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Le 8 août 1956 est un jour qui restera dans la mémoire de l'histoire de la Belgique, c'est le jour de la tragédie du Bois du Cazier, 275 hommes sont descendus dans la mine le matin, seuls 13 remonteront à la surface.

C'est au départ de ce fait historique que Paul Colize imagine son intrigue. Deux mineurs italiens Donato Rinzini et Francesco Ercoli sont accusés d'avoir profité de l'occasion pour tuer leur chef, le porion Gustave Fonck. le procès d'assises va avoir lieu en septembre 1958.

Katarzyna Leszczynska, polonaise d'origine, de son nom de plume Catherine Lézin, une des deux femmes journalistes au journal Le Soir est mandatée pour couvrir le procès. Wellens, le rédacteur en chef exécute ainsi la demande de la patronne du journal qui pense que les temps changent et que le succès de la journaliste de l'INR, Janine Lambotte n'est qu'un début, mais au fond de lui Wellens espère bien prouver le contraire.


Nous sommes en 1958 dans un monde d'Hommes, que ce soit les assesseurs, le juge, le procureur et les avocats, tout est au masculin, tout comme les autres journalistes couvrant le sujet.
Katarzyna est la seule femme et les commentaires vont bon train sur son inexpérience, incompétence, sa place tout simplement mais elle n'a pas dit son dernier mot. Elle veut prouver que sa vision des choses, sa sensibilité féminine, peut apporter un autre regard sur cette affaire qui par ailleurs réveille en elle des similitudes avec son histoire.


C'est un roman de procès où les témoignages se suivent de manière très intéressante, on comprend bien le contexte, le travail dans les mines que personne ne voulait chez nous, les conditions difficiles pour la majorité des italiens à qui on avait promis monts et merveilles, les difficultés d'intégration, surnommés souvent "macaronis". On comprend les conditions de travail, la vie dans les corons, l'éloignement de la famille mais aussi le détail de la catastrophe, la situation économique et la crise du logement.

Les rouages du procès sont bien décrits et à travers Katarzyna on comprend que la condition de la femme était plus que compliquée, le machisme étant un art de vivre à l'époque.

L'écriture est dynamique, prenante. le rythme est donné par les courts chapitres qui rendent la lecture addictive, un peu à la manière d'un polar. J'ai pris énormément de plaisir à la lecture découvrant l'écriture de Paul Colize et me donnant envie d'en découvrir d'autres.

Ma note : 9.5/10



Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
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L'auteur, le livre (320 pages, 2023) :
Le belge Paul Colize (que l'on connait déjà) continue d'explorer avec finesse et intelligence le passé et l'histoire de son pays.
Devant Dieu et les hommes fut d'abord une pièce de théâtre (un faux procès joué au festival Quai du polar à Lyon en 2021) mais jamais éditée. Il fallut l'insistance de ses pairs pour que Paul Colize en transcrive un roman, en y ajoutant un personnage qui sera notre guide dans le procès : une journaliste, une femme dans un monde d'hommes (nous sommes en 1958).

le contexte :
Une sombre tragédie : le 8 août 1956, une explosion et un incendie ravagent la mine de Marcinelle, au Charbonnage du Bois du Cazier. Il n'y aura que quelques rescapés et plus de 260 mineurs y laisseront la vie.
Il y avait une majorité d'italiens parmi ces mineurs : à cette époque, les Charbonnages belges avaient littéralement "acheté" des travailleurs à l'Italie qui peinait à se remettre de la guerre.

On aime beaucoup :
❤️ On aime la façon dont Paul Colize nous transporte en 1958 à Charleroi : sa prose toujours très visuelle rend parfaitement compte des moeurs de l'époque, du machisme ambiant, du racisme envers les italiens (avec les bars interdits aux chiens et aux macaronis), des conditions épouvantables d'exploitation des mineurs (un esclavage moderne), des circonstances du drame, ...
❤️ On se passionne pour le procès imaginé par l'auteur, aux allures de polar rythmé par de courts chapitres qui rendent la lecture addictive, ménageant le suspense alors même que pour les deux italiens accusés, le verdict semble plié d'avance.
❤️ On apprécie la place faite aux femmes dans ce récit. Des femmes qui n'avaient pas la vie bien facile à cette époque : qu'elles fuient les armées en guerre, qu'elles essaient de tenir leur foyer aux côtés de leur mineur de mari ou qu'elles tentent de se faire une place dans la rédaction d'un grand journal.

