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EAN : 9782849504895
Syllepse (25/01/2016)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :


ContreTemps – Revue de critique communiste
Nouvelle série – N°28 – quatrième trimestre 2015

ÉDITO
Francis Sitel : Le piège terroriste
Patrick Chamoiseau : Pour la juste démesure

SITUATION(S)…
Francis Sitel : Après les régionales, l’œil du cyclone
Paul Alliès : Crise de régime, changement de république
Michel Husson : Le social-hollandisme ou l’impossible synthèse
Louis-M... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
La barbarie se tient aussi en nous et peut jaillir de nous

Comme pour les précédents numéros, je n'aborde que certains articles.

En premier lieu, le texte de Patrick Chamoiseau « Pour la juste démesure » publié avec l'aimable autorisation de l'auteur et de la revue (lire sur le blog "entre les lignes entre les mots"). Des excès, des prédations, des injustices des démocraties capitalistes à une conception ouverte de la « sécurité »… Une oxygénation des espérances, une sereine démesure comme « chant partagé d'une même planète ! ». le titre de cette note est adaptée d'une phrase de l'auteur.

Paul Alliès, « Crise de régime, changement de république » aborde la notion de « crise politique », parle de sa « temporalité propre », du traitement spécifique des questions de « pouvoir », de légitimité et de mise en cause de la légitimité, de la part de contingence, de hasard dans le surgissement de l'imprévu…

Il souligne la « vérité » du régime de la cinquième république, le « présidentialisme » et rappelle que « En réalité seule une représentation proportionnelle dans une Assemblée nationale en tout ou partie, permettrait, comme dans presque tous les régimes existants en Europe, de trouver une issue partiellement démocratique avec une nouvelle majorité gouvernementale assumant ses orientations politiques d'ici la fin du quinquennat ».

Je souligne les arguments de l'auteur sur un « moment constitutionnel », sur les liens entre ce moment et une révolution démocratique, l'« autogouvernement possible de la société », les droits et libertés numériques et « le principe absolu de la délibération à leur sujet », l'« institutionnalisation d'une démocratie délibérative », la « formalisation de cette démocratie participative directe », le changement nécessaire de République (« aborder de front la question politique et constitutionnelle du changement nécessaire de République en tant que tel »), la constitution comme « code démocratique de la société » et non comme programme fixe ou fixé…

J'ai particulièrement été intéressé par l'article de Louis-Marie Barnier « Air France : vers un nouveau modèle professionnel néolibéral ? ». L'auteur interroge « les modes de structuration de la représentation du travail dans l'entreprise », le néolibéralisme comme « fait social total », le passage du service rendu à la recherche de rentabilité, le rôle du transport dans l'économie mondialisée, « Cette position confère une obligation au système transport, coûter le moins possible pour ne pas peser sur ces échanges mondiaux, poussant à des restructurations permanentes ».

Pour comprendre les racines des conflits dans le transport aérien, il convient de prendre en compte la réduction des emplois comme « levier pour restructurer le travail en profondeur », la « sous-traitance systématique », l'intensification du travail, le recul du contrôle sur le travail par les salarié-e-s… « Cette déstabilisation du travail quotidien et l'absence de reconnaissance en contrepartie relèvent d'une remise en cause du modèle professionnel historique de la compagnie », sans oublier la sécurité, « l'esprit de la ligne », et la mise en concurrence généralisée des un-e-s contre les autres.

« L'action syndicale en tant que telle ne porte-t-elle pas une force qu'on dira politique, au sens noble du mot, qui dépasse de beaucoup la dimension institutionnelle ? Une intervention politique politique qui ne s'ancrerait pas dans la lutte quotidienne des salariés, oubliant ce que sont les aspirations de ces derniers, n'est elle pas condamnée à déraper et dépérir ? », des questions d'hier et d'aujourd'hui pour ouvrir la première partie d'un dossier « Syndicalisme et Politique ».

Syndicalisme de métier, syndicalisme d'industrie, « double exigence d'un travail revendicatif immédiat et d'une projection vers des transformations structurelles », développement du capitalisme, hétérogénéisation et unification, structuration du marché du travail par l'Etat, institutionnalisation et bureaucratisation, concentration sur l'entreprise (« La concentration sur l'entreprise est une évolution mortifère pour un syndicalisme confédéré » – Jean-Marie Pernot), ruptures internes des différents engagements, extension de la chaine de valeur et explosion des collectifs de travail, division syndicale, temps réduit à celui de l'urgence, rôle de la grève, du blocage des moyens de production, activité interprofessionnelle internationale… de nombreuses autres questions.

Si Sophie Béroud indique « le rôle des syndicats en tant qu'organisations de classe ne peut-être séparé d'une réflexion plus large sur l'intrication des rapports sociaux de domination », cette dimension semble bien omise des autres textes. Il en est de même des évolutions du salariat (voir par exemple : Danielle Kergoat : Se battre disent-elles…, Pierre Rolle : Où va le salariat ? ou Claude Gabriel : Evolution de la société, des entreprises et segmentation du salariat), sans oublier l'emploi presque généralisé du masculin soit disant neutre…

Je souligne, une fois de plus, un bel article de Gilles Bounoure : Les ciseaux de Lam.

Je termine avec un « agacement » pour ne pas dire plus.

Patrick Tort dans un entretien sur « Biologie, politique, civilisation » indique « le capitalisme peut intégrer l'antiracisme et l'antisexisme, et il vaut la peine d'étudier la manière dont il le fait. Ce qu'il ne peut intégrer, c'est l'anticapitalisme ». Sans préjuger des connaissances de l'auteur en matière de sexisme (qui n'est pas une mauvaise manie) ou de féminisme, il y a là un aveuglement sur les conséquences pour les femmes des rapports sociaux de sexe, du système de genre, de la sexuation du monde, de l'imbrication des rapports sociaux, de leur coextensivité et consubstantialité. Il n'y a pas d'un coté le capitalisme et les rapports sociaux de classe et de l'autre, les rapports sociaux de sexe ou de « race ». Un anticapitalisme sans prise en compte de ces autres dimensions systémiques n'est donc pas un anticapitalisme.

Je passe sur l'affirmation de « la réalité biologique du sexe » (la fameuse coupure fantasmée entre nature et culture… voir, entre autres, Anne Fausto-Sterling : Corps en tous genres. La dualité des sexes à l'épreuve de la science), sur la « nature brute », la « revendication sectorielle d'égalité ». Mais pas sur « l'évolution biologique est un fait » sans consistance, scientiste et non scientifique, car n'expliquant rien. L'auteur gagnerait à lire les écrits des féministes aussi sur ce sujet, comme par exemple l'ouvrage de Priscille Touraille : hommes grands, femmes petites : une évolution coûteuse – les régimes de genre comme force sélective de l'adaptation biologique, et se penser comme « situé » dans les rapports sociaux, dont ceux de sexe… et donc devant être « modeste » lorsqu'il aborde ou oublie la domination systémique des hommes sur les femmes, y compris dans les élaborations à vocation scientifique…
Lien : https://entreleslignesentrel..
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