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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un grand classique, aussi bien le film de Terry Zwigoff avec Steve Buscemi et Thora Birch que la bande dessinée, dont la fin m'évoque une nouvelle d' E. M. Forster (The Celestial Omnibus, de mémoire, je ne sais pas si elle a été traduite). Pour en revenir à Ghost World, en dehors du graphisme de Clowes, on note l'attention portée aux marginaux, l'ironie avec laquelle sont traités nombre de clichés, au premier rang desquels le rêve américain.
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Ghost World c'est un roman graphique de qualité, dessiné et scénarisé par Daniel Clowes.
Deux amies de lycées, Enid et Becky, fin des années 90, passe leur dernier été ensemble, comme toujours, mais là, c'est le dernier été après la fin du lycée.
C'est le moment où l'on doit entrer dans l'âge adulte, où doit se dessiner un avenir... Mais quand on sort de l'adolescence, qu'on a encore un pied, voir les deux, ancré dedans, ce n'est pas évident de vouloir rentrer dans le moule...
Enid et Becky traine leur guêtres d'un coin à l'autre de la ville, et partout, retrouvent cette inscription : Ghost World...
Enid voit des histoires dingues partout, elle crée l'action. Becky suit. Becky se sent larguée. Enid a des projets...
C'est le "graphic novel" par excellence, c'est un univers drôle, décalé, mélancolique, et ça nous rappelle notre adolescence, ce moment où on se cherche, un style, une vie à venir.
C'est Ghost World et c'est culte.
Lu pour la première fois en français il y a quelques années, et relu la version originale, en anglais, et là, toute la poésie et l'humour de Daniel Clowes sont bien plus présents et éclatants que dans la version française.
Génialement adapté au cinéma par Terry Zwigoff, en 2001, avec les excellentes Torra Birtch et Scarlett Johansson, et Steve Buscemi dans le rôle de Bob Skeetes.
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Je suis amateur de bande-dessinée depuis longtemps, et Ghost World est de loin ma préférée.
Ghost World c'est deux adolescentes, un peu en marge, un peu en retrait par rapport au monde, portant un regard critique et assez cynique sur les adolescents de leur âge, les "adultes" et la société américaine en générale ( vous trouvez Veronica Mars caustique ? Attendez de voir Enid et Rebecca.) Mais Enid et Rebecca se cherchent dans une ville ou (à l'image de la couleur vert-bleu et du style graphique) tout est froid, distant et lisse.
Le fond et la forme s'unissent parfaitement pour donner vie à deux personnages attachants malgré leurs défauts. L'âge ingrat qu'elles traversent, ou même leurs conversations crues sonnent avec une incroyable justesse et je pense qu'on reconnais tous quelqu'un qu'on connait en elles.
Relativement court (huit chapitres seulement, pour à peu prés 80 pages) il est considéré comme un symbole de la bande-dessinée indé et de la graphic novel Américaine.
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Cette BD fait partie de ces oeuvres qui ont rompu avec la tradition des comics de super héros. Ici, les personnages sont deux jeunes filles, bientôt femmes, qui tentent de faire leur place dans la société, de vivre malgré un monde des adultes qui leur reste incompréhensible. Par le dessin où ces adolescentes sont disséquées avec minutie, Daniel Clowes compose la chronique intime et sentimentale d'Enid et Rebecca.
La chromie retenue (noir, blanc et vert passé) créé une ambiance constamment étrange. On ne sait pas dans quelle réalité nous sommes. La précision du trait se confronte à des situations étranges. On observe cela avec curiosité. Il n'y a pas de joie ni de bonheur dans la vie de ces deux jeunes femmes. Elles ont des parcours parallèles. L'une dans la vie, l'autre plongée dans la solitude sans prise sur le réel. le décalage entre les deux est une fissure qui s'installe progressivement dans leur complicité. La mélancolie est présente de bout en bout.
Par des cadrages, on retrouve les images de la société idéale américaine. Les visages expressifs des personnages, la couleur glaciale accentuent la fausseté de ce rêve. Les années 90 ont révélé un monde en crise et cette description s'amplifie par le choix de jeunes personnages. Leur présent est fade, leur avenir ne semble pas beaucoup plus prometteur.
Lien : https://tourneurdepages.word..
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Il s'agit d'un comics paru en feuilleton de 1993 à 1997. Il est découpé en 8 chapitres. Il constitue une histoire complète, et indépendante de toute autre.