L'intrigue :
Plutôt que de retracer le long et fastidieux procès de l'accident, Paul Colize imagine un autre procès, celui de deux rescapés, deux mineurs italiens, accusés d'avoir profité du terrible accident pour assassiner leur Kapo, leur porion, un salopard notoire.
Notre guide au tribunal sera une jeune journaliste d'origine polonaise (comme l'auteur) dont les parents ont fuit les armées russes en 1944.
Notre guide journaliste est encore tourmentée par de sombres images de son passé (ses parents polonais ont fui les armées russes) : un traumatisme qui va bientôt entrer en résonnance avec le drame du Bois de Cazier.
Pour celles et ceux qui aiment les mineurs.
Lien : https://bmr-mam.blogspot.com..
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La catastrophe du Bois du Cazier en Belgique a eu lieu le 8 avril 1956, c'est une des catastrophes minières les plus meurtrières, 262 mineurs périssent asphyxiés seuls treize mineurs survivent. L'auteur a choisi ce drame qui a réellement existé pour construire une fiction passionnante. le procès de Marcinelle débutera deux ans plus tard. Deux mineurs italiens rescapés sont accusés d'avoir tué leur contremaître, profitant du drame pour commettre l'irréparable.
Entre en scène le personnage de Katarzyna, une jeune femme qui débute dans le journalisme, elle porte en elle un terrible secret, féministe avant l'heure. Elle couvre l'événement, c'est à travers son regard que nous allons suivre le procès. le procès va mettre en lumière les conditions de travail extrêmement dangereuses des mineurs, à fortiori des mineurs venus de l'étranger. le racisme, les humiliations, les retenus sur salaire, le manque de sécurité étaient quotidiens. L'action se déroule le plus souvent dans un prétoire et aurait pu prendre la forme d'une pièce de théâtre. Les plaidoiries sont bien menées et on a vraiment l'impression d'être sur les bancs du public. J'ai beaucoup aimé « l'utilisation»  du dessinateur judiciaire pendant le procès pour donner au lecteur une vision animalière et caricaturale des différents intervenants. L'auteur a su créer une ambiance immersive, ses protagonistes sont bien développés on entend même l'accent italien des accusés. Au-delà du drame en lui-même, les thèmes abordés sont profonds avec une grande connaissance de la psychologie humaine et des questions sociales ou morales. le procès que l'on aurait pu croire joué d'avance va se révéler bien plus complexe et nous réserver quelques surprises, la manifestation de la vérité est à ce prix. Un excellent roman à découvrir pour se replonger dans une autre époque entre Germinal et Douze hommes en colère. Bonne lecture.

Lien : http://latelierdelitote.cana..
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1958, Charleroi, une femme, parmi une multitude d'hommes, entre pour assister à un procès. Elle n'est pas là par hasard mais envoyée par le journal qui l'emploie. Deux ans auparavant, une catastrophe minière a fait plus de 250 morts et au milieu de celle-ci, deux gueules noires transalpines, accusées d'avoir profité du drame pour liquider un supérieur. Une opportunité pour Katarzyna de se faire un nom dans la jungle masculine.

Petite genèse de ce livre basé sur des faits réels et notamment le drame du Bois de Cazier. Il a d'abord vu le jour sous la forme d'une pièce de théâtre interprétée par des auteurs de polars et jouée à l'occasion de salons du genre. A ce titre, j'ai eu l'occasion de la voir au salon du polar de Templemars. le texte est remanié pour y introduire le personnage de la journaliste. Question de commodité, puisque tel quel le texte de la pièce ne serait pas d'un grand intérêt littéraire. Mais surtout cela permet d'avoir d'une part un regard de l'extérieur ainsi qu'une narration et d'autre part d'introduire d'autres thématiques qui viennent compléter ou renforcer celles déjà présentes.

