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3,61

sur 640 notes
Ça m'a pris un mois et demi pour venir à bout de ce pavé de plus de mille pages – non pas parce que c'était ennuyeux ou pénible, au contraire : je trouvais ce roman tellement bon que j'ai préféré le savourer par petits bouts plutôt que de dévorer trop vite des kilomètres de pages, au risque de développer une indigestion.

Nous sommes au début du 19è siècle, dans une Angleterre uchronique où la magie, après un âge d'or médiéval, n'est aujourd'hui plus qu'un objet d'études pour les théoriciens. Jusqu'à ce qu'arrive Mr. Norrell, vieil homme misanthrope qui déclare pratiquer la magie et veut l'utiliser pour aider le gouvernement englué dans les guerres napoléoniennes. Or, ses méthodes pour « restaurer la magie en Angleterre » sont assez déconcertantes… C'est là qu'apparaît un autre magicien, le jeune et brillant Jonathan Strange, que Mr. Norrell prend aussitôt pour élève.

J'avais presque oublié, avant de m'attaquer à ce roman, à quel point j'aime les narrateurs omniscients bien utilisés. Ce que l'on perd en proximité avec les personnages, on le regagne en verve, avec une plume qui rappelle un peu les canons du 19e siècle sans y perdre en fluidité, un regard tendrement railleur sur les personnages et un humour sous-jacent présent à chaque page et à chaque note de page. Car oui, le roman est truffé de très longues notes de bas de page qui font partie intégrante de la narration et se révèlent aussi divertissantes qu'instructives.

Plutôt que l'histoire de la rivalité entre deux magiciens, ce roman se présente comme un portrait fluctuant de la magie anglaise, de sa disparition progressive et de sa réapparition tonitruante. Aussi ne faut-il pas avoir peur de se perdre dans les apparentes digressions qui, en fait, ne font qu'enrichir la mythologie de l'histoire. On peut également s'amuser à repérer les multiples références historiques et la manière dont celles-ci s'entrelacent avec l'aspect fantasy du roman. L'autrice joue aussi beaucoup sur l'ironie dramatique (le fait que le lecteur sache des choses que les personnages ne savent pas, du moins pour certains d'entre eux), un procédé également au coeur de Piranèse, son autre roman.

Un long et excellent moment de lecture!
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Well, well, well… L'année commence bien. Après avoir été bluffée par L'ombre du Vent en Décembre, je suis époustouflée par Jonathan Strange et Mr Norrell en cette fin de Janvier. J'ai bien envie de dire qu'il mérite une place dans mon top 10, mais comme je l'ai dit il y a moins d'un mois pour un autre livre, vous allez penser que je suis trop influençable et change bien trop souvent les livres de mon top 10. Non, non, que nenni (comme dirait Jonathan Strange, mais je vous en reparlerai plus tard). Je suis juste très chanceuse ! J'ai découvert de très grands livres ces deux derniers mois.

A tous ceux qui sont encore hésitants à se lancer dans la lecture de ce pavé de plus de 1000 pages, voici ma recommandation : lisez-le, les pages se tournent à une vitesse folle. le style recherché et so british est un vrai plaisir et on ne sent pas une seule fois de moments de creux. L'intrigue est menée de main de maitre. 10 ans à bosser dessus et ça se ressent !

A tous ceux qui hésitent car ça parle de magie et les histoires de fantasy avec des magiciens, depuis l'ère Harry Potter, on en a marre : lisez-le. La magie est bien sûr au centre de cette histoire mais est bien plus subtile que dans de nombreux autres livres fantastiques, et j'ose le dire, plus réelle et palpable. On y croirait presque.

A tous ceux qui aiment Jane Austen, Oscar Wilde et Lord Byron : lisez-le. le style est un concentré des deux premiers, mixés avec ingéniosité. On y retrouve même leur humour subtil. Quant au dernier, le cher poète anglais fait une apparition hilarante, tout comme Lord Wellington et George III d'Angleterre.