Enid Coleslaw et Rebecca Doppelmeyer sont 2 copines inséparables de 18 ans qui se racontent tout et qui effectuent des sorties ensemble. Elles vivent dans une ville américaine indéterminée, très étendue, avec une densité de population assez faible. Il doit s'agit d'une période de vacances. Elles passent le temps dans leur chambre, dans la cafétéria du coin, à se promener. Elles fréquentent des individus qu'elles débinent systématiquement, dont certains très déconcertants (un ex-prêtre catholique s'adonnant à la représentation infographique d'enfants nus et ligotés). Leur occupation majoritaire semble bien être de critiquer tout, et tout le monde. En plus de leurs remarques acerbes et cyniques sur un humoriste, la presse féminine, etc., elles communiquent sous forme de vacheries avec Josh (un jeune adulte de leur âge travaillant dans une superette), Melorra (une copine se lançant dans une carrière de comédienne). Elles croisent Norman, un vieillard attendant un bus à un arrêt par lequel la ligne ne passe plus, Bob Skeetes un astrologue.

"Ghost world" est un comics indépendant devenu culte et ayant même été adapté au cinéma (Ghost World, avec Scarlett Johanson). Il s'apparente à un court roman (80 pages) avec une forme graphique un peu bohème. Clowes n'utilise qu'une seule couleur, un bleu vert de faible intensité, sans être délavé. Chaque page baigne dans une ambiance crépusculaire, sans être vraiment glauque. La mise en page est assez dense puisque Clowes dessine de 6 à 10 cases par page. Dès les premières pages, il s'avère être un metteur en scène intelligent et compétent. Il réfléchit à chaque séquence de manière à rendre les dialogues vivants et à ce que les dessins servent à amener des informations complémentaires sur le plan visuel. Il utilise à la fois la variété des angles de prises de vue, mais aussi la profondeur de champ pour faire exister la ville, ou pour décrire l'intérieur des pièces d'appartement. Il travaille également sur les tenues vestimentaires très ordinaires (sauf peut-être les couvre-chefs d'Enid), et les coupes de cheveux (en particulier l'évolution de celle d'Enid). le style graphique utilisé relève d'un parti pris étudié : Clowes se situe entre un parti pris très réaliste, et une épuration des traits pour assurer une meilleure lisibilité des cases. Il ne cherche en aucun cas à en mettre plein la vue au lecteur, mais ce dernier a l'impression de se promener vraiment dans cette banlieue dépourvue de personnalité, de voir toutes ces personnes, chacune particulière avec leur forme de visage, leur tenue vestimentaire. Il n'est pas possible de rester indifférent à l'apparente banalité de chacun, ou au physique ingrat de quelques uns.

Au fur et à mesure des chapitres, le lecteur peut prendre plaisir aux vacheries débitées par ces 2 demoiselles. Mais il est vrai que leur vie respire l'ennui et la sourde angoisse du lendemain, l'entrée dans la vie active après le lycée. Elles ne semblent avoir aucun souci financier, aucun projet d'avenir, une culture contestataire superficielle, et toujours ce dénigrement lapidaire systématique à la bouche. Malgré la personnalité affirmée des individus qu'elles côtoient, il s'installe peu à peu un sentiment de vacuité terrible devant ces existences inutiles, tout juste taraudées par l'inquiétude hormonale de la sexualité. Elles vivent en vase clos, se confortant l'une l'autre de leurs certitudes et de leur dédain pour le reste de la race humaine (avec une exception passagère pour David Clowes, le double fictif de l'auteur durant 2 pages).

