En lisant, dès la page 12
Jean-Marie Colombani, fondateur du site et ancien directeur du journal le Monde, se tourna vers moi et me glissa à l'oreille : « C'est bien votre livre sur Hollande. J'en ai entendu parler. Continuez… »
On a tendance à s'attendre au pire. Mais non. Ce livre se démarque à la fois des récits à la gloire du monarque présidentiel (il y en a eu très peu me direz-vous) ou de ceux qui s'adonnent sans retenue au Hollande Bashing (là, il y en a à revendre.)
Jeremy Collado a pris le conseil de Colombani très au sérieux et derrière le titre « Je fais attention à tout (l'histoire du jeune et rusé
François Hollande) », on devine (que peut-on faire d'autre me direz-vous) les heures de travail passées à compulser des tonnes de documentation (que d'autres ont déjà passé au crible de leur sagacité affutée) à traquer l'interview (dont d'autres ont déjà tari la source).
L'auteur a choisi de nous présenter l'histoire d'un jeune homme, venant d'un milieu privilégié, brillant en études, et adepte de la synthèse entre :
Un père -Georges Hollande- tiraillé entre la politique (il se plante deux fois à des élections locales) la médecine (il est chirurgien ORL) et les affaires immobilières : « Tout ça lui monte à la tête. Georges roule en Mercedes blanche et, dans le quartier, chacun se retourne à son passage. Rien ne peut plus l'arrêter. Il achète des terrains, mène ses activités immobilières tambour battant, malgré les appels à la prudence (…) Et profite parce qu'il pense que la France est envahie peu à peu par les Gauchistes. » ;
Une mère – Nicole Tribert – « (…) chrétienne méditative et constante (…) qui cajole ses enfants (…) Elle donne beaucoup aux autres sans compter. »
Et dans la maison de Bois Guillaume, voltairien qui s'ignore encore, le petit François « (…) cultive son jardin. Une passion restée longtemps secrète et inavouée. »
Son parcours, dès lors semble tracé. Il ne se rase pas encore tous les matins, mais il y pense, il y pense. A l'école, il devient délégué et s'interpose toujours dans les bagarres « C'est plus fort que lui. C'est son côté Robin des Bois. Il porte secours aux plus faibles. Il a le coeur sur la main.»
A Neuilly où la famille habite maintenant, le ménage détonne. Nicole est « assistante sociale (…) et distribue des tracts pour l'autogestion (…) les patrons ont besoin des ouvriers, mais les ouvriers, eux, n'ont pas besoin des patrons ! » L'expérience de Lipp n'est pas loin…
Au lycée Pasteur, il se fait à nouveau élire délégué. Là il rencontre une bande qu'il transforme en sa bande d'amis. On y retrouve notamment Thierry Lhermite et
Christian Clavier…
L'intérêt du livre est de démonter la mécanique d'un parcours, celui d'un enfant de bourgeois qui s'en défendent et ce faisant marquent une différence entre eux et les autres.
L'individualisme occulté par l'affirmation d'un altruisme autrement plus tolérable est la marque de fabrique de nos leaders politiques quelle que soit leur famille politique.
Au fond, l'homme politique à la française, fait de brillantes études, travaille rarement dans le monde de la production, rencontre un mentor qui le guide à travers les arcanes des institutions, l'incite à se présenter à des élections locales « le samedi c'est marché à Tulle. L'endroit où François s'enquiert des premiers pas du petit, des études du plus grand et de la santé de la plus âgée. Sur les étals on le reconnaît à son sourire, jamais forcé, et ses petites mains qui glissent. »
Livre agréable et plaisant à lire. Lisez-le si vous en avez l'occasion.
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