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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Francisco Coloane ne décrit pas la Terre de Feu comme si c'était Eldorado.
Avec les neuf nouvelles du recueil, Francisco Coloane rend compte de la désespérance des hommes qui ont cru que la richesse était à leur portée, mais que la nature hostile de la Terre de Feu leur a refusé et elle a conduit certains à la folie.
L'Intrigue des nouvelles :
Tout au long des nouvelles, j'ai bien aimé la connaissance et l'amour pour chevaux qu'à Francisco Coloane, il le fait sentir sans l'écrire. Les chevaux sont les compagnons les plus proches des ses hommes perdus.
Les nouvelles sont bien dimensionnées, Francisco Coloane écrit tout ce qu'il faut savoir, notre imagination fait le reste.
Même si les nouvelles ne sont pas réjouissantes, leur lecture retient toute l'attention.
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« Barre à Bâbord, Toute ! » Comment peut-il en être autrement ? Découvrir le monde, chevaucher les vagues, chanter du Florent Pagny et s'aviner avec les baleines, partir loin au-delà de la ligne d'horizon, cap vers le soleil qui ne se couche jamais… Destination : le Chili, la Patagonie et Tierra del Fuego, la Terre de Feu.

Si j'ai plongé dans l'univers Coloane, ce fut justement pour me préparer à un long voyage. Voyage vers l'aventure, voyage vers la découverte des contrées tellement lointaines que seuls mon imagination et mes rêves peuvent y mettre les pieds… Cette expédition qu'elle soit à travers la pampa ou sur les flots agités d'une mer en compagnie des baleines et cachalots est inoubliable. J'en oublie même les histoires, courtes, je regarde le soleil se coucher sur l'horizon seul au milieu de la pampa, ou seul au milieu d'un océan agité. Pourtant, elles sont plaisantes ces nouvelles, parfois drôles, parfois tendres mais le plaisir, pour moi, est ailleurs. J'aime voyager et je retiens surtout ces fabuleux paysages de Chili ou de Patagonie.

Le spectacle m'essouffle à la tombée de la nuit, lorsque les premières étoiles me font des clins d'oeil complices. Quelques pièces d'or en main, à la recherche d'un trésor caché, ou dans un bar miteux à m'ivrogner en compagnie d'un vieux loup de mer, voilà de quoi s'évader pleinement de mon quotidien, de ramper, de nager, de voler sous de nouveaux horizons encore préservés de la furie dévastatrice de l'humanité. Il reste encore une terre vierge ; cette terre, chère à Francisco Coloane, est « Tierra del Fuego », avis à tous les Grands Voyageurs dans l'âme….

La sirène du bateau m'appelle, il est temps de remettre les voiles. Destination : Loin, très loin, très au sud et très à l'ouest. Mais cette fois-ci, je ne pars pas seul. Tu seras là, compagnon de beuverie, une flasque à la main pendant que je hisse la voile.

« Tierra del Fuego », l'ultime escale la fin de l'errance avant que j'ose le silence…
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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« Les hommes restent seuls trop longtemps là-bas. Alors ils commencent à regarder les Indiennes et ils se disent qu'une sale Indienne est quand même préférable… J'ai vu, une fois, des chasseurs qui avaient attaché une femelle phoque pour se soulager. J'étais avec eux ; mais ça ne m'a pas fait envie. Ces barbares ont ensuite dépecé la femelle vivante, pour vendre la fourrure. Mais le lendemain, sur la plage, il ne restait pas la moindre trace de la femelle écorchée : elle avait réussi à se traîner jusqu'à l'eau. Cette femelle a hanté l'esprit d'un des chasseurs jusqu'à ce qu'il devienne fou. »

Cette anecdote effrayante, tirée d'une interview de Francisco Coloane au journal le Monde en novembre 1995, est bien dans le ton du recueil de nouvelles « Tierra del Fuego » paru dans les années 60 au Chili.
Elle donne un bref aperçu du talent de conteur de cet écrivain dont les aventures en Terre de Feu constituent l'essentiel d'une oeuvre de nouvelliste dans laquelle bien souvent la violence de la nature et la sauvagerie de l'homme se confondent.

« Terre de Feu », la nouvelle la plus longue, relate la fuite de trois cavaliers le long de la côte sud de cette province du bout du monde. La révolte de ces chercheurs d'or a tourné court et les voilà maintenant poursuivis. Leur complicité salvatrice résistera-t-elle à la découverte par l'un d'entre eux d'un filon d'or sous les ossements d'une baleine échouée ?

« Sur le cheval de l'aurore » est une nouvelle d'une grande originalité qui donne un petit aperçu de la préhistoire de la Patagonie.
Suite à une mauvaise chute, un cavalier est plongé dans une amnésie de trois jours et se prend pour un homme des cavernes confondant les autruches, nombreuses dans la région, avec des dinosaures…

« Cinq marins et un cercueil vert » est une histoire magnifiquement contée. Par une nuit d'hiver cinq marins descendent à quai pour enterrer un membre de l'équipage. Sur la route du cimetière, ils s'arrêtent évidemment au café et laissent le cercueil à l'extérieur. Pendant que nos lascars éclusent, la neige recouvre peu à peu le cercueil. Feu l'ancien timonier n'est pas prêt d'arriver à sa dernière demeure…

Les six autres nouvelles sont également des tranches de vie d'aventuriers de tout poil. On passe de l'une à l'autre, heureux de découvrir des histoires parlant au meilleur de notre imaginaire. Chacune d'entre-elles est une bouffée de fraîcheur venue du fin fonds de ces contrées australes.

Luis Sepúlveda a écrit la préface de « Tierra del Fuego » en 1993. A ses yeux Coloane est le pionner du récit d'aventure du continent sud-américain. Sa préface est empreinte de respect et d'amitié pour ce farouche défenseur de la nature.

Admirateur de Conrad, Melville et Hemingway, Francisco Coloane est dans la lignée de ces illustres écrivains. La jeunesse chilienne ne s'est d'ailleurs pas trompée, elle a toujours plébiscité les écrits de celui qui est devenu au fil des décennies son auteur préféré.

L'aventurier Coloane a travaillé un temps sur un baleinier. Il redoutait plus que tout de périr en mer et s'est éteint paisiblement à Santiago en 2002, à l'âge de 92 ans.
Quelques années auparavant il disait avec modestie : « L'écrivain qui essaie d'écrire comme le peuple parle, se trompe, car le peuple aura toujours des métaphores plus belles et plus pures. »
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Après trois semaines de voyage en Patagonie et presque autant à trier mes photos et soigner mon blues, il était temps que je me remette à écrire des chroniques. Je crains d'avoir la main un peu rouillée, mais tant pis, je ne peux pas faire autrement que de commencer par celle-ci : Tierra del Fuego. Cela s'impose.
Emporté dans mes bagages, ce recueil de nouvelles m'a offert un voyage dans le voyage, à la lumière de la frontale sous la tente ou au long des kilomètres de bus à travers la steppe patagonne entre Puerto Natales et El Calafate.
Au premier abord, la Patagonie que j'ai découverte « en vrai », avec mes yeux et mes pieds de randonneuse, est différente de celle de Coloane : j'ai eu la chance de marcher autour du Fitzroy et des Torres del Paine sous un soleil radieux, et même si un ciel gris a ensuite plombé un peu les couleurs autour d'