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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
En une journée , jour de son dixième anniversaire , un enfant va découvrir la haine .Un livre tres émouvant . Cet enfant va voir le monde qu'il s'était construit s'écrouler par la faute d'un imbécile .
Ce n'est pas une critique que j'ai envie d'écrire , mais plutôt d'un message que j'ai envie d'envoyer à l'auteur là ou il se trouve : " cher Monsieur Cohen , sachez que je vous aime .Sachez également que je n'ai pas pour habitudes de dire cela à un homme ! "
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Marseille, 1905,

"Non, il s'agit d'un souvenir d'enfance juive, il s'agit du jour où j'eus dix ans. Antisémites, préparez-vous à
savourer le malheur d'un petit enfant, vous qui mourrez bientôt et que votre agonie si proche n'empêche pas de
haïr. O rictus faussement souriants de mes juives douleurs. O tristesse de cet homme dans la glace que je regarde." 

Ce court livre (225 p)donne la parole à cet enfant de 10 ans, percuté par l'antisémitisme alors qu'il aller fêter son anniversaire.

c'est pas ton pays ici, tu as rien à faire chez nous, allez, file, débarrasse voir un peu le plancher, va un peu voir à
Jérusalem si j'y suis.

Amoureux de la France, cocardier, vouant un véritable culte patriotique avec un "autel à la France" le rejet du camelot le touche infiniment. 

Albert Cohen, dans sa vieillesse se souvient de l'errance de l'enfant dans Marseille et tout le livre se déroule en une journée, la "journée du camelot" qui déambule au lieu de rentrer chez lui

Mon héréditaire errance avait commencé. J'étais devenu un juif et j'allais, un sourire léger et quelque peu hagard aux lèvres tremblantes.

Soudain, j'aperçus un Mort aux juifs à la craie sur le mur. Je frissonnai et je m'enfuis. Mais au tournant de la rue, un autre Mort aux juifs.

Un long monologue, une déambulation, Albert Cohen 70 ans plus tard écrit un texte tendre, tragique, mais ne désespère pas. Il n'appelle pas à la vengeance mais à l'intrinsèque bonté qu'il veut trouver dans les humains,

"Dites, vous, antisémites, haïsseurs que j'ose soudain appeler frères humains, fils des bonnes mères et frères en nos mères, frères aussi en la commune mort, frères qui connaîtrez l'angoisse des heures de mort, pauvres frères en la mort, mes frères par la pitié et la tendresse de pitié, dites, antisémites, mes frères, êtes-vous vraiment heureux de haïr et fiers d'être méchants ? Et est-ce là vraiment le but que vous avez assigné à votre pauvre courte vie"


