intercale dans le fil de son intrigue), mais ce défaut reste très mineur à mes yeux, tant le monde créé par Susanna Clarke séduit par son authenticité et son ingéniosité. L'ensemble donne un récit étrange, un peu déroutant, mais aussi extrêmement riche et prenant et que l'on ne quitte qu'à regret. Une très charmante découverte !
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Le livre

1806 : dans une Angleterre usée par les guerres napoléoniennes, un magicien à la mode ancienne, un certain Mr Norrell, offre ses services pour empêcher l'avance de la flotte française. En quelques sorts, il redonne l'avantage aux Anglais et devient la coqueluche du pays. Il profite de cette célébrité pour travailler à la cause de la magie anglaise, qui a disparu du pays depuis des siècles. En cela, il sera aidé par Jonathan Strange, un jeune et brillant magicien à qui il enseigne (presque) tout ; mais les deux hommes n'ont pas la même idée de ce que doit être la magie, et vont bientôt tomber une rivalité idéologique. Mais dans les ténèbres, un mauvais esprit oeuvre ... Que cache le sombre manoir d'Illusions-perdues ?
Ce que j'en ai pensé

Je viens de finir ce livre et je suis embêtée. Un peu perdue aussi. A tel point que j'ai fait ce que je m'interdis d'ordinaire : j'ai regardé ce que d'autres ont pu penser de ce livre. Car il est extrêmement difficile de se faire une idée et de porter un jugement tellement ce livre est original et destabilisant. Difficile de lui appliquer les critères critiques classiques. Peut-être est-ce lié au fait que j'ai mis un mois pour le lire, ce qui est un maximum que je n'ai jamais atteint depuis que je sais lire ...

Alors certes ce livre est long à lire (plus de 1000 pages en version poche, par ailleurs je vous le conseille en broché, c'est bien plus agréable; et pas facile à emmener dans le métro), mais en réalité il se prête très bien à une lecture lente. L'auteur a mis 10 ans à l'écrire. Et cela se comprend. Tous les soirs pendant un mois j'ai pris ce livre avec plaisir et j'ai plongé dans ce monde qu'elle a mis si longtemps à construire et à peaufiner.

Et il est parfait : un style remarquable, bien XIXe; des personnages bien construits, cohérents, attachants ou glaçants; une atmosphère magique inimitable. Impossible de classer ce roman : dans la lignée de Rowling plus que de Tolkien, mais plus complexe, plus approfondi d'une certaine manière. Avec moins d'action aussi. Mais ce n'est pas cela qui m'a dérangé : un livre n'a pas besoin d'être rempli d'aventures pour être bon, et souvent ceux qui le sont cachent juste un manque d'idées et un mauvais style qui ne se complaît que dans la description d'une action.

Non, je crois finalement que s'il manque quelque chose à ce roman, c'est un peu plus de "peps", de pétillant à certains moments. Peut-être un petit plus d'humour, auquel j'attache énormément d'importance dans les livres, détestant les auteurs qui se prennent trop au sérieux. Les notes de bas de page alourdissent un peu le texte et peuvent être encombrantes, même si cela est agréable que la plupart des anecdotes n'encombrent pas le texte lui-même et la narration. Parfois ce sont les notes qui occupent le plus d'espace, et ce sont elles qui prouvent la maîtrise de son sujet par l'auteur. Cela m'a fait penser au scénariste des derniers films Harry Potter, qui disait que s'il posait la moindre question à Rowling au sujet de ses personnages, s'il demandait le moindre détail sur le monde des sorciers, qui n'existe pas dans les romans, elle était capable de le lui fournir. C'était le cas de Tolkien aussi. Et je mets Susanna Clarke au même niveau. Quelqu'un lui reprochait de trop longues descriptions et un manque d'action : avez-vous lu le Seigneur des Anneaux ? je ne parle pas des films qui ne sont que des pâles copies et qui n'ont su que retranscrire des scènes de guerre. Non le Seigneur des Anneaux n'est pas vraiment un livre d'action, c'est un livre métaphorique, un livre poétique, un livre sur la vie. Et c'est à lui que je compare Jonathan Strange et Mr Norrell. Loin de ces univers pauvres que sont les romans actuels de fantasy, et en prenant même le risque de perdre ce lectorat, Susanna Clarke a renoué avec une belle tradition, avec un beau style et un monde magique.

