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Embarquement immédiat pour le crash, aucune issue de secours, premier accident de parcours.

« Au commencement était l'accident »

« Adieu le repos et adieu la lecture du journal au café, la serveuse aux talons qui cliquent ne viendra plus, le café dans la tasse jamais ne tiédira, il n'y aura pas de jour de marché, pas de baiser sous les lampions, vous avez choisi la route, or la mort fait de l'auto-stop, et son pouce est le pieu sur lequel s'empaler. »

Il travaille pour un fabricant de voitures au département des crash-tests- appelons-le Robert pour faciliter les choses - il teste la résistance des habitacles en se servant de cadavres. Ses journées se résument à mettre en scène des collisions, reproduire les conditions du crash et anticiper le désastre. Quelques secondes à peine et c'est le choc, la seconde immobile où tout bascule, quand le corps absorbe la vitesse de l'impact. Un verre de trop, un moment d'inattention, l'endormissement, une erreur de jugement, une distraction. le pressentiment n'est pas venu à bout de l'inévitable ni à stopper l'impossible. Mais à force de voir chaque jour des crânes en bouillie passer à travers les pare-brises, Robert finit par déraper sur l'autoroute de la folie, il parle aux cadavres comme d'autres se parlent à eux-mêmes. Il est le témoin premier de son propre crash…

**********

Nuit de sexe sous projecteurs, strip-tease et dérapage, deuxième accident de parcours.

« Au commencement était l'accident »

« Appelons-la Melody Bubbles et n'en parlons plus. Ou plutôt ne parlons plus que d'elle, de ses dehors et dessous, du faux ciel qu'elle suscitait d'une arabesque de la main, une corde nouée en travers de ses seins dont elle mordillait le noeud intensément gordien, mimant l'Ève hésitante puis la dompteuse inassouvie, changeant de rôles avec la lumière. »

Elle travaille dans une boîte de nuit, de celles qui affichent les couleurs du sexe dans la souillure de néons rouges clignotants. Melody Bubbles entre en scène, les projecteurs s'allument. Elle se déhanche au rythme d'une musique érotique, l'évangile tatoué sur l'omoplate gauche, pulpeuse, les seins qui pointent vers le ciel et la jambe allongée sur son tabouret. Langoureuse… Une meute de loups affamés de chair fraîche vient se distraire d'un trop plein de monotonie à travers une érection aussi éphémère que leur couple qui bat de l'aile. Mais ce soir, Melody joue la grande prestation, le rôle de la femme-objet dans un corps de femme blessée. Elle s'est créé une fausse identité pour donner un sens à sa vie, se sentir exister, désirée. le crash a eu lieu à l'été 69, à New York. C'est là que tout a commencé, que le sexe est né. Il est né du choc, d'une mâchoire brisée contre un pare-brise. Puis de Chuck, une brute à pendre par les couilles, un bourreau, une bête, un sale violeur. Au commencement était l'accident. Et ensuite la luxure, la révolte, la colère…

**********

Porn story, branlette, fumette et liberté, troisième accident de parcours.

« Au commencement était l'accident »

« La verge mobile, l'oeil plissé tel un brigand d'autrefois, il marmonne les incantations qui font vagir les croupes et saillir les mamelons, marmonne et chante à fond de gorge la rengaine du foutre qu'expulsent rythmiquement glottes et glands voraces, distillant aux hétaïres de son harem mental les sésames du plaisir »

Il a 13 ans et demi et ne manque aucune occasion de se masturber – appelons-le Bob pour faciliter les choses. Dans l'intimité de sa chambre, seul sous les draps poisseux, ils tripotent les femmes qui s'offrent à lui sur le papier glacé des revues pornos. Il éjacule son besoin d'exister. Bob découvre les possibilités du plaisir en même temps que la honte. Mais le prix à payer pour jouir est nettement aussi satisfaisant que son besoin d'échapper à ses parents. Il recherche l'amour dans le buzz de ses premiers joints. Il vomit son trop plein d'alcool et ses amours de passage. Ce jeune en mal de vivre crache un liquide libérateur dans les entrailles d'un kleenex qui finira au fond d'une poubelle. Il s'en est fallu de peu pour que ce soit sa vie qui tombe dans le dernier caniveau. Au commencement il y a eu le crash, le crash familial…