Devant Dieu et les hommes, expression judiciaire fort à propos, dans ce qui est à l'origine un huis clos lors d'un procès. Dieu juge en détenteur des secrets qu'il est, les hommes statuent en fonction de leurs intimes convictions. Différence de taille qui introduit aussi une certaine subjectivité : un délit de sale gueule, une orientation verbale d'un des intervenants, une absence lors d'une phrase clé, et la décision bascule du mauvais côté. Ici plusieurs ingrédients sont réunis pour orienter la décision dès le départ : les accusés sont des macaronis (surnom fleuri des migrants italiens) avec une maîtrise approximative du français déjà connus pour de petits délits commis dans la Botte, le tout agrémenté de griefs envers la victime. Coupables parfaits pour une justice aveugle ? Mais voilà, dame Justice manie le glaive et la balance, enfin plutôt par le truchement de ses serviteurs prêts à argumenter pour défendre ou accuser. C'est ainsi que le lecteur est convié à une joute verbale de belle tenue entre avocat et procureur, arbitré par un président du siège intègre et ferme. L'auteur sait toutefois éviter l'écueil des romans sur un procès, il contourne les lenteurs et répétitions éventuelles par l'enquête menée par la journaliste ainsi que les interventions réflectives de l'un des accusés. Paul Colize insère la notion de lutte des classes dans ce palais, non seulement par les pauvres bougres justiciables mais aussi par les avocats. le procureur étant un bourgeois à particule face à l'avocat défenseur de l'opprimé. Ce sera d'ailleurs mon seul bémol, par rapport à la pièce, Paul, en dressant les portraits des deux, incite le liseur à tendre plus d'un côté que de l'autre, or on ne doit juger que sur des faits et uniquement des faits comme il le rappelle d'ailleurs en début d'ouvrage.

Le bouquin permet aussi d'appréhender la vie de mineur, un peu à la manière d'un Zola mais avec les quelques évolutions techniques de ce milieu du 20ème siècle. S'ajoute à cela la notion de migration volontaire ou non et surtout les conditions d'accueil de cette population, main d'oeuvre corvéable à l'envi et traitée moins bien que le corniaud errant, ça pue la xénophobie et renvoie vers un présent qui ne cesse de dériver.

Mais ce livre est surtout l'occasion d'une mise en lumière féminine. Un survol de la condition de la femme dans ces fifties où elle est encore cantonnée au rôle de ménagère maternelle sans esprit au service d'un mari omnipotent. Cela se reflète dans les postes occupés où ces citoyennes de seconde zone sont cantonnées à des activités mineures, où les moqueries sont légions dès qu'elles tentent de s'élever doutant ainsi des capacités intellectuelles. Une chape gangrenant aussi les tribunaux, occultant ainsi un point de vue : « Dans cette salle de tribunal, le juge est un homme, les assesseurs sont des hommes, le procureur est un homme et l'avocat de votre mari aussi.
— Je sais.
— Ce n'est pas tout. Les douze jurés sont des hommes, les spectateurs sont majoritairement des hommes et les témoins qui ont été entendus sont tous des hommes.
Renata parut intriguée.
— Et alors ?
Katarzyna fit une courte pause avant de poursuivre.
— Moi, Renata, je suis une femme. Je vois, j'entends et je sens les choses autrement. […] ».

Katarzyna alias Catherine Lézin permet aussi à Paul Colize de faire référence à son propre passé, un petit rappel d'Un Long Moment de Silence et de cette Pologne tant ballotée.


Paul Colize est un écrivain qui sait me toucher non seulement par sa plume émouvante et brillante mais aussi par sa constance à manier, dans le romanesque, des faits réels et un angle de vue sociologique. Ici, à nouveau il intègre des petites histoires dans la grande Histoire, piqure de rappel nécessaire pour d'une part tenter de ne plus commettre les mêmes erreurs et d'autre part ne juger autrui que sur des actes et non des supputations. L'audience est levée.
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je découvre la plume de Paul Colize avec son dernier roman en date Devant dieu et les hommes . C'est lecture agréable, avec une belle plume, une intrigue addictive , portée par des thématiques prenantes .
Même si je me demande encore comment qualifié ce roman : polar judiciaire ? roman noir ?
1956 , en belgique, une jeune journaliste qui a du mal à se faire une place au sein de son journal, le milieu étant très très machiste , se voit , à sa surprise , offrir une chance de faire ses preuves par son patron ,et part couvrir à un procès qui fait grand bruit : celui de deux mineurs , italiens, accusés d'avoir profité d'une catastrophe minière pour tuer leur patron.
Nous assistons à ce procès avec elle, et si dans certains romans, ça peut être ennuyeux voire laborieux, ici je l'ai suivi avec plaisir, car très accessible niveau technicité ( pas de langage hyper juridique ) , et les joutes verbales entre le procureur et l'avocat de la défense sont un de ce roman . un procès qui fait la part belle à la thématique de la xénophobie et à la condition difficile des mineurs , qui risquent leurs vies pour pas grand chose.
au fil du procès, se dévoile aussi la vie de l'héroïne, et un aspect de cette vie en particulier m'a particulièrement touchée . Difficile d'éprouver autre chose que de la sympathie et de l'empathie pour Catherine .
Par contre, il ne faut pas s'attendre à un suspens de dingue. La fin est très / trop classique, je m'attendais à une révélation / rebondissement ... à défaut ,elle reste sympathique .
A noter que l'histoire ce ce livre apporte une touche d'originalité, puisqu'à l'origine, il s'agit d'une pièce de théâtre jouées par des auteurs de polars tels que Thilliez, Bussi, Lebel. J'aurai bien voulu être parmi les spectateurs !!!
En tout cas, ce fut une lecture fluide, qui me donne envie de continuer la découverte de l'auteur , et j'ai de quoi faire, j'en ai même quelques uns qui attendant sagement leur tour dans ma pal . Un essai transformé
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Excellent roman qui nous tient en haleine de bout en bout!

