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Gregory Trowbridge (Traducteur)
EAN : 9782909990453
142 pages
Editions Cornélius (30/11/-1)
3.9/5   68 notes
Résumé :
Clay, le héros de Comme un gant de velours pris dans la fonte, part à la recherche des producteurs d'un snuff movie dans lequel il a cru reconnaître sa femme, disparue quelques temps plus tôt. Sur cette trame, Daniel Clowes organise un road movie cérébral qui abolit toute frontière entre cauchemar et réalité. Dans ce chaos nocturne, parfois simple transposition hallucinée des peurs et des solitudes urbaines, il nous porte à entrevoir l'ombre fugitive et glaçante d'u... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Qu'il est difficile de parler de « comme un gant de velours pris dans la fonte » ! Comment parler d'une oeuvre aussi singulière ? Comment poser des mots sur un ressenti si profond mais si complexe à verbaliser ?
J'aime beaucoup Daniel Clowes. Ses oeuvres me touchent de façon intime, elles me remuent intérieurement, me bousculent. Il y a presque un côté psychanalytique dans ces lectures. Les autres B.D de Clowes que j'avais lues étaient déjà toutes très particulières, sans doute pas faites pour plaire à tout le monde. « Comme un gant de velours pris dans la fonte » ne déroge pas à cette règle. C'est même un des ouvrages les plus dérangeants que j'ai pu lire. Dérangeant mais aussi passionnant et addictif. Tout au long de ma lecture, se sont mêlés les sentiments les plus contradictoires. J'étais partagée entre répulsion et attirance, gêne et émotion. Ce monde bizarre mais si proche du nôtre dépeint par Clowes fait pas mal penser à du David Lynch, en plus jusque boutiste, ce qui donne une idée de l'atmosphère.
Il m'a fallu du temps pour venir à bout de cette B.D. Non pas que je m'ennuyais, au contraire, l'envie de poursuivre ma lecture était intense mais c'est une oeuvre tellement troublante qu'il me fallait digérer chaque chapitre, me remettre de mes émotions avant de me replonger dans ce cauchemar psychanalytique de haute volée.

Terriblement malsain mais aussi indéniablement brillant, « comme un gant de velours pris dans la fonte » marque l'âme du lecteur et prouve une nouvelle fois le génie de Clowes. Dingue !
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Il s'agit d'une histoire complète et indépendante initialement sérialisée dans les numéros 1 (août 1989) à 10 (février 1993) du magazine "Eightball". Cette histoire est en noir & blanc avec des niveaux de gris, scénarisée et illustrée par Daniel Clowes.

Clay Loudermilk se rend dans un cinéma porno de quartier et assiste à la projection d'un film nommé "Like a velvet glove cast in iron" dans lequel il semble reconnaître l'une des actrices. le film mélange des scènes de copulation avec des comportements déviants. Les quelques spectateurs ont également des comportements dérangeants. À la fin de la projection, un autre spectateur lui conseille de se rendre dans les toilettes et qu'il ne le regrettera pas. Il le fait et apprend où se situent les locaux de la maison de production de ce film. Il décide d'effectuer le voyage jusqu'à ladite ville pour en apprendre plus sur cette actrice. Il lui faut d'abord réussir à emprunter une voiture à un pote. Sur la route, il va rencontrer des individus très étranges. Ça commence par une pochtronne qui l'embrasse à pleine bouche, une paire de policiers qui le passent à tabac et qui lui font une cicatrice en forme de logo de Mister Jones sous le pied droit. Au fur et à mesure de son errance, il rencontre des individus de plus en plus particuliers soit physiquement, soit psychologiquement. Parmi les plus décalés il y a cette jeune femme en forme de pomme de terre anthropomorphe sans bras ni jambe, ce chien sans orifice, cette jeune fille qui dessine en fumant la pipe, ce monsieur aux implants capillaires inachevés, cet homme persuadé d'être sur le point de comprendre une conspiration à l'échelle planétaire, etc.

Dès le deuxième page, le lecteur a plongé dans une vision du monde à nulle autre pareille, irrémédiablement décalée par rapport à ce qu'un individu de base considère être la réalité, et horriblement familière. Clay Loudermilk se rend dans un cinéma porno, il assume un comportement réprouvé par la société (mais permis puisque ces établissements existent, enfin existaient). le film qu'il visionne comprend une composante sexuelle mais plus dérangeante qu'excitante, parce que teintée par des images de soumissions et de régression infantile, avec des individus à la morphologie normale et un peu âgés (des quadras). le comportement des spectateurs est terrifiant, non pas parce qu'ils sont menaçants, mais parce qu'ils sont révélateurs de leur misère sexuelle, de leur écart par rapport à la norme sociale, de leur insécurité.