Pour un premier rendez-vous avec Claro, j'ai été complètement charmée par sa manière de rendre compte d'une société malade et laissée à elle-même, solitaire, affamée d'illusions, où personne n'est à l'abri d'un certain dérapage. Crash-test, porn story et strip-tease, des histoires de corps fragilisés, meurtris par les accidents plus ou moins grands de la vie.

Un grand merci au Bison qui m'a fait découvrir Claro le jour de mes 25 printemps :D

Se délectant de sa Delirium Tremens extra mousse, « Tous les diamants du ciel » l'ont amené aussi loin que le regard 5 étoiles de Lucy…

Crash-test, ou comment foutre sa vie en l'air
Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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alors là, c'est bizarre!!!!
Tout est bizarre : le choix des personnages, ou plutôt du personnage, le style, la mise en page/en forme... J'avoue, j'ai craqué à la page 70 -) Pas que je ne l'ai pas trouvé intéressant, hein, mais je ne suis pas du tout, du tout, rentrée dedans!
Les mots sont une chanson qui grince ; ils imitent (et dans la mise en page aussi) le décor extérieur, le bruit des machines, voire même, par différentes typographies, l'état d'esprit du personnage. C'est assez impressionnant. Et en même temps c'est assez hermétique, parce que c'est un univers très entier, très construit.
A réessayer plus tard, peut être...
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Éros et Thanatos asservis par Mammon dans le fracas feutré des tôles froissées et des corps asservis que rien ne sauve.

Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/08/17/note-de-lecture-crash-test-claro/

Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Voilà un des romans les plus originaux que j'aie lus cette année 2015... et j'ai pourtant lu le manuscrit d'une chère amie qui ne devrait pas manquer de faire du bruit quand il sera publié... C'est une libraire qui me l'a conseillé quand je suis passée, cherchant un livre pour mon "Défi éclectique" dont une des catégories devait être "roman de la rentrée".

Le premier #1 est particulièrement virtuose, qui compare la naissance au premier crash. L'auteur affecte ensuite de faire un exposé technique sur la place du crash ou du crash-test dans l'économie automobile, (...)

Cf. suite de cette note de lecture sur mon blog, avec liens valides.
Lien : http://aufildesimages.canalb..
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J'ai abandonné, trop compliqué pour moi de trouver la trame, la réflexion.
Je n'ai pas survécu au crash test, pourtant au début j'avais bien aimé le jeu avec la calligraphie, les lots mais ensuite .... perdu .. ai pas trouvé le mode d'emploi
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Lorsque j'ai ouvert les pages de Crash-test et que j'ai vu cette mise en page unique, je me suis dit que c'était l'occasion de lire Claro, cet auteur français que je croyais espagnol.

Le style formel s'appuie sur une prose inventive et inspirée qui nous raconte 3 histoires qui ont pour point commun, le corps. 3 histoires séparées, c'est aussi et forcement un manque d'unité romanesque dans la lecture. J'ai une tendance à considérer un livre (objet comme une entité indivisible). du coup, pour Crash-test, il me manque un peu plus de liant. C'est dommage car pour le reste, un régal.

Ce roman de Claro mérite qu'on se pose dessus tant il y a de l'audace littéraire. Il bouscule la littérature blanche que l'on connait. Dans Crash-test, Claro donne à lire une vision de la littérature qui vaut le coup d'être découvert et entendu. Une forme de poésie en prose jalonnée intervention graphique. C'est quand on lit un roman comme celui-là (il y en a-t-il d'autre ?), qu'on se rend compte de tout le potentiel créatif des mots, potentiel trop exploré.