L'histoire se déroule en Angleterre à l'époque Georgienne, c'est-à-dire au temps de Jane Austen et Lord Byron (ce qui explique certaines particularités du livre énoncées plus tôt…). La magie a désertée l'Angleterre depuis plus de 200 ans. le livre conte les aventures des 2 derniers magiciens anglais : Mr Norrell et Jonathan Strange, vous vous en doutez. Ils oeuvrent pour redonner à la magie anglaise toute sa grandeur d'autrefois. Alors que le vieux et ennuyeux Mr. Norrell est plutôt un homme d'étude frileux, le jeune et affable Jonathan Strange, son élève, est beaucoup plus aventureux. Peut-être même un peu trop. Et malgré les mises en garde de Mr Norrell, il s'aventurera sur un chemin où le lien entre magie blanche et noire est bien mince. Ce qu'il ne sait pas c'est que ce chemin, son maitre, l'a déjà emprunté par le passé ce qui aura beaucoup plus d'impact qu'aucun des deux ne le soupçonnent…

Si ce petit résumé ne vous émeut pas plus que ça et n'éveille aucune curiosité, je n'ai pas donné mon dernier mot.

Loin d'être un roman de fantasy classique, relatant les aventures de magiciens talentueux et leur lutte contre un esprit malveillant, JS&MN dépeint un monde on ne peut plus british. Lords, gentleman, bals mondains, pot de vin et guerres napoléoniennes sont monnaie courante et peuplent l'univers de JSMN. Les apparitions de personnages réels et d'événements connus de tous (la bataille de Waterloo par exemple) font que le monde dépeint par Susanna Clarke crie de vérité. Les personnages, magiciens ou non, sont faillibles, loin des d'être des surhommes, dont les désirs, les peurs et les contraintes sont les mêmes que n'importe quelle personne de cette époque. Et le style d'écriture, se rapprochant des auteurs de l'époque ne fait que renforcer cette impression. Un vrai plaisir à lire.

Les dernières 200 pages sont justes grandioses ! Mes préférés, à n'en pas douter. Car arrive dans ces pages tout ce qu'on a espéré tout au long du roman.

Si vous n'aimez pas la fantasy, ce livre pourrait vous la faire aimer pour la simple et bonne raison qu'on n'a pas l'impression de lire de la fantasy. En un mot comme en cent : si vous aimez la bonne littérature (anglaise), plongez-vous dans cet univers.
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« Jonathan Strange et Mr Norell » est précédé d'une très bonne réputation. C'est peu de le dire. Récipiendaire de plusieurs prix prestigieux et auréolé d'un succès public et critique considérable, le roman de Susanna Clarke a fait l'unanimité, ou presque. J'ai toujours tendance à me méfier de ces phénomènes littéraires alors, même si l'argument me plaisait, j'hésitais à me lancer dans cette lecture. Et le fait qu'il s'agisse d'une brique de plus de 1000 pages ne faisait qu'accentuer ma réticence. Finalement, j'ai fini par m'y atteler. Si le roman n'est pas parfait, il s'avère une franche réussite que je ne regrette absolument pas.

Il y a bien des longueurs dans le roman de Clarke qui aurait mérité des coupes franches. le roman aurait gagné à perdre une bonne centaine de pages, voire plus. 1100 pages c'est trop et le récit n'évite pas quelques passages de ventre mou pendant lesquels j'ai trouvé le temps long. Mais, paradoxalement, ce défaut m'est apparu également comme une qualité. En effet, je trouve que trop de romans peinent à installer un univers tant ils se dépêchent d'aller dans l'action. Au contraire, l'auteure prend son temps pour donner vie à un univers riche et fouillé. le world building est vraiment le point fort du roman. Mélangeant subtilement récit historique, fantasy et roman victorien avec une touche de gothique, « Jonathan Strange et Mr Norell » offre dépaysement et émerveillement. L'écriture de Clarke est à l'avenant, fluide, élégante, la dame écrit très bien. Les personnages sont un peu moins réussis que le world building. S'ils sont bien caractérisés, crédibles et vivants, j'ai trouvé qu'ils ne parvenaient pas à susciter de l'affection. Ceci dit, cette faiblesse ne m'a pas dérangée tant j'ai été séduite par l'univers imaginé par Clarke. de plus, si le récit n'a pas un rythme trépidant et s'il prend son temps, il réserve tout de même son lot de péripéties et d'aventures, notamment en inscrivant son caractère surnaturel dans un contexte historique très plaisant et en déployant de jolies trouvailles.