En 3 pages, Daniel Clowes a plongé le lecteur dans un récit surréaliste qui joue sur les phobies et les angoisses de l'être humain, au travers d'une intrigue linéaire et divertissant. La narration permet au lecteur de se laisser porter de rencontres improbables en situations impossibles, grâce au fil conducteur simple qui est pour Clay de retrouver cette actrice. Au fur et à mesure des rencontres et des avanies supportées par Clay, Daniel Clowes matérialise des interrogations philosophiques et existentielles, au travers du comportement de ces individus bizarres.

Parmi les questionnements, il y a bien sûr la perception de la sexualité, ou en tout cas de la relation sexuelle. Clay et ses partnaires d'un jour ou plus ont une attitude complètement déculpabilisé par rapport à ces rapports, tout en conservant une forte implication et un fort investissement émotionnel dans l'acte lui-même. C'est à la fois une activité totalement normale, acceptée et évidente, et à la fois une source de frustration. À chaque fois il y a satisfaction du besoin physique, et insatisfaction du besoin psychologique. Ce constat est rendu d'autant plus implacable par les illustrations qui ne cherchent jamais à rendre les choses jolies, mais pas non plus repoussantes.

Si la composante sexuelle est prégnante tout au long du récit, elle n'est pas la seule, ni même la plus importante. Tout au long du récit, Clay est à la recherche d'une forme de compréhension, de mode de déchiffrage des événements qu'il subit, du comportement des individus avec lesquels il interagit. À travers cette collection de situations absurdes et impossibles, Daniel Clowes confronte son personnage à l'arbitraire de la réalité, à l'obligation d'une interprétation des phénomènes, à l'impossibilité de la compréhension (ou de la révélation au sens religieux du terme) par l'être humain limité par ses sens et son imperfection ontologique. Pour cette thématique, Clowes a choisi le dispositif classique du complot global et l'a perverti à son objectif narratif par le biais d'un gugusse inquiétant et obsédé par sa quête de vérité. Convaincu par sa certitude, il en devient fermé à toute autre possibilité d'interprétation, de signification, il s'enferme lui-même dans son erreur. Clowes utilise une solution graphique aussi simple qu'efficace pour mettre en image ce thème : une icône sur la base d'un smiley qui crée un leitmotiv visuel aussi absurde qu'inquiétant.

Bien évidemment l'autre thème majeur est celui de l'altérité et l'incommunicabilité, couplé à l'universalité de certaines émotions. L'apparence grotesque des individus, leurs difformités anatomiquement impossibles sont autant de visualisation de la différence avec l'autre et de notre perception égocentrique de ce qui nous entoure. Par le biais de ces visuels surréalistes, Clowes matérialise la différence avec l'autre, la part de l'autre qui reste ineffable, inconnue, insondable, irréconciliable avec notre individualité, nos propres limites.

L'aspect graphique est très facile à lire et réserve beaucoup de moments inattendus. Daniel Clowes déstabilise son lecteur par des images surréalistes, sans jouer la fibre du misérabilisme ou de l'horreur. Il dessine chaque difformité tératologique (physiologiquement possible ou on) comme si elle allait de soi. Clay et les autres personnages ne remettent jamais en cause ce qu'ils ont sous les yeux. Chaque individu présente une morphologie et un visage qui lui sont propres.

Cet ouvrage est l'un des premiers créés par Daniel Clowes et il révèle un auteur déjà accompli qui utilise le surréalisme pour développer un point de vue construit et étayé sur le sens de la vie et la condition humaine. Il évite de recourir à des outils psychanalytiques (même si quelques images y font penser), pour rester dans un récit linéaire où chaque monstruosité n'est que l'apparence d'une différence étrangère au personnage principal, et pourtant acceptable.
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Un album halluciné pour une histoire que l'on suit comme dans un rêve, sans fil logique, perdu entre le plaisir de l'imprévisible et l'inconfort de l'incompréhension. Daniel Clowes n'a pas envie de nous débroussailler le chemin et il nous abandonne face à la jungle hirsute de son imagination, ne daignant même pas nous présenter ni les situations, ni les personnages. Chacun pourra tenter d'expliquer les évènements par lui-même, au risque de se découvrir des moyens d'interprétations peu consistants. le temps propre à la narration s'écoule d'une manière décousue et laisse un sentiment d'inconfort qui nous fait parvenir au bout de cette lecture essoufflé.


Parfois, Daniel Clowes pousse le vice à nous faire croire que nous maîtrisons enfin parcelle de ses univers, mais brutalement, l'absurde surgit de ce monde réaliste auquel nous croyions avoir affaire. Il peut s'agir d'un ami souffrant d'un mal étrange, d'un chien qui n'absorbe que de l'eau, d'une femme infestée par la vermine ou d'une survie impossible.