Si vous avez aimé le livre de ma mère il est de la même veine!
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Cohen écrit bien après tous les livres qui l'ont rendu célèbre à très juste titre, ce témoignage poignant de sa découverte, à dix ans, de l'antisémitisme.
Écrit à la première personne, et mis dans la bouche de ce gamin de dix ans, interpellé par un camelot qui l'avait reconnu comme juif et rejeté violemment, et tellement bouleversé par cet incident qu'il ne rentre pas chez lui où l'attend un repas de fête préparé pour son anniversaire par des parents aimants, et déambule jusque tard dans la nuit dans les rues de Marseille en ruminant son désespoir, ce récit saisit assez rapidement le lecteur d'un doute. Ce dernier soupçonne bien vite que ce n'est pas le gamin qui parle, mais l'homme de près de 80 ans qui a porté toute sa vie ce traumatisme, et qui exprime un vécu sans doute reconstruit à chaque moment de sa longue existence ; et le voile se lève définitivement sur celui qui exprime réellement ses pensées quand, dans les derniers chapitres, apparaissent des allusions aux exactions nazies, qui sont bien postérieures au drame vécu par l'enfant.
Le flot des pensées de ce dernier qui défilent, de manière parfois incohérente, répétitive, comme tout ce que chacun ressent sous le coup d'une forte émotion, fait comprendre la profondeur du choc vécu par l'enfant. Mais c'est bien là la limite de cette transmission, qui est bien de l'ordre de la compréhension intellectuelle du drame vécu par le jeune garçon, compréhension qui ne peut évidemment pas être sans effet sur les sentiments que le lecteur éprouve au fil des courts et haletants chapitres, mais, au contraire par exemple de ce qu'il ressent en s'immergeant dans le "livre de ma mère" du même auteur, il n'est pas emporté par une émotion irrésistible qui n'ait nul besoin de passer par le stade de la compréhension intellectuelle.
D'où cela peut-il bien venir ? Peut-être la manière dont Albert Cohen transcrit ce qui est sensé se bousculer dans la tête du gamin, et où on reconnaît bien sa patte particulière, n'est pas adaptée à ce passage direct du mot lu au coeur ? Un style qui sent trop l'artifice rhétorique, par exemple à travers les répétitions, ces anaphores permanentes  ?
Cela n'en reste pas moins un livre véritablement marquant, qui aborde d'une manière peu habituelle un sujet malheureusement redevenu actuel, un livre trop peu connu. Je l'ai du reste découvert par le plus grand des hasards, alors même que je connaissais une grande partie de l'oeuvre romanesque de Cohen.
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A l'approche de la mort, l'auteur réfléchit sur l'insanité du comportement humain. Les hommes se comportent comme si elle n'existait pas et surtout continuent à s'affronter, à se hair alors qu'ils sont frères en la mort.
Victime d'une violente attaque antisémite à l'âge de dix ans qui lui fait perdre son innocence, il s'interroge sur les ressorts de cette haine anti juive, sur les relations entre les hommes et sur la mort.
La mort devrait empêcher la haine, rapprocher les hommes présents si peu de temps sur terre. Cette communauté de destin devrait être bien plus efficace que l'amour du prochain, notion abstraite qui n'a jamais empêché guerres et haine. La pitié devrait empêcher la haine, les hommes sont frères en la mort "antisémites mes frères" écrit même l'auteur avec un brin de provocation.
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un livre atypique biensur ....son dernier...on imagine bien l'auteur prendre et reprendre la plume sans soucis des répétitions. j'avais entendu l'émission "a voix nue" de France Culture dédiée à l'interview d'Albert Cohen et il avouait se relire mais jamais enlever du texte , en rajouter oui ! c'est exactement cela et c'est plaisant à lire...biensur tout tient dans ce livre sur l'histoire vécue quand il avait 10 ans à Marseille et qu'un camelot l'avait traité de sale juif! un choc dont il a gardé la marque toute sa vie ....et qu'il partage donc dans son dernier livre....
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Ce livre est un témoignage suivi d'une méditation. le jour de ses dix ans, Albert assiste au boniment d'un camelot, sort quelques sous de sa poche pour acheter la pacotille, et se fait traiter de sale youpin sous les rires complices des badauds. Il erre dans les rues de Marseille en lisant des graffiti antisémites et retrouve en pleine nuit ses parents affolés. L'auteur rapporte, soixante ans plus tard, cette première attaque d'une haine imbécile après avoir lu sur les murs d'Aix en Provence « Que crève la charogne juive et revienne l'heureux temps du génocide ». Hélas, la « bête immonde » est toujours en vie, et même détournée de son sens par un camelot contemporain. 

Le souvenir d'enfance est encadré d'une méditation sur la commune mort et sur la comédie de l'amour du prochain : « Dites, vous, antisémites, haïsseurs que j'ose soudain appeler frères humains, frères aussi en la commune mort, frères qui connaîtrez l'angoisse des heures de mort, pauvres frères en la mort, mes frères par la pitié et la tendresse de pitié, dites, antisémites, êtes-vous vraiment heureux de haïr et fiers d'être méchants ? Et est-ce vraiment le but que vous avez assigné à votre pauvre courte vie ? (p 208). « Ne pas haïr importe plus que l'illusoire amour du prochain, imaginaire amour, mensonge à soi-même, amour dilué, esthétique amour tout d'apparat léger, amour à tous donné, et c'est à dire à personne » (p 212). 

