Une rencontre qui change la vie !" J'aime cette phrase quand elle décrit une belle rencontre, positive, sympathique, heureuse. Je la déteste lorsqu'elle évoque le contraire.
Albert Cohen, enfant de 10 ans, rencontre un camelot qui par une phrase, un geste, lui révèle son identité de juif détesté. Et le ciel s'écroule. Et la vie s'écroule.
Cet enfant, auparavant naïf, joyeux, souriant découvre la Haine. En une seconde. C'est le choc. L'enfant erre, rumine, pleure, ne comprend pas, tente pourtant de laisser pointer un rayon d'espérance et d'amour, avant de s'écrouler à nouveau.
Je referme ce livre très émue. Jamais je n'ai ressenti de manière aussi forte ce qu'un enfant juif a pu (et peut toujours) ressentir face à la haine de ses frères humains. En théorie, je le sais. L'histoire du peuple juif, dans ses grandes lignes, je la connais. Mais là, les mots d'
Albert Cohen - toujours aussi puissants par leur beauté et leur réalisme - m'ont fait vivre, au plus profond de mes tripes, la souffrance violente d'un être rejeté et haï. Et ça fait mal.
"Une rencontre qui change la vie..." C'est certain, ma rencontre avec
Albert Cohen, à travers ses mots, n'a pas fini de me transformer.