Non, écoute, petit, pour le moment, on n'est pas à déconner. Ce qu'on prépare, c'est du sérieux. Le tout est de savoir si tu tiens à ta pétrolette ou si tu veux risquer le coup avec nous.
_Si tu n'avais pas peur, fit Gilberte, on serait déjà à la gendarmerie ou bien en route pour Malataverne.
_Non, j'ai pas peur, répéta-t-il. Seulement, les gendarmes, faut pas y compter. Je suis pas un salaud Tu ne me feras pas moucharder des copains.
_Alors, tu sais ce qu'il reste à faire?
Il marchait.
Il n'irait pas avec les autres. Il était libéré de tout. Il n'avait plus qu'à rentrer. Se coucher, attendre.
Il marchait, mais il ne parvenait plus à penser vraiment.
Son pas résonnait en lui. Chaque rafale le prenait, l'étreignait, sifflait à travers lui.
_Tu n'y es pas Comprends-moi, on ne peut pas t'affranchir sans être sûr que tu marches. Tout ce qu'on peut te dire, c'est que c'est du tout cuit. Aucun risque, et la certitude de réussir.
_Alors, dit Robert, si c'est comme ça, pourquoi je ne marcherais pas? Est-ce que vous m'avez déjà vu me dégonfler des fois?
Non, écoute, petit, pour le moment, on n'est pas à déconner. Ce qu'on prépare, c'est du sérieux. Le tout est de savoir si tu tiens à ta pétrolette ou si tu veux risquer le coup avec nous
A la limite du Bois Noir, Christophe s'arrêta. Sans se retourner, le corps incliné et le cou tendu en avant, il fit un geste rapide de sa main ouverte. Les deux autres s'étaient déjà immobilisés à quelques pas derrière lui. Retenant leur souffle, ils l'écoutaient, sans quitter des yeux sa silhouette qui se détachait sur le ciel encore clair.
Sur toute la longueur de l'impasse, il ne restait qu'une seule fenêtre éclairée. A l'extrémité, la lumière de la grand-rue allait et venait selon le vent déplaçant les ombres des maisons.