Alors que j'ai apprécié la plupart des livres de Coben que j'ai pu lire, j'ai quelques réserves pour celui-ci.
Comme toujours chez cet auteur, les personnages sont travaillés et ne sont pas manichéens (enfin, pas tous !).
Le personnage principal, celui
De Wilde, est original, bien campé, et ses réactions face aux évènements et aux personnes qu'il rencontre sont parfois déconcertantes. C'est une qualité, même s'il ne faut pas que l'auteur pousse le bouchon trop loin. Il est facile en effet de glisser du déconcertant à l'insolite et de l'insolite au tarabiscoté, mais ce n'est pas le cas pour Wilde, dont le personnage d'ancien « enfant sauvage » trouvé dans une forêt est construit par Coben avec une certaine finesse. Il réussit à le rendre crédible et sympathique au lecteur que je suis, et sans doute aussi à beaucoup d'autres.
Ce n'est pas le cas pour le second personnage principal, celui d'Hester Crimstein, avocate ultra-médiatique que Coben a eu visiblement du plaisir à créer, mais que j'ai trouvée incohérente et professionnellement antipathique à souhait, alors qu'elle est censée être un des personnages positifs du roman. Ma réaction est sans doute basée sur les différences culturelles entre nos deux pays, des différences particulièrement fortes au niveau judiciaire, qui deviennent abyssales quand on parle du rôle des avocats dans nos systèmes judiciaires respectifs. de ce point de vue, Hester dans le chapitre 2 qui nous montre une émission télévisée consacrée à un procès en cours dans lequel elle représente un accusé, n'hésite pas à manipuler ses invités – et surtout les téléspectateurs – pour défendre son client, et elle le fait d'une façon que j'ai trouvée odieuse et insupportable, ce qui n'est évidemment pas l'effet qu'
Harlan Coben a cherché à produire chez le lecteur.
D'autre part, j'ai été souvent gêné par les dialogues, bien trop nombreux à mon goût et dont la platitude est souvent pénible. Un exemple à la page 28, parmi cent autres identiques :
« – Je ne sais pas, répondit-il. Tu veux que je lui envoie un texto ?
–Je veux bien.
– Mamita ?
– Oui, chéri ?
– Ne lui parle pas de ça.
– De... ?
– Naomi.
– Pourquoi ?
– S'il te plait !
– OK.
– Tu me le promets ?
– C'est bon, répliqua-t-elle, légèrement agacée. Puis plus gentiment :
– Bien sûr que je te le promets. »
Pour compenser cette faiblesse, l'intrigue est astucieuse et sophistiquée à souhait, et le suspense maintenu jusqu'à la dernière page. Je n'ai donc pas lâché le livre avant d'avoir eu le fin mot de l'histoire.
Au bout du compte, un plaisir de lecture mitigé : de bonnes choses, mais insuffisantes pour que ce livre reste longtemps dans ma mémoire. le film qui en sera sans aucun doute tiré sera peut-être meilleur... en tout cas le scénariste n'aura pas un gros travail à faire sur les dialogues !