Cet enlisement dans un cynisme de façade et une position morale supérieure finit par lasser et le lecteur se désintéresse petit à petit. Toutefois cet immobilisme n'est qu'apparent et petit à petit la relation entre ces 2 jeunes femmes va évoluer insensiblement. À partir de la moitié de l'histoire, la dynamique de la relation entre Enid et Rebecca commencent à subir doucement les contraintes du réel. Daniel Clowes s'intéresse plus à Enid Coleslaw (dont le nom forme une anagramme de celui de l'auteur) et à son besoin de trouver une autre posture existentielle dans la vie. Cette jeune femme très critique perçoit l'obligation de changement, mais refuse de renoncer à son besoin d'absolu. Elle est le jouet de son système de valeurs qui la conduit dans une impasse, tout en refusant de renoncer à ses idéaux, et en étant dans l'impossibilité physiologique de lutter contre ses flux hormonaux. Sa provocation ne suffit plus à faire face à la réalité.

À partir de là, le positionnement d'Enid n'est plus seulement celui d'une jeune femme au seuil de la vie adulte. Clowes en fait lentement mais sûrement une personne à part entière qui se retrouve devant sa solitude, l'incommunicabilité, les valeurs qu'elle s'est choisies et forgées, et l'obligation de devoir vivre dans le monde qui l'entoure, alors que ses proches poursuivent eux aussi leur propre cheminement dans la vie. le dénouement du récit provoque une incroyable sensation d'achèvement, presque morbide malgré le renouveau qu'il annonce.