Ces 3 histoires m'ont bien plu, fond et forme, mais c'est à chaque page que j'ai pris du plaisir et pas dans son ensemble. C'est dur à expliquer. En tous cas, 2 des 3 histoires sont plus marquantes et c'est peut-être justement cette 3e qui dilue mon souvenir général. Je crois que définitivement, je préfère la forme du roman à celle de la nouvelle (mais ce ne sont pas des nouvelles).

Dans Crash-test, chaque page est une jouissance littéraire et çà me pousse à lire d'autres romans de Claro, comme celui que j'ai en PAL, Cosmoz par exemple.
Lien : http://livrepoche.fr/crash-t..
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Je ne suis pas arrivé au bout de ce roman (ça m'arrive rarement), mais cela ne veut pas dire que je ne lui trouve pas certaines qualités. le problème c'est que l'auteur fait part de ses réflexions (très noires!) sur notre société au travers d'un style tellement personnel à tout point de vue (langue, place des mots sur la page, police de caractères), qu'il faut être sur la même longueur d'onde que lui pour pouvoir apprécier. Ce n'était vraiment pas mon cas!
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L'auteur nous emmène dans un ersatz du CRASH de Cronenberg où trois êtres perdus dans leurs obsessions se complaisent dans leur exiguïté. Seule la description de la sensation des corps lors de l'imminence de l'accident relève de la poésie et donne de la grandeur à ce roman.
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l'auteur nous tient en haleine. C'est une lecture rapide. Une histoire bien décrite avec de l'action
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« Au commencement était l'accident ». Cet homme travaille depuis août 1972 pour un fabricant d'automobiles. « Il teste la résistance des habitacles, au gré des heures, à l'aide de cadavres ». Il dirige le département crash-test, « une saleté de danse ». Il a fallu se faire à ce drôle de job. Puis sont venus « l'accoutumance, l'acceptation, et sans doute la résignation ». Jusqu'à ce que la discipline intérieure de l'ouvrier se fissure. « Il arrive en retard, accumule les retards, s'enfonce dans l'approximation ». Il prend un congé, atterrit dans une ville dont il ne comprend pas la langue, entre dans un cabaret. Et la voit. Elle est strip-teaseuse, elle était sûrement « autre chose » avant, on ignore son vrai nom et d'où elle vient. Mais elle sait « des tours, et ses gestes formaient dans l'air enfumé des phrases que l'oeil suivait tel un doigt mouillé parcourant des nervures de braille ». Elle s'exhibe face à ces hommes, « elle est là pour leur enseigner qu'ils ne sauront jamais rien d'elle ». Ils s'en fichent, ces hommes, « ils ont appris, très tôt, à réduire leurs partenaires à de lascives silhouettes d'encre, à des filles d'encre […] ces filles de papier dont ils peuplent leur verte puberté ». Et en voici un, de ces adolescents reclus dans sa chambre, si fiévreux, feuilletant ses bandes dessinées pour adultes, c'est le personnage du vertigineux nouveau roman de Claro, « Crash-test ».
Pour le garçon, « le monde se fait bacchanale, et son coeur réinventé devient un pouls noueux et violet qui pulse, expire et transpire à chaque page tournée ». L'ouvrier, la femme fatale, l'adolescent. Trilogie de la solitude et d'existences vissées dans le silence. Entre l'humiliation et la colère rentrée, ces trois-là sont empêchés d'aimer, de donner, de grandir. L'histoire éternelle, aussi, de la domination par la violence et le pouvoir. Une nouvelle fois, Claro donne une forme inattendue à son récit. Ses trois héros interviennent par vagues fragmentées, façon de rendre compte du chaos de leurs désirs, de leurs aspirations. Une mise en pièces détachées formidablement maîtrisée, recomposant au final le paysage de
la société soi-disant libérée des années 70, toujours terriblement d'actualité.

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