On en croirait presque que l'on a vraiment appris l'histoire de la magie à l'école et que la magie va renaître en Angleterre (J'en suis venue à douter du vrai et du faux, et j'ai ressenti le besoin de vérifier l'histoire anglaise ... ) Et malgré ce que vous pouvez penser, cela n'a aucun rapport avec Harry Potter ! Dans le monde de Clarke, des gens souhaitent le retour du roi Corbeau, le plus grand magicien de tous les temps; les sociétés de magiciens théoriciens pullulent. Mais l'Angleterre semble avoir perdu son âme et tout son attrait avec la disparition de la magie. Et c'est cette longue renaissance, sous l'instigation d'un personnage dont on ne connaîtra l'identité qu'au bout des 1000 pages, que symbolise ce roman.

Finalement, pour trouver le message du texte, il faut être courageux. Il faut lire et rentrer jour après jour dans ce monde où comme les Anglais, on finit par ne plus s'étonner des actes magiques. Et c'est ce que je ressens : la fin comme une récompense, un remerciement de l'auteur de l'avoir suivi jusqu'au bout, d'avoir vécu dans son monde comme elle a dû le faire.

Alors lisez le ! Mais vous êtes prévenus. C'est un livre difficile. Une structure complexe. Des méandres dans lesquels il ne faut pas se perdre. On peut ou l'adorer ou le détester (il n'y a pas d'entre deux). Et rassurez vous, je ne vous dirai pas que ce livre finit bien, vous seriez déçus ... Car il échappe à toute catégorisation, à tout jugement définitif, à toute description, même si je viens de tenter de le faire. C'est un livre insaisissable. Et en ça, c'est un chef d'oeuvre. le mieux est d'essayer. Et vous verrez.
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Complexe, intelligent, original, plein d'esprit, passionnant de bout en bout, Jonathan Strange & Mr Norrell est de ces romans face auxquels on a très envie de crier au coup de génie.
De ces romans qui se nourrissent à des sources nombreuses – imaginaire merveilleux anglo-saxon, éléments historiques bien réels, littérature gothique, romantique et satire sociale – pour mieux en brouiller les codes et les revivifier. C'est à la fois déroutant et familier, drôle et inquiétant, savoureux et poétique, avec une bonne dose d'ironie pince-sans-rire jusqu'au coeur du plus obscur. Les personnages sont délicieux jusque dans leurs manies agaçantes, et certains – les personnages faussement secondaires surtout – sont de l'étoffe même dont on fait les légendes.
Les légendes, d'ailleurs, tiennent ici une place de premier choix. Mêlées aux anecdotes annexes, aux parenthèses historiques nourries d'une importante bibliographie fictive, développées à travers de nombreuses notes de bas de page, elles contribuent à créer un univers d'une grande richesse, entre uchronie et merveilleux.
Un univers que son auteur pourrait difficilement ne pas développer par d'autres histoires – la chose est à la fois faite et en cours – et qu'on a très envie de s'approprier à son tour (je suspecte d'ailleurs un assez large fandom !)

J'ajouterais bien encore que l'interprétation de la magie, qui soulève plus de questions qu'elle ne résous de problèmes, est particulièrement intéressante, et que malgré quelques longueurs sans conséquence vers la moitié du livre, ses 840 pages s'avalent comme un rêve, mais me contenterai d'ajouter sans plus attendre Les Dames de Grâce Adieu à ma liste de futures lectures !
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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Précisons d'abord que c'est le premier roman de Susanna Clarke, et qu'elle mit près de 10 ans à l'écrire... Mais lorsque vous connaîtrez le pedigree de l'animal, vous comprendrez pourquoi ^_^
Voyez un peu :
En 2005, Prix Locus du meilleur premier roman, Prix Hugo du meilleur roman, Prix World Fantasy du meilleur roman, roman de l'année par le Time Magazine, Prix des Lecteurs du Livre de Poche, il a même été proposé pour le Man Booker Prize de 2004.
Et ce n'est certainement pas moi qui vous dirais que ce palmarès n'est pas amplement mérité, tant j'ai adoré cette histoire, et la plume qui nous la raconte ! [...]