Aussi étrange et mystérieux qu'un film de David Lynch
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Clay entre dans un cinéma porno. Il reconnaît dans le film l'une de ses anciennes compagnes et se met en tête de la retrouver. Il est mis sur la bonne voie par un fakir médium exerçant dans les toilettes dudit établissement. Sur le chemin, il est arrêté par des policiers qui le tabassent et le laissent presque mort, puis il est recueilli par une secte qui prépare des attentats. Parvenant enfin dans la ville, il ne retrouve pas la femme désirée mais croise une série de personnages qui, tous, flirtent avec l'inquiétant, l'absurde, l'effrayant, le comique aussi : ainsi le propriétaire d'un chien sans orifices qui se fait tour à tour allié puis ennemi, une femme-monstre issu des amours de sa mère et d'un homme-poisson, une jeune fille qui est la scénariste de snuff-movies.
Daniel Clowes bouleverse les idées reçues sur la bande-dessinée : point de linéarité dans la narration, juxtaposition des situations narratives, multiplication des pistes qui interpellent et perdent le lecteur. Au final, il reste l'impression d'une grande richesse dans le récit et d'un savoir-faire de l'auteur qui bouleverse les codes de son art. Un récit brillant, qui emporte plus qu'il n'emmène, et qu'on se doit de relire pour s'assurer (se rassurer ?) d'avoir tout compris. Mais là n'est pas l'essentiel ...
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difficile de rentrer dans cette histoire des plus déroutante. Tout débute dans un cinema porno où l'ambiance est bizarre, pourtant elle sera la plus normal de tout le reste du récit. le personnage principale que nous suivons découvre dans un film son ex-femme à l'écran et décide de partir à sa recherche. Une histoire onirique ou Daniel Clowes nous fait complètement perdre les pédales. On ne sais pas trop où il nous emmène ni par quel moyen, mais il maitrise tellement la chose qu'on se laisse tout de même emporter dans les méandre de cette histoire flippante. à lire avec attention !
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Clay entre dans un cinéma porno. Il reconnaît dans le film l'une de ses anciennes compagnes et se met en tête de la retrouver. Il est mis sur la bonne voie par un fakir médium exerçant dans les toilettes dudit établissement. Sur le chemin, il est arrêté par des policiers qui le tabassent et le laissent presque mort, puis il est recueilli par une secte qui prépare des attentats. Parvenant enfin dans la ville, il ne retrouve pas la femme désirée mais croise une série de personnages qui, tous, flirtent avec l'inquiétant, l'absurde, l'effrayant, le comique aussi : ainsi le propriétaire d'un chien sans orifices qui se fait tour à tour allié puis ennemi, une femme-monstre issu des amours de sa mère et d'un homme-poisson, une jeune fille qui est la scénariste de snuff-movies.
Daniel Clowes bouleverse les idées reçues sur la bande-dessinée : point de linéarité dans la narration, juxtaposition des situations narratives, multiplication des pistes qui interpellent et perdent le lecteur. Au final, il reste l'impression d'une grande richesse dans le récit et d'un savoir-faire de l'auteur qui bouleverse les codes de son art. Un récit brillant, qui emporte plus qu'il n'emmène, et qu'on se doit de relire pour s'assurer (se rassurer ?) d'avoir tout compris. Mais là n'est pas l'essentiel ...
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C'est incroyable - Je ne savais pas que ce genre de film existait... Ces gens sont de vrais malades...
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Vidéo de Daniel Clowes
Dans le 173e épisode du podcast Le bulleur, on vous présente L’homme qui en a trop vu, histoire basée sur le témoignage du photoreporter Ali Arkady que met en scénario Simon Rochepeau, en dessin Isaac Wens et qui est édité chez Futuropolis. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec : - La sortie de l’album Les Beatles à Paris, un titre que nous devons au scénario de Philippe Thirault, épaulé par Vassilissa Thirault, au dessin de Christopher et c’est publié aux éditions Robinson - La sortie de l’album Les herbes sauvages que l’on doit à l’auteur Adam de Souza et qui est édité chez Gallimard - La sortie de l’album Delta blues café que l’on doit au scénario de Philippe Charlot, au dessin de Miras et que publient les éditions Grand angle - La sortie de l’album Des femmes guettant l’annonce que l’on doit à Fedwa Misk pour le scénario, Aude Massot pour le dessin et qui est édité chez Sarbacane - La sortie d’Après, le troisième et dernier tome de la série Cadres noirs, adaptation d’un roman de Pierre Lemaitre par Pascal Bertho au scénario, Giuseppe Liotti au dessin et c’est édité chez Rue de Sèvres - La réédition dans la collection La bibliothèque de Daniel Clowes des éditions Delcourt de Pussey, album que l’on doit à Daniel Clowes
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