Paul Colize, Excellent auteur qui nous plonge réellement dans l'ambiance de ce procès pour meurtre.


Pendant toute la lecture, j'étais assise à côté de Katarzyna la jeune journaliste du Soir.
Avec quelques phrases glissées habilement dans les différentes interventions des protagonistes, il replace cet événement non seulement au coeur de la catastrophe du Bois du Cazier de 1956 mais aussi dans l'environnement socio -économique et politique de la Belgique d'après guerre.
L'époque est à la reconstruction, les belges ne veulent plus descendre dans les mines de charbon et officiellement, l'Etat à fait appel aux travailleurs italiens pour les remplacer.
Mal accueillis dans des baraquements insalubres, victimes de quolibets et de tous les préjugés qui attendent (toujours et malheureusement encore) ces émigrés vénus d'ailleurs eux qui espèrent pourtant travailler et trouver un avenir meilleur!



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Paul Colize, dans son nouveau roman Devant Dieu et les hommes, nous rappelle un évènement qui s'est produit dans les années 50 : un incendie dans une mine à Marcinelle et qui causa la mort de plus de 200 mineurs.
En s'inspirant de faits réels, l'auteur nous fait assister au procès de deux mineurs, non pas soupçonnés, mais carrément accusés d'avoir profité de la catastrophe pour tuer leur contre-maître, surnommé le Kapo par les hommes de son équipe.
Ce roman est très intéressant et pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, la catastrophe en elle-même, racontée par ceux qui y ont survécu, par les épouses qui ont attendu des jours entiers que tous les corps soient remontés, espérant les vivants, pleurant déjà leurs morts.
Le procès ensuite. Pour les amateurs de polars judiciaires, les interrogatoires, les plaidoiries, les témoignages sont autant de démonstrations d'une justice qui condamne avant de juger car ces mineurs, italiens débarqués à la mine souvent très jeunes, parlant à peine français, sont surtout coupables d'un délit de faciès. Ils ne comprennent pas certaines questions délibérément compliquées par le procureur, leurs réponses approximatives interprétées. Comme encore parfois de nos jours. du racisme à l'état pur.
On ne sait ce qui est le plus touchant dans ce roman : le décès des mineurs ou ce procès de deux victimes de la mine et de la machine judiciaire.
Beaucoup de dialogues, peu de descriptions, en font un roman qui se lit très rapidement.
Une bonne surprise pour moi qui n'avait pas encore lu de livre de Paul Colize.
Lien : http://www.evadez-moi.com/ar..
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Un bel hommage à la tragédie qui s'est abattue sur la mine du Bois du Cazier (Charleroi - Belgique) en 1956 : un incendie a fait plus de 250 morts. Un beau roman de procès où les joutes verbales entre le procureur et l'avocat de la défense sont passionnantes. Ce qui ne m'a pas convaincu, c'est le personnage de la journaliste Katarzyna. Son histoire personnelle est très loin de la tragédie de la mine et il me semble que son rôle est surjoué.
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Bonne lecture avec ce roman noir mettant également en avant un fait réel qui a eu lieu en Belgique en 1956, la catastrophe de la mine du Bois du Cazier à Marcinelle. Je dois dire que je n'avais jamais entendu parlé de cette catastrophe et donc ce roman a été instructif de ce côté là, on ressent que l'auteur a passé du temps à y faire des recherches pour écrire son récit, celui-ci étant écrit, au départ, comme une pièce de théâtre et à ensuite été écrit sous forme de roman.