« Jonathan Strange et Mr Norell » n'est pas un roman parfait mais il mérite bien le concert de louanges reçu. Si la lecture de ce pavé n'est pas toujours facile, du fait de sa longueur, ça vaut la peine de ressentir quelques petits moments d'ennui tant il est agréable de se promener dans un univers si enthousiasmant.
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J'ai ce roman dans ma pal depuis un petit moment mais j'en retardais toujours la lecture car c'est quand même un pavé de 1000p. La pioche de Flaubauski pour Juin aide un peu mais arrivé à un moment où je n'ai que des pavés, il m'a bien fallu choisir. J'ai pris le pire en espérant passer un excellent moment avec.

Je précise que je possède l'édition poche car il y a un point qui a tendance à m'énerver chez certain.e.s auteur.e.s, ce sont les notes de fin de pages surtout quand elles sont nombreuses et importantes. Là, ce n'est pas peu dire, certaines empiètent tellement sur la page qu'il n'y a que le tiers du haut pour l'histoire. D'autant plus que les notes sont pour la plupart le fruit de l'imagination de l'auteure. N'étant pas fan de ces notes, je n'en lis que la moitié et encore. Je me suis surprise au bout de 40p de lire tout en pensant à tout autre chose, chose que je ne fais jamais… En relisant le résumé et l'avis du Time Magazine, je me suis fais la réflexion que je m'étais encore trompée dans mes lectures. Je ne suis pas fan de Tolkien (n'ayant fini que Bilbo) ni de Jane Austen, donc… Bon ben c'est dommage pour moi mais je n'ai pas du tout accroché ni au style littéraire ni à l'histoire. Je pensais trouver un roman sur la magie mais je n'ai eu que des érudits qui ne parlent que pour ne rien dire. Qu'est-ce que je m'ennuyais… C'est plat et insipide. J'ai malgré tout essayé d'en lire plus en diagonale mais aucun passage n'a réussi à ressusciter mon envie de découverte pour cette histoire.

Comme vous l'aurez compris, ce roman a été une déception pour ma part et il a été abandonné au bout de 70p. J'en attendais peut-être trop ou j'avais mal lu le résumé, ça revient au même. Si vous préférez les longues descriptions aux faits, je vous conseille néanmoins de le découvrir pour vous en faire votre propre avis d'autant plus qu'il a reçu deux prix.

Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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C'est écrit sur la couverture du livre "a novel"... dites plutôt "un pavé" de presque 1 000 pages en version numérique. Je vous laisse imaginer le livre papier ;)
Bon, ce livre, je vous en avais déjà parlé il y a pas mal de temps quand je l'ai commencé.. (presque 2 mois) et je l'ai terminé récemment.

Que dire ?
Début de l'histoire prometteur avec une Angleterre qui redécouvre la magie au travers de deux personnages aux antipodes l'un de l'autre : Mr Norrell qui est pour un usage strictement académique de la magie (voire s'il pouvait être le seul magicien, il serait content ) et, Jonathan Strange qui souhaite restaurer la magie et la partager le plus possible. Bref, début super prometteur comme je le signalais, mais.... très vite, on tourne en rond, on a droit à des pans entiers du roman sans grand intérêt où les personnages tournent également en rond. Les descriptions, les événements bénins.... vous avez droit à tout.... je ne vous parle même pas des notes en bas de page (plus de 250 donc certaines sont quasiment des sections entières du livre)
Le pire, vous vous dites... oki le début prometteur.. et la fin, elle est comment ?
Réponse : sans queue ni tête
Sérieusement, la fin est tellement alambiquée avec une fin idiote, soporifique, sans grand intérêt... Vous refermez le livre et vous n'avez qu'une envie.... vous demandez "POURQUOI J'AI PASSÉ DES HEURES SUR CE LIVRE ????"



