David Beck est un brave toubib (pédiatre) de 33 ans. Sa jeune épouse Elisabeth est morte 8 ans plus tôt, soit disant victime d'un tueur en série, alors qu'elle se démenait pour une association à but humanitaire. Elisabeth, c'était son amour d'enfance, il ne l'a jamais quittée depuis qu'il l'a rencontrée à l'âge de 7 ans. C'est déjà très beau. Et aujourd'hui, Beck est toujours célibataire et inconsolable. Et ça, c'est encore plus beau. Mais voilà qu'Elisabeth lui donne par email un rendez-vous sur le net, où elle apparaît quelques minutes filmée par une caméra de surveillance dans un lieu public. Vous imaginez l'émoi de David ?
David va remuer ciel et terre, en toute discrétion (attention, on lui a demandé de ne le dire à personne, d'où le titre) pour retrouver son aimée. Vous imaginez la difficulté. Et la discrétion, c'est important, car un duo de salopards super cruels est à l'affût. Remonte alors à la surface un autre événement vieux de 8 ans : l'assassinat de Brandon Scope, patron de l'association pour laquelle travaillait Elisabeth et fils d'un richissime industriel. Griffin Scope, papa inconsolable doublé d'un vilain rancunier, a donc embauché des tueurs pour retrouver le vrai meurtrier de son fils ; et il fait tenir sous surveillance très serrée les survivants des drames d'il y a 8 ans. Brandon Scope, on croit qu'il a été tué par une petite frappe portoricaine jusqu'aux 3/4 du roman (jusque là, on suit). Puis tout s'accélère, on croit que c'est Elisabeth, puis que c'est son père, et puis, ultime coup de théâtre, on apprend que c'est David qui l'a descendu (mais en état de légitime défense, hein, et parce que Brandon, c'était aussi un sacré fumier qui tapait Elisabeth avec des coups de poing). Avant la dernière page, personne ne sait que c'est David qui a tué Brandon, mais le Griffin est du genre méfiant, et le David devient très vite une bête traquée ; heureusement pour lui, il est aidé par une paire de dealers noirs avec des casquettes. Il se planque dans le Bronx au milieu des drogués (brrrrr...), chez sa soeur et sa copine (homosexuelles branchées, re-brrrr…), chez ses beaux-parents, sur les lieux du drame vécu 8 ans plutôt, etc..
Malgré une écriture clichetonnesque et impersonnelle, des dialogues cucu la praline, malgré une palanquée de personnages très improbables et un héros tendance "ravi de la crèche" dont les performances intuitives défient toute concurrence, oui, malgré tout ça, j'avoue avoir été relativement captivé par les mésaventures du docteur Beck... jusqu'à ce que le scénario s'emballe dans une cacophonie de rebondissements absurdes qui donnent le coup de grâce à mon attention faiblissante. D'après la 4e de couverture du format poche, je viens de terminer "un thriller psychologique implacable" (Lire) et "un régal de polar" (Marianne), pas moins.
Le Figaro Littéraire me promet la cerise sur le gâteau : "Le dénouement laissera pantois d'admiration même le plus blasé des lecteurs de romans policiers". Pour le Figaro, je dois avoir atteint la 4e dimension du blasage, au moins. D'une certaine façon, ça me rassure.