Il faut aussi saluer l'objet littéraire : la gravité n'exclut pas la maitrise. On trouve partout le contournement des noms, la torsion de la syntaxe, les raccourcis, le jeu des adjectifs dans toute la gamme du mièvre, de l'affectueux, du rude et du cruel, les images surprenantes des grands livres d'Albert Cohen. Je les avais lus en leur temps.  J'ai découvert ce petit livre à l'exposition des dessins de Luz : Musée d'art et d'histoire du judaïsme, jusqu'au 27 mai, c'est gratuit et prodigieux. 
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Albert Cohen
Ô Vous frères humains
Voici, le cri d'un enfant juif, Albert Cohen, narrateur de ce récit. L'incipit révélateur : « Page blanche, ma consolation, mon amie, lorsque je rentre du méchant dehors qui me saigne chaque jour sans qu'ils s'en doutent, je veux ce soir te raconter, me raconter dans le silence une histoire hélas vraie de mon enfance. »
Un fatidique jour, où Albert 10 ans rencontre le mot racisme. Frappé de plein fouet il se refugiera dans le silence. Toute l'écriture d'Albert Cohen aura l'impact de ce voile noir de l'intolérance. L'enfant anéanti ressent sa mort spirituelle comme un résidu de l'Histoire. Il ne pardonnera jamais l'affront fait à son peuple « Peuple courageux, peuple à la nuque raide ». Plaidoyer de l'amour pour l'autre, Albert Cohen supplie ses frères humains à ne plus haïr. Ce livre tremble dans les mains, les sanglots silencieux glissent sur le lecteur. Il renforce le regard envers l'autre. Supplique d'une prière aimante et humaniste. On ne sort pas indemne de cette lecture. On souhaite retrouver la profonde et vaste universalité .Un monde cosmopolite, où les différences deviennent le levier pour agrandir la chaîne humaine en valeurs fraternelles. Evlyne Léraut.
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Ce livre est une grosse déception, malgré le message aussi important que percutant qu'il transmet. Déception qui vient sans doute du style, qui m'avait pourtant plu dans ''Le Livre de ma mère'' mais qui ici m'a ennuyé à plusieurs reprises (du fait justement de ses nombreuses reprises). L'histoire est pourtant bien amenée, et ce jeune juif déboussolé capte toute notre attention, mais la forme est décidément trop lourde à mon goût, et vient malheureusement contrebalancer l'avis que j'avais de ''Ô vous, frères humains''. Dommage donc, mais à lire tout de même car loin d'être dénué d'intérêt, car lu très rapidement et aussi car le style pourra plaire à d'autres.
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Ce (court) roman est autobiographique. Le narrateur, vieux et conscient de sa mort prochaine, se remémore un épisode particulier de sa vie, qui l'a marqué pour toujours. Sa famille, ayant quitté la Grèce, s'était installé à Marseille quand Albert avait cinq ans (en l'an 1900). Sa patrie d'adoption, Albert l'idolâtrait. Pourtant, le jour de son anniversaire des dix ans, il a été dénoncé sur la place publique comme étant un Juif et "gratuitement" insulté par un camelot quelconque. Le texte concerne seulement ce très pénible incident, comment le petit garçon a réagi sur le moment, et également comment cela l'a influencé dans toute son existence. Le récit est un peu "délayé" et surtout parsemé des réflexions d'un vieux Juif qui a tout connu dans sa longue vie.
Une des conclusions qu'il tire de son expérience est, textuellement, la suivante: « Ne pas haïr importe plus que l'illusoire amour du prochain, imaginaire amour, mensonge à soi-même, amour dilué, esthétique amour tout d'apparat léger, amour à tous donné, et c'est à dire à personne ». Cet aphorisme tout simple mérite d'être médité sérieusement !
Chez A. Cohen, on sent beaucoup de sincérité et aussi de la compassion pour le jeune garçon bien trop naïf qu'il était à dix ans. Mais il s'adresse aussi aux antisémites et leur pose la question: « Etes-vous heureux de haïr et fiers d'être méchants ? Est-ce vraiment le but que vous avez assigné à votre pauvre courte vie ? ».
Le roman me semble inégal. Certaines pages sont un peu fastidieuses. Beaucoup d'autres sont d'une grande profondeur - et la prose d'Albert Cohen est souvent somptueuse (et parfois très sombre).
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C'est un morceau d'autobiographie qui explique si bien tout ce que Cohen a pu écrire auparavant qu'on redécouvre des citations presque entières de Belle du Seigneur, du Livre de ma mère... Cette peur de la haine des autres, cette fascination morbide pour la brièveté de la vie, dont une prise de conscience réelle devrait, selon lui, engager tous les hommes à cesser de se haïr, à ne pas gâcher les bribes de temps qui leur restent à se détester. L'amour du Christ est très présent, comme figure du juif errant et persécuté, à la fois point commun et point d'achoppement entre les juifs et les chrétiens, mais pour Cohen, le commandement de "s'aimer les uns les autres" n'est pas à notre portée : si nous consentions seulement à ne pas nous haïr...

L'intervention du narrateur adulte tempère parfois ce flot de larmes et de délire, l'adulte qui a relativisé et qui, depuis cette anecdote de 1905, a vu l'antisémitisme mener jusqu'au IIIème Reich et à Vichy... Avec un sourire, "rictus", il rappelle qu'"on a fait mieux depuis", que de faire pleurer un petit garçon... Mais sans doute faut-il se méfier de qui n'a pas pitié des dix ans d'un enfant...

Évidemment, il y a beaucoup de pathos, j'ai beaucoup pleuré en lisant le chagrin de ce petit amoureux des humains en général, et des Français en particulier, comme frappé de folie en découvrant la haine, mais comment ne pas voir aussi tout l'humour de l'auteur, dans certaines litotes, certaines exagérations, de l'ironie, en somme... Bref, j'ai beaucoup aimé.

Cf. note de lecture intégrale sur mon blog
Lien : http://aufildesimages.canalb..
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