Éviter ce livre... Si nous devions trouver un point positif à ce livre, il est fait pour les détracteurs des livres numériques

Si vous avez envie de le lire (je compatis par avance ), préférez la version papier. J'ai passé un temps fou à surfer sur ma liseuse entre le livre et les notes de bas de pages.... Sérieusement, la lecture la moins agréable depuis longtemps d'un point de vue confort.

Si nous devions trouver un point positif à ce livre, il est fait pour les détracteurs des livres numériques.
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J'ai eu envie de lire ce livre parce qu'il a obtenu le prix Hugo, une référence dans les littératures de l'imaginaire. Et en fin de compte… « j'ai vu, j'ai lu, j'ai vaincu ! »… J'ai eu tant de mal à le finir !

Le roman débute en 1806, dans une Angleterre où la magie aurait disparu plusieurs siècles auparavant… Mais non, car le pays découvre peu à peu l'existence de Mr Norrell, un magicien âgé talentueux, mais ennuyeux et désireux de garder les secrets de son art. Malgré tout, Mr Novell réussit à convaincre le ministre des Affaires Étrangères de l'impliquer dans les guerres napoléoniennes, en lui prouvant ses capacités : il ressuscite la jeune fiancée du ministre. le lecteur devine que ce type de magie ne sera pas sans conséquence.

Peu de temps après, Mr Norrell constate à son grand désarroi qu'il existe un autre brillant magicien, jeune et souhaitant en savoir davantage : Jonathan Strange. Ce dernier apprendra beaucoup de Mr Norrell, avant de s'éloigner de cet homme qui aspire à garder secrets bien des aspects de la magie.

L'auteur a repris le style de Jane Austen pour dessiner les caractères des divers personnages de son roman, avec une plume ironique. Mais n'est pas Jane Austen qui veut : au bout de quelques centaines de pages cette imitation devient lassante, parce que ce roman est un pavé de plus de 1 100 pages !

En plus, l'auteur a décrit dans le détail son univers et le passé de la magie en Angleterre, principalement par le biais de longues notes de bas de page. On finit par avoir un roman de Fantasy magique imbriqué dans un simili-Silmarillion artificiel, parce que beaucoup trop appuyé et se perdant dans des détails insignifiants. C'est dommage, car « trop c'est trop ». À plusieurs moments, j'ai dû me forcer pour reprendre la lecture et continuer. Il faut souffrir maints digressions ou événements sans conséquence pour avancer dans le récit.

Il n'empêche que l'histoire est distrayante, que la multitude de personnages est amusante à suivre, et que certains thèmes abordés sont bien vus, comme l'importance des livres pour la transmission du savoir. L'évolution des protagonistes est pertinente, mais elle n'a pas suffi à maintenir mon intérêt.

J'aurais aimé plus aimer ce livre, mais l'auteur n'a pas trouvé l'art de poser le cadre de son univers simplement. Quand on écrit un pavé, il faut pouvoir tenir le lecteur en haleine, et non pas être dans un système si répétitif et s'enliser dans son histoire !

Challenge Livre Historique 2019

Lien : https://feygirl.home.blog/20..
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Comme beaucoup de lecteurs, j'ai entendu parler de ce roman bien avant sa traduction française. Considéré comme un phénomène littéraire, traitant essentiellement de magiciens et à une époque passée, voilà qui ne pouvait que me plaire.
J'ai donc lu le roman en anglais. Enfin une moitié seulement car ma progression était des plus laborieuses et considérablement ralentie par les notes de bas de page. Je l'ai donc mis de côté en attendant patiemment la sortie française. Cette fois, lecture intégrale...

Certes, les notes de bas de page (qui occupent parfois la page en entier !) ralentissent le rythme de lecture, elles sont néanmoins intéressantes et presque indispensables au récit.