C'est le style qui m'a séduite en premier. Distingué sans être pompeux, il m'a immédiatement donné l'impression d'entrer dans l'un de ces grands classiques de la littérature anglaise du XIXème que j'affectionne tant. Il n'est pas étonnant que certains critiques aient fait le rapprochement avec du Jane Austen, auteure préférée de Susanna Clarke d'ailleurs.

L'Angleterre y est glorifiée dans tout ce qu'elle détient de légendes ancestrales, nous imprégnant totalement de la croyance que le berceau de la magie est bien originaire de ses terres.
Pour le prouver, l'auteure créé le personnage fictif de John Uskglass, dit le Roi Corbeau, disparu depuis des siècles, il fût le souverain grâce auquel la magie se déversât sur le monde entier, créant des routes entres les mondes féeriques et celui des humains.
Les annotations relatives à la légende de ce Roi Corbeau sont prodigieusement considérables ! Répertoriées en fin d'ouvrage, elles donnent une envergure impressionnante de précision à cet héritage mystique créé de toutes pièces par S. Clarke. Chapeau bas !!!

La relation entre les deux magiciens est une source d'intérêt grandissant à mesure que l'un influence l'autre, et vice-versa. Jusqu'à la fin, on se demande comment elle va évoluer. Les jalousies vont-elles assombrir l'aube de leur amitié ? Mesquinerie, rivalité, et même perfidie, sèment la discorde et nous absorbent dans des conjectures étonnantes !

La féerie est ici représentée par un garçon-fée particulièrement cruel ! "Le gentleman aux cheveux comme du duvet de chardon" est un personnage vraiment très réussi, qui s'est introduit dans le monde des humains à cause de Norell, et qui va tout au long du roman instiller une atmosphère malfaisante.
Maître du manoir des Illusions-perdues, les victimes de ses enchantements sombrent dans l'aliénation sans parvenir à se faire aider.
La frontière entre raison et folie est un thème important du récit. Strange lui-même se prête à des expériences afin de découvrir si la lisière entre les deux ne mérite pas d'être franchie afin d'accroître ses pouvoirs magiques, donnant lieu à des pages absolument captivantes !

Je vais m'arrêter là, mais vous imaginez bien qu'avec ses 1144 pages (en format poche), je pourrais encore continuer longtemps ;-)
C'est un roman qui se déguste posément. Ne venez pas y chercher des scènes d'action retentissantes sous peine d'être déçu(e)s ^^ Ici nous sommes dans la lenteur maîtrisée, dans le souci du détail, le temps nécessaire à une immersion british travaillée et appuyée.
Les personnages sont nombreux mais jamais on ne s'y perd tant le savoir-faire est éprouvé, à l'image d'un ballet, les chorégraphies sont si subtilement exécutées que tout paraît fluide et étourdissant à la fois.

Qualifié de chef-d'oeuvre par certains critiques, je ne peux que me ranger de leur côté tant mon appréciation sera définitivement scellée par l'éblouissement que me laisse cette lecture !

En 2015, la BBC produit Jonathan Strange & Mr Norrell en mini-série de 7 épisodes. Je vais laisser s'écouler un peu de temps avant de la regarder, histoire de faire perdurer la magie du roman ❤
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Sa lecture necessite un peu d'effort mais quelle récompense!
Et puis on réalise petit à petit qu'on lit un livre...sur les livres!
Sur les livres qui parlent de magie et qui sont la base de tout....on continue de lire...et on réalise que le livre qu'on tient dans les mains EST un justement de ces fameux livres qui parlent de magie. Quel coup de maître! Par la lecture du roman nous sommes devenus un magicien tel que décrit dans l'histoire!
La boucle est bouclée!!
Bravo!

