Paris Brest était déjà pris, alors voilà Paris-Breizh qui a également le mérite de mettre tout de suite dans l'ambiance et d'aller droit au but.
Bleuenn Gourvennec (26 printemps , sosie de Nolween Leroy ) a des ambitions : elle veut monter à la capitale afin de devenir journaliste. [ Et vous admirerez la performance , vu qu'on dit : "monter" alors que techniquement , c'est plutôt descendre... et en biais ...].
Telle Bécassine avant elle [ mais armée d'un téléphone portable et de solides diplômes] , elle va bénéficier du bouche à oreille breton et trouver un stage dans un journal du genre Voici ( en plus "torchon" . du genre qui n'a pas les moyens d'assumer des procés avec des célébrités).
Ses soeurs lui ayant offert un joli cahier , elle va noircir ses pages de toutes ses impressions de provinciale, de tous ses doutes, chagrins, rencontres , espoirs et ambitions. Et ça donne des petits moments de grâce absolue, d'amusement écrits de façon très originale qui n'est pas sans rappeler la fraîcheur d'une Helen Fielding ( Bridget Jones) en son temps.
Galères professionnelles, dichotomie entre sa formation , son éducation (père prof de français), son talent en orthographe et son boulot de "journaliste" occupée à récolter sur le net des ragots de troisième main. Extrême lucidité de l'auteure pour parler des provinciaux qui débarquent à Paris et sont "choqués" par certaines choses, impossibilité d'acquérir la "parisienne-attitude".
De jolis moments que tou(te)s ceux, montés à la capitale, comprendront avec leurs tripes... Et aucun jugement de valeur, aucune "vi(ll)e" n'étant meilleure, juste une question d'habitudes..
De magnifiques moments aussi , extrêmement lucides sur les rencontres amoureuses.
Et les ruptures.
Sobres, poétiques, allant à l'essentiel.
Jolis moments sur la famille qu'on laisse derrière soi pour aller faire sa vie, et sur les "visites" qu'on leur fait. Sur les week-end à la "maison" qui ressourcent ...
C'est un livre que j'ai pris par hasard dans une médiathèque et une très belle surprise, je me suis régalée.
Et maintenant que je sais que Bleuenn ne veut dire ni "Bleue" , ni "Bleuet", mais " Fleur blanche" , j'aurais aimé passer plus de temps en sa compagnie.
[Comment ça, ce n'était qu'un aller simple ? ]
Alors pour la nouvelle année qui s'annonce , j'espère qu' Anne-Sophie Cloarec écrira d'autres histoires car sa plume est vraiment originale...
Challenge Plumes féminines.
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un livre tellement bien vu imaginant le regard d'une bretonne de Paris sur son expérience de vie professionnelle. le regard est à la fois tendre et impitoyable sur soi, à la fois humain et sans compromis et toujours amusé et amusant. le style est très agréable. Un magnifique et prometteur premier ouvrage de la part d'une enseignante finistérienne. Je guetterai son prochain livre avec attention.
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Le personnage principal n'est pas très "breizh" elle n'aime ni les crêperies ni les fest noz !!! mais le livre se lit bien il montre l'intérêt de l'orthographe pour le marché du travail.
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- Et ton amoureux, demande Grand- mère, tu ne l'as pas amené me dire un bon Noël, ton amoureux ?
- C'est plus vraiment mon amoureux...
- C'est plus ton amoureux? ( comme elle est un peu sourde, et refuse pour l'instant de l'admettre, Grand- Mère répète tout ce qu'on dit pour être " bien sûre", c'est un peu pénible, (...).
- Non.
- Il était gentil pourtant...et propre...et bien élevé... Je ne sais pas ce que vous avez tout le temps à changer, vous n' êtes jamais contentes... A mon époque on en prenait un et on devait faire avec... Hein, Yves ?
" Sarah " est un joli prénom, mais ce n'est pas le sien.
Elle doit s'appeler Samia, Aïcha ou Djamila. Ce sont de jolis prénoms aussi.
Dans son open-space à elle, s'appellent-elles toutes Sarah ? Change-t-elle de prénom tous les jours ? S'appelle-t-elle parfois Cindy, Jacqueline ou Lucette ? Combien gagne-t-elle ? 30, 300 ? Je n'en sais rien, mais je sais que ce n'est pas cher payé pour oublier son nom.
Dimanche 3 juin
" JUBILE !" Elizabeth II fête ses 60 ans de règne et la famille royale défile en couleurs acidulées. Comment décident-ils de la couleur attribuée à chacun ? Font-ils des réunions préparatoires ?
- I take the mandarine !
- For me, the vert pomme.
- Why still the vert pomme, you were already wearing the vert pomme at Kate and William wedding !
- Okay nevermind, I accept to take the jaune poussin.
- I take the rouge cardinal !
- And me the bleu lavande !
- For me, the vert crapaud, with orange citrouille shoes.
N'empêche, je ne peux pas saquer les réseaux sociaux, tout y va trop vite et trop connement : l'insulte légère, les procès expéditif, la grammaire fluctuante, l'étalage dégoulinant de bonheurs factices, tout m'insupporte. Je déteste que les gens sachent où je vais, qui je suis, ce que je pense, je ne veux pas mettre de photos de moi, nulle part ; je veux que tout soit secret. Dois-je consulter ?
Gwen m'a dit que tu pars à Paris... Putain, c'est triste d' être obligée de partir... Les gens, ils devraient pouvoir bosser au pays ! Putain , ça fait des siècles que ça dure... La Bretagne, elle est dépouillée, à la fin... Si tout le monde s'en va, il reste qui ? Sérieux... Il reste qui ? Des glands , comme nous...