L'histoire est originale, les qualités littéraires du roman indéniables et je me suis rapidement laissée entraînée par les deux personnages clés du livre. Mr Norrell est un magicien qui souhaite rétablir la magie anglaise, Jonathan Strange, son disciple, plus ambitieux, va quelque peu chambouler les plans trop sages du vieux maître.
Je suis d'accord avec la plupart des critiques qui clament que le livre a le parfum des oeuvres de Jane Austen, que c'est également un livre d'aventures et un roman fantastique. La seule chose qui m'agace, c'est la critique du Times Magazine qui n'hésite pas à comparer l'oeuvre de Clarke avec celle de Tolkien. C'est aller un peu vite en besogne...
Certes on y parle de magiciens, du côté obscur de la Force, et même d'anneaux du pouvoir (très brièvement) mais la comparaison s'arrête là.
Le roman évoque aussi bien l'univers de Jane Austen, par la foule de détails sur la vie de la petite noblesse anglaise, que celui de Stevenson. Il y a du Dr Jekyll et Mr Hyde chez Strange et Norrell qui représentent les deux faces d'une même pièce. En revanche, je peux comprendre la déception de ceux qui pensaient lire un livre de Fantasy.
La légende du roi Corbeau qui domine jusqu'à présent est issue à la fois du folklore anglais et de la mythologie nordique, où le corbeau est le messager des morts. Pas de lutin ou de fée éthérée, pas d'elfe non plus ou de gnomes mais des serviteurs du roi corbeau semblables à des fantômes et des lieux empreints de magie noire qui donnent une atmosphère parfois lugubre au roman. Pas de duels de magiciens (enfin pour l'instant), pas de dragon à combattre...

Alors, que dire de cet événement de la littérature de fantasy. D'abord que cela reste une bonne surprise. Les personnages secondaires, je pense notamment à Childermass, Vinculus, sont pour certains très attachants alors que d'autres sont un peu sous-exploités, comme Stephen Black. J'ai bien aimé aussi la personnalité de Wellington.
Les scènes que j'ai préférées sont sans conteste lorsque Strange accompagne l'armée pour tenter de contrer l'ennemi français. La période que Strange passe à Venise est un peu longue à mon goût, ainsi que toutes les scènes relatives au château des Illusions-Perdues qui sont les moins intéressantes à mes yeux, et j'avoue avoir lu en diagonale la plupart des notes après la seconde moitié du roman. Cette seconde moitié justement est plus fertile en rebondissements et il y a nettement plus d'action. Mais c'est vrai que le lecteur doit se montrer patient car le rythme du récit est tout de même très lent.
Le fait d'avoir choisi le règne du roi Georges (celui qui est devenu fou), d'avoir pris comme principe que la magie a toujours fait partie de la vie anglaise, voilà qui ôte quand même une bonne part de merveilleux. car après tout, la vie de ces deux gentlemen est plutôt ordinaire, même si vers la fin, leurs pouvoirs sont cause de gros chamboulements.
Les deux magiciens se ressemblent finalement beaucoup. Norrell, frileux, maniaque, égoïste et conservateur est le plus antipathique. Mais Strange est tout aussi égoïste. Ambitieux en revanche, plus jeune et marié à une délicieuse épouse, ce qui probablement lui épargne de posséder les mêmes travers que Norrell. le roi Corbeau quant à lui fait une apparition éclair bienvenue mais trop courte, évidemment... J'aurai aimé plus de noirceur et de poésie, et des dragons aussi.
Je suis restée sur ma faim, avouons-le et beaucoup de choses restent en suspens à la fin du livre. Cela laisse donc supposer une suite ? Par ailleurs, sur le site de l'éditeur français, il est indiqué que les droits pour l'adaptation cinématographique ont déjà été achetés. On peut en faire un bon film sans aucun doute, à condition de ne pas avoir peur de raccourcir énormément.

En tout cas, les bonnes idées ne manquent pas dans ce roman qui a su se démarquer des habituelles histoires de magiciens. A lire pour ceux qui aiment la magie, les livres anciens, les bibliothèques cosy, l'univers de Jane Austen et Londres sous la pluie !
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Dans le domaine du l'uchronie fantastique – domaine dont je suis très friande comme peuvent en témoigner mes critiques précédentes – « Jonathan Strange et Mr Norrel » est indubitablement un roman qui fera date ! Brillant, subtil, joliment écrit, inventif, bourré d'humour british et d'idées ingénieuses, il a tout pour séduire autant les amateurs de fantastique que ceux d'Histoire Moderne. Si sa lecture n'a pas été un coup de coeur intégral, je n'en sors pas moins séduite et tout à fait disposée à vous faire partager mon contentement. Voyez plutôt :