Nous sommes donc plongé au coeur d'un procès de 2 mineurs italiens accusés du meurtre de leur supérieur. J'ai apprécié la plume de l'auteur (que je découvrais pour la première fois) qui m'a transporté dans cette salle d'audience, j'avais l'impression d'y être présente également. Les mots techniques sont compréhensibles et les chapitres ne sont pas trop longs, ce qui donne une lecture fluide sans longueur. J'ai apprécié découvrir les différents personnages (accusés, journalistes (j'ai adoré Katarzyna), avocat, procureur...) et leur témoignage, on se met à enquêter nous même d'une certaine façon, en se posant la question de savoir si Donato Renzini et Francesco Ercoli sont coupables ou pas.

Et puis il y a thèmes et sujets abordés, tel que la discrimination, la place de la femme, le racisme, la xénophobie, le machisme, la vie après guerre ou encore les conditions des mineurs, mais avec également une jolie touche de solidarité féminine. Tous ces éléments on rendu l'histoire prenante et remplis d'émotions diverses.

C'était donc une bonne lecture (sur une histoire terrible), je lirais très sûrement d'autres romans de l'auteur.

Je remercie Babelio pour la Masse Critique et la maison d'édition pour l'envoi de ce livre.
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Paul Colize entraine ses lecteurs dans un passé pas si lointain, en Belgique son pays natal. le 8 août 1956 à Marcinelle tout près de Charleroi, la plus dramatique catastrophe minière De Belgique causa la mort de 262 mineurs dans les galeries du charbonnage du Bois du Cazier dont certaines ont été creusées à plus de mille mètres de profondeur. L'auteur ajoute à cette tragique réalité un soupçon de fiction, la mort suspecte du porion Gustave Fonck. Il semble avoir été assommé et étouffé dans une galerie pendant la catastrophe et tout accuse deux mineurs de fond. le procès se tient à la fin de l'année 1958, Paul Colize a choisi une narratrice pour faire le récit du procès des deux suspects dans un roman aussi noir que le charbon et les conditions de travail et de vie des mineurs de l'époque.

Katarzyna d'origine polonaise est une jeune employée au quotidien Le Soir cantonnée aux vétilles. le journalisme est le monde réservé des hommes et lorsque le rédacteur en chef propose à Katarzyna de couvrir le procès de Marcinelle, elle n'hésite pas même si elle devine la difficulté de la tâche et sent le piège qui est peut-être tendu à la jeune femme.

Paul Colize est un remarquable conteur d'histoires, le regard de Katarzyna est fait de lucidité et d'émotions. Auditions, réquisition, plaidoirie, délibération sont là mais rien d'austère et au final il y a du polar dans la procédure judiciaire. Avis techniques, expertise médicale, témoignages, accusations, faits et suppositions se succèdent comme dans une enquête. Et comme dans un polar le charme opère. Katarzyna essaie d'analyser les attitudes, les silences, les réactions du procureur, de l'avocat, du juge et des jurés. Tous des hommes ! Les échanges sont tendus, il y a des accrochages verbaux, de la détresse et de l'espoir, un mobile trop simple, un policier arrogant. Les menteurs créent des fausses pistes, le témoin de dernière minute provoque un rebondissement. le suspense est de plus en plus présent car Katarzyna d'observatrice devient partie prenante. Elle se révolte lorsqu'elle est confrontée à l'incompréhension. Elle approfondit avec opiniâtreté pour lever des doutes. Elle doit surmonter le découragement provoqué par l'attitude des hommes à son égard.

Le récit des deux accusés se fait dans un français hésitant. Ils sont italiens et à ce titre ils font des coupables idéals. Ce polar judiciaire est aussi un roman noir et social qui dénonce les discriminations subies par la main d'oeuvre étrangère corvéable à merci, la xénophobie, les conditions de vie déplorables pour les mineurs et leurs familles. le personnage de Katarzyna cristallise toutes les atteintes aux droits des femmes. Jugée incapable d'exercer le métier de journaliste, objet de moqueries vulgaires, elle mène un combat non seulement pour que le procès de Marcinelle soit juste et équitable mais aussi pour surmonter tous les traumatismes qu'elle a subi pendant la Seconde Guerre mondiale comme une multitude d'autres femmes.

« Devant Dieu et les hommes » est un grand roman noir, avec un beau titre. Il démontre aussi que des faits historiques restent cruellement d'actualité.

Paul COLIZE - Devant Dieu et les hommes. Éditions Hervé Chopin. Parution le 21 septembre 2023, ISBN 9782357207264
Lien : http://mille-et-une-feuilles..
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