Zach est un petit garçon de sept ans caractériel, gâté par des parents un peu débordés. Il faut dire que Lisa et Cameron Murdoch maîtrisent mieux l'écriture de thrillers à quatre mains que l'éducation de leur gamin ; quand la mère joue la planificatrice, le père laisse libre cours à son imagination, une association qui fonctionne plutôt pas mal, pour les livres.
Cameron a au fond du cerveau un « Monsieur-Et-Si » qui ne sait envisager que des catastrophes. C'est bien utile sur le papier, plus rarement lorsque son fils disparaît. Fugue à sept ans, le fils prodigue est précoce…
L'inspectrice Rebecca Kent et son nouveau co-équipier Ben Thompson sont chargés de l'enquête.
Ce n'est pas tant la disparition de l'enfant qui intéresse
Paul Cleave que les conséquences directes qu'elle provoque sur le couple que forment ses parents. En suivant l'enquête policière depuis son entame, dans le détail, on assiste au délitement de la relation de Lisa et Cameron. Eux qui passent leurs vies ensemble (ils travaillent conjointement) ne parviennent pas à rester soudés face à l'inquiétante disparition de leur fils. L'auteur traque les mécanismes de la discorde, comment les doutes s'immiscent au coeur des certitudes d'antan, comment il est facile de rejeter les responsabilités sur l'autre, tout en conservant toutefois une forme de légèreté et d'humour dans son récit.
Côté enquête, bien que Rebecca Kent reste totalement impartiale, elle se doit de prendre en compte le fait que les parents sont auteurs de thrillers et qu'ils maîtrisent toutes les « ficelles » qui permettent à un criminel d'échapper à la police.
Cameron, le père, est dans tous ses états. Il se sent soupçonné par la police, accusé de négligence par son épouse, mais surtout il a ce satané « Monsieur-Et-Si » qui sature son esprit en ayant réponse à tout.
Ce que dit Monsieur-Et-Si est très juste.
Très et juste sont mes deuxième et troisième prénoms.
Arrive alors l'acharnement médiatique qui transforme des parents éplorés en criminels potentiels avant de les considérer purement et simplement comme les auteurs d'un infanticide. La spirale infernale…
L'auteur suit une stricte chronologie du récit dont les rebondissements ne sont pas terminés à ce stade. On suit conjointement le père et l'enquêtrice principale qui alternent la narration.
Paul Cleave n'ayant pas la réputation d'être un auteur attiré par la sociologie, il y aura bien sûr quelques retournements de situation qu'il serait préjudiciable de dévoiler ici. L'architecture de l'intrigue confine à l'horlogerie ; le moindre détail s'insère sans coup férir. Tout est prévu pour surprendre le lecteur avec des « horreurs »,
Situé à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, comme l'ensemble de la production de
Paul Cleave,
Sans un Bruit se révèle une agréable lecture apparentée au thriller machiavélique, rythmée par de nombreuses pirouettes parfaitement exécutées, et baignée par les gentils sarcasmes de son narrateur principal. Certains auteurs aiment jouer avec leurs lecteurs,
Paul Cleave fait assurément partie de ceux-là.
Lien :
https://polartnoir.fr/livre...