Nous sommes en 1806 et la situation n'est guère brillante en Angleterre : la guerre va mal, l'effroyable empereur français Napoléon dévore tout ce qui bouge, les ministres sont débordés, la flotte en déroute, la population ulcérée… Horrible et scandaleuse situation ! Il fut pourtant un temps où de telles choses n'auraient jamais été permises : un temps où l'Angleterre et les Royaumes des Fées étaient voisins et alliés sous le règne bienveillant du Roi Corbeau (un avatar du Roi Arthur à mon avis), où la magie imprégnait chaque roche et chaque feuille de la Grande Bretagne et où de puissants sorciers arpentaient ses routes et ses chemins de campagne. Las, ces temps-là sont révolus depuis belle lurette et, en ce peu glorieux début du XIXe siècle, on ne trouve pas plus de magie en Angleterre qu'en France, en Italie ou dans d'autres pays arriérés du même type.

Mais, comme chacun le sait, c'est quand on n'attend plus le sauveur qu'il finit par apparaître. Au fin fond du Yorkshire, un obscur gentleman, Mr Norrel, fait soudain parler de lui. Il ne paye pas de mine, ce bon Mr Norrel… C'est un petit homme peu bavard, renfermé sur lui-même, effacé, bougon, ennuyeux à mourir ; mais ce petit homme a une particularité de taille : il pratique de la VRAIE magie ! Une magie comme on n'en a pas vu dans le pays depuis trois siècles au moins, de celle capable d'inverser le cours des rivières, de transporter des villes entières d'un bout à l'autre du monde et – au grand contentement de ces bons lords du gouvernement –de mettre en déroute les armées des ignobles français (z'avez remarqué ? J'adoooore accoler les termes « effroyables », « arriérés » et « ignobles » à « français »).

Et comme un miracle n'arrive jamais seul, voici qu'un autre magicien surgit brusquement du néant : un certain Jonathan Strange, plus jeune, plus sanguin, plus fougueux, mais tout aussi décidé que son vieillissant collègue à restaurer la puissance de la magie anglaise. A eux deux, que ne sauraient-ils entreprendre ? Mais encore faudrait-il qu'ils sachent s'allier, car nos deux magiciens sont très orgueilleux et de tempéraments fort contraires et s'ils en venaient à s'affronter, leur lutte pourrait sonner la perte de la nation britannique tout entière…

Subtil mélange de récit historique, de roman fantastique, de conte philosophique et d'hommage à la littérature romantique anglaise, « Jonathan Strange et Mr Norrel » n'est pas de ces romans qui se dévorent à toute vitesse, mais de ceux qui se savourent page après page. Ici, pas de tonitruants duels pyrotechniques, pas de dragons ou autres monstres rugissants, mais une lente immersion dans un univers enchanteur et foisonnant, une délicieuse relecture de la mythologie celtique si populaire en Grande Bretagne. Certes, le rythme du récit peut parfois sembler un peu lent (en grande partie du fait des nombreux contes, anecdotes et extraits de biographies fictives que l'auteur intercale dans le fil de son intrigue), mais ce défaut reste très mineur à mes yeux, tant le monde créé par Susanna Clarke séduit par son authenticité et son ingéniosité. L'ensemble donne un récit étrange, un peu déroutant, mais aussi extrêmement riche et prenant et que l'on ne quitte qu'à regret. Une très charmante découverte !
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Début XIXéme, l'Angleterre fait la guerre à l'Empereur NAPOLEON sans que les membres des clubs ne perdent leur si britannique flegme. Dans certains de ces salons privés on parle de magie... Mais attention, si entre gentlemen on évoque les illustres magiciens qui ont émaillés l'histoire de la Grande-Bretagne, si on s'essaye à l'exégèse de leurs écrits et si on compose leur biographie, on ne pratique pas. Cela ne se fait pas pour des personnes bien nées... Cela ne se fait plus depuis 300 ans... Or un dénommé Mr Norrel s'est mis en tête de réhabiliter la magie anglaise. Et quel meilleur moyen pour inaugurer cette noble entreprise que de commencer par ramener à la vie la jeune et belle promise d'un influent membre du gouvernement. Il sera ensuite temps de se faire guider dans la bonne société londonienne, de s'occuper de la guerre et de prendre pour élève ce si doué jeune homme qu'est Jonathan Strange...