En résumé: sans doute un peu long, mais un réel plaisir de lecture totalement différent de ce qu'on lit habituellement dans le domaine. Une richesse de langage et d'écriture hors du commun, un vrai régal!
Lien : http://bookenstock.blogspot...
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« La magie anglaise a été façonnée par l'Angleterre, tout comme l'Angleterre a été façonnée par la magie. » (p. 892) Et pourtant, en 1807, la magie a disparu du pays depuis quatre siècles. Les magiciens sont en fait des historiens de la magie et ils ne pensent certainement pas à pratiquer cet art. Rien ni personne ne semble pouvoir réveiller et exercer ce savoir millénaire. Pourtant une prophétie se fait entendre : il est dit que deux magiciens restaureront la magie en Angleterre.
Un homme se présente. Il s'appelle Mr Norrell. Depuis des années, il rachète tous les livres sur la magie. Sa bibliothèque est considérable. Mr Norrell est certain de pouvoir trouver l'explication de la disparition de la magie. Il est également certain que la magie peut aider son pays : « Je suis venu ici afin de me rendre utile. […] J'avais espérer jouer déjà un rôle éminent dans la lutte contre les Français. » (p. 98 & 99) En effet, Bonaparte et ses armées n'ont qu'à bien se tenir : à coup de sortilèges, Mr Norrell établit un surprenant blocus maritime. Mais les pouvoirs du magicien ne s'arrêtent pas là : avec l'aide d'un garçon-fée, il ramène à la vie une jeune et belle trépassée, Lady Pole.
Ailleurs en Angleterre vit le jeune Jonathan Strange. C'est par hasard qu'il s'adonne à la magie. Ses premiers pas dans la discipline sont vagues : il lui est impossible de trouver un bon livre pour s'exercer. Partout, Mr Norrell est passé avant lui. « Je n'ai jamais vu cet homme de ma vie. En revanche, il me barre le chemin à tout instant. » (p. 327) Devant les qualités évidentes du jeune homme, Mr Norrell s'incline et accepte d'en faire un disciple. « Mr Norrell, qui avait vécu toute sa vie dans la crainte de se découvrir un rival, avait fini par voir la magie d'un autre, et loin d'être accablé par ce spectacle, s'en trouvait exalté. » (p. 343)
Mr Norrell et Jonathan Strange gagnent rapidement en popularité. le Tout-Londres se les arrachent et la magie est la nouvelle tocade de tout un chacun. « Désormais, il y avait donc à Londres deux magiciens à admirer et à encenser. Je doute que ce soit une grande surprise pour quiconque d'apprendre que, des deux, Londres préférait Mr Strange. En effet, Strange correspondait à l'idée que chacun se faisait d'un magicien. Il était grand, il était charmant, il avait un sourire des plus ironiques et, à la différence de Mr Norrell, il parlait beaucoup de magie et ne voyait pas d'objection à répondre aux questions du public sur le sujet. » (p. 381)
Mais l'entente entre les deux magiciens ne peut durer. Alors que Mr Norrell veut garder sous contrôle le bénéfice de la magie, Strange souhaite faire des coups d'éclats. C'est au Portugal, dans la guerre contre les Français, qu'il s'illustre : meilleur soutien du duc de Wellington, Strange applique une magie originale et pleine de panache. Entre Norrell et Strange, la rupture est consommée. Désormais, c'est à qui fera assaut d'une magie plus remarquable. Mais l'Angleterre en danger les contraint de s'unir pour lutter contre une puissance malfaisante. Un certain gentleman avec des cheveux comme du duvet de chardon s'attache des vies humaines et les garde en un lieu nommé Illusions-Perdues. Pour lutter contre cet ennemi féérique, Mr Norrell fait appel aux savoirs contenus dans les livres et Jonathan Strange fait siens les pouvoirs de la nature.
Susanna Clarke offre un roman très riche et habilement construit. Elle invente un paratexte sérieux et nourri autour des personnages : elle leur trouve des biographes et elle fait surgir de nulle part une foisonnante histoire de la magie anglaise. Il est facile de sauter à pieds joints et les yeux fermés dans cet univers. L'auteure mêle à son roman des bribes d'Histoire, sous la forme de personnages réels et de références militaires. Et elle ouvre tous les champs du possible en montant de toutes pièces un univers magique complet et convaincant. On trouve un Roi Corbeau, des fées, des sortilèges oubliés, des miroirs magiques et bien d'autres choses encore.
L'auteure inscrit avec habileté son roman dans une parenté littéraire qui rend hommage à de grandes plumes. Jane Austen et Ann Radcliffe apparaissent au détour d'une page et donnent toute légitimité au texte d'être à la fois un roman de moeurs et un roman noir. Jonathan Strange et Mr Norrell est également un roman d'aventure et un conte philosophique où les hommes font preuve d'hybris.
Néanmoins, j'ai été déçue par la fin du roman. Après des centaines de pages de tension et de mystères, les révélations et les dénouements sont un peu plats, voire bâclés. le texte de Susanna Clarke s'inscrit dans la veine des grands romans d'Heroic Fantasy. Un journaliste a comparé son oeuvre à celle de Tolkien. Je ne prétends pas la même chose, mais il est indéniable qu'elle a su créer un livre-univers. Toutefois, à la différence de la saga de Tolkien ou des aventures du jeune Harry Potter, cet univers est clos sur lui-même. On n'imagine pas une suite ou des textes parallèles : Susanna Clarke a ressuscité la magie le temps d'un livre, et le temps d'un livre on y a cru. Et c'est déjà beaucoup.