Cette histoire en 8 chapitres propose de suivre de jeunes femmes très critiques, peu constructives, dans une période de leur vie charnière, sans être remarquable ou spectaculaire. Autant il est difficile de ne pas ressentir l'ennui profond qui est le leur, autant la position inconfortable d'Enid renvoie chaque individu, quel que soit son âge, à ses propres choix dans la vie, à ces convictions, à sa solitude, d'une manière aussi douce qu'impitoyable, dans une narration très poignante.
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Nous avons eu droit, durant toute cette décennie jusqu'au début des années 2000, toute une ribambelle de « Teen Movies » . Édulcorée, avec des personnages stéréotypés et souvent avec la même trame d'histoire, une grande partie de ses films était loin des véritables préoccupations des adolescents ( exemple: « Clueless » , « Elle est trop bien » , « 10 bonnes raisons de te larguer » etc…). Mais heureusement nous avons eu droit à quelques pépites qui sont devenus cultes. Et ce fut le cas de « Ghost World » .
Avant son adaptation au cinéma en 2001, avec dans les rôles principaux Thora Birch et Scarlett Johansson, c'était, avant tout, une B.D underground. Elle a su traiter avec un ton juste et sans aucune contrainte, le passage de l'adolescence à l'âge adulte, à travers les personnages d'Enid et de Rebecca qui viennent de finir le lycée.
Le temps d'un été, nous allons les accompagner à travers leur ville natale, entendre leurs commentaires cyniques et moqueurs sur leurs entourages, voir leur attention se porter sur les personnes en décalage avec la société… Bref ! Mille et une façons de tromper l'ennui.
A première vue, on pourrait avoir du mal à s'accrocher à ces deux jeunes filles avec leurs attitudes assez effrontées par moments (Hum… A y réfléchir c'est assez souvent) leurs cynismes et quelques fois, leurs vulgarités. Mais entre nous, ados ou même adultes, qui n'a jamais critiqué la société dans laquelle nous vivons, remis en cause certaines règles établies et de ne pas vouloir se fondre dans « le moule » ?
Mais au fil des chapitres, on découvre ce qui cache derrière ces remarques et leurs plaisanteries. Leur mélancolie devient de plus en plus palpable, car elles savent qu'elles devront faire des choix pour leurs avenirs. Enid et Rebecca s'accrochent, tant bien que mal, à leurs souvenirs d'enfance et à leur amitié fusionnelle.
Mais la crainte d'un avenir loin défini est toujours présente en elles. Tiraillées par ses sentiments diverses, elles semblent être coincées dans un « No man's land » (Ghost World ?). D'ailleurs, le peu de couleurs utilisées par Daniel Clowes et la vision des différents habitants de leur ville, renforcent ce sentiment d'être confinées dans un espace restreint, sans possible échappatoire.
Moi-même, j'ai connu un tel « lieu ». Passé les 18 ans, je commençais à me poser des questions sur mon avenir. Je ne savais pas quelles études suivre et je voyais bien plus les contraintes de la vie d'adulte que les côtés positifs. Je me demandais si j'avais une chance de quitter la banlieue… Je me suis même dit si je pouvais encore regarder des dessins animés, lire des manga, voire même continuer à jouer aux jeux vidéo, sans paraître « gamine » (oui, je me suis posée cette question). J'étais tiraillée entre les plaisirs simples de ma jeunesse et l'excitation mêlée à la peur de devenir une adulte. Et je commençais à devenir nostalgique de quelques souvenirs d'enfance avec ma maman et mes soeurs et frères.
En parlant de nostalgie, elle est présente dans chaque page. Non seulement pour les héroïnes mais aussi pour les habitants de la ville : les restaurants aux styles des années 50/60, les vinyles rétro, de renouer avec un ex en se rappelant que des bons souvenirs etc…
Aujourd'hui, on parle des années 90 avec affection, toujours accompagné de la petite phrase « c'était mieux avant ». Je ne le cache pas, je suis nostalgique de cette décennie… mais sur certains points ! Ces années-là, ce n'était pas « paillettes et arc-en-ciel » H-24 et je ne voudrais pas revivre certains événements, privés comme mondiaux. Bref ! La nostalgie est une « bulle de douceur » qu'on adore s'y pelotonner quand notre quotidien et notre futur proche nous minent le moral.
Je vais terminer sur l'élément essentiel de cette histoire: Enid !
Enid... L'anti-héroïne qui a su trouver écho chez de nombreux adolescent(e)s en illustrant les craintes de ce passage important de notre vie: on le voit à travers ses différentes tenues, son désir de rester telle qu'elle sans pour autant être en marge de la société, ses contradictions sur la question de ses études, son approche sur sa sexualité, son amitié avec Rebecca et enfin… Prendre ou non le risque de tout quitter pour aller de l'avant, de définir par elle-même son futur. Ce dernier choix sera immortalisé d'ailleurs par une conclusion très symbolique.
Conclusion:
Peu de séries, films ou animés, nous proposaient une héroïne qui soit une vraie adolescente !
Lorsque je l'ai lu pour la première fois cette B.D, j'étais une adolescente. Je comprenais parfaitement Enid car je vivais, avec appréhension, cette transition.
Ce fut tout de même une lecture assez étrange. On aurait dit que je me retrouvais face à mes craintes et mes désirs. Et rien que pour cela, Enid fut l'un des personnages qui marquèrent la fin de mon adolescence.
Que vous soyez adolescents ou même adultes, je vous invite vraiment à découvrir cette oeuvre de Daniel Clowes et voire si elle trouve écho en vous. Certes il y'a peu d'actions et le style graphique peut déplaire certains. Mais cette oeuvre mérite d'être lue au moins une fois, car elle sait nous mettre face aux choix que nous prenons tout au long de notre vie, notre individualité et à notre place dans la société. Et cela en seulement 96 pages…
Lien : https://klolianebooks.wordpr..
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très riche, cette ré-édition, avec en bonus comme dans les DVD,
le scripte du film
je recommande.
je cherche à REVOIR le film, du coup.
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Magnifique édition de luxe pour cet album devenu un grand classique de la BD indé américaine.
En ajout à la bande dessinée, le script du film mais surtout un bon gros paquet de photos des goodies, des différentes éditions internationales.
Ahh tous ces objets, figurines, badges que nous pauvres français n'avons pas eu !!!! :(
De quoi saliver pendant quelques heures.

Pour les fans exclusivement donc !
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