Vous qui à cet instant lisez cette chronique je me dois dés à présent de vous mettre en garde contre les nombreux dangers de cet ouvrage...

Il me faut d'abord vous mettre en garde contre son quatrième de couverture. Car le résumé qui y est proposé me paraît ne pas rendre justice à la subtilité de l'oeuvre. On est en effet à milles lieux de la classique confrontation entre un maître bienveillant et un élève impatient de posséder de puissants pouvoirs qui se détournerait vers des voies obscures.

Il me faut aussi vous mettre en garde contre le style de l'ouvrage. Bien que certains d'entre vous aient l'esprit assez aiguisé pour résister à cet obstacle. J'ai personnellement tendance à aimer les récits vifs et enlevés ; " légers " dans tous les sens du terme même le plus péjoratif. J'ai eu ici quelques difficultés à avancer dans le récit. Certes le style colle parfaitement à l'intrigue qu'il présente. Je le qualifierai personnellement de " sénatorial " : d'un langage des plus recherché, parfait contrepoint à la société anglaise du XIXéme qu'il dépeint, mais qui porte en son sein une tendance à la digression, à une lenteur dans l'exposition qui n'est pas sans rappeler ces vieux messieurs de notre haute assemblée.

Enfin, il me faut vous avertir contre le pire de tous les dangers de ce livre. Si vous ne pouvez résister au deux précédents écueils que je vous ai présentés vous passerez à côté d'une intrigue riche, subtile qui prend le temps qui lui est nécessaire pour se déployer, prés de 600 des 850 pages qui la compose, avant de vous mener tambour battant vers une grande et belle conclusion comme il m'a rarement été donné de lire.

Courage, résistez, cela en vaut à mon humble avis largement la peine !


Lien : http://emaginaire.canalblog...
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L'enfer est paraît-il pavé de bonnes intentions, quel était le dessein de Susanna Clarke en nous infligeant celui-ci que je prends le risque de jeter dans la mare de ses admirateurs.
Peut-être faut-il y voir une tentative pour réconcilier les amoureux de la culture et ceux qui ne la conçoivent que physique?
Je dispose de l'édition française au format royal qui pèse un âne mort, pas très pratique à lire au lit même à deux mains.

Plus sérieusement, la longueur de la prose n'est jamais un élément rédhibitoire pour moi, si j'insiste un peu lourdement à ce propos c'est que, refermant le livre et paraphrasant Claude Lelouch, je me suis intérieurement exclamé : " tout ça pour ça " !
Car je me suis copieusement ennuyé durant les quatre ou cinq cents premières pages et si j'ai moins subit la suite il n'y avait rien là de particulièrement édifiant.

Alors, si j'en crois le quatrième de couverture, le livre a reçu quelques prix, il a été traduit en plus de 15 langues et il a connu un énorme succès public. C'est heureux pour l'auteur, son éditeur et leur banquier.
Il a même su séduire Time Magazine et le Washington Post qui se sont fendus de critiques dithyrambiques à grands renforts de références à Tolkien et Jane Austen.
Merci les gars.
De Tolkien, je n'ai pas tout lu mais la comparaison me laisse dubitatif, quant à Jane Austen j'utiliserai mon joker car j'avoue humblement ne pas l'avoir encore lue.

Je n'ai rien contre le pastiche quand il est au service des idées, il peut être amusant si l'exercice reste court mais il devient fastidieux quand le forme phagocyte l'oeuvre noyant le fond dans un interminable ronronnement à la manière de.

Ajoutons à ça, pour un lecteur non anglophone, la problématique de la traduction, à la fois des classiques et du présent ouvrage. Sans accabler les traducteurs, les références et clins d'oeil à la littérature Anglaise sont moins perceptibles pour qui ne lit pas la langue d'origine.

On vous aura prévenu
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