Lien : http://www.desgalipettesentr..
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Il faut avoir une drôle de tournure d'esprit pour écrire un tel livre.
L'histoire se passe au 19th siècle au moment des guerres Napoléonienne dans une Angleterre où il est postulé que la magie qui avait une fois existée était de retour entre les mains de 2 hommes: Mr Norrel et Jonathan Strange.
Mr Norrell:
" Il ne parlait presque jamais de la magie, et quand il l'a fait, c'était comme une leçon d'histoire et personne ne pouvait supporter de l'écouter. " (Traduction libre, j'ai lu ce livre en anglais)
Jonathan Strange :
« Est-ce qu'un magicien peut tuer un homme par magie ? Demande Lord Wellington à Strange .Strange fronça les sourcils. Il semblait détester la question. " Je suppose que le magicien le peut admit-il mais un homme ne pourrait jamais ».
Le roman s'ouvre à l'automne 1806 dans le nord de l'Angleterre avec une réunion de la Société savante des Magiciens de York, composé de magiciens " théoriques" qui croient que la magie n'existe plus depuis des centaines d'années. le groupe est stupéfait d'apprendre qu'un " magicien pratiquant ", M. Gilbert Norrell , possède une grande collection de « livres de magie " , et qu'il a passé des années à les acheter pour les garder hors de portée des autres. Ils le convoquent à Londres pour officier à la Cour et aider l'Angleterre à gagner la guerre contre Napoléon (assez surréaliste ce passage où par magie il crée une flotte de vaisseaux de guerre)
À Londres, Mr Norrell rencontre un magicien de rue qui lui rapporte une prophétie concernant un esclave sans nom et deux magiciens en Angleterre. Norrell n'y croit pas. Ce magicien de rue rencontre plus tard Jonathan Strange, et lui révèle la même prophétie, l'incitant à devenir l'élève de Norrell.
Au début amis, le Maître et l'élève, vont éblouir l'Angleterre et l'Europe de leurs exploits. Mais Mr Norrell va faire une erreur qui réveillera un redoutable adversaire immortel …..
Strange arrivera à sauver les victimes de l'erreur de Norrell mais il s'ensuivra une inimitié entre les 2 hommes dont les convictions divergent de plus en plus. Ils se combattront pour le contrôle de la magie l'un par vengeance et l'autre par soif de connaissance.
Raconté comme cela, cela a l'air d'un roman de gare (no offense intended here) mais c'est un livre assez difficile à lire qui se rapproche des grands romans épiques tels que la littérature anglaise a pu nous habituer
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Ce gros pavé de plus de 800 pages nous entraîne dans l'Angleterre en guerre contre la France au début des années 1800.

L'arme des anglais n'est rien de moins que la magie.
En effet, le royaume a fait appel à deux magiciens, lesquels ne tarderont pas à s'affronter eux-mêmes dans une lutte de pouvoir impitoyable.

Extrêmement dense, ce roman est un vrai plaisir dans lequel on se perd avec délectation, comme happé par on ne sait quel sortilège...
Lien : http://soeursdouees.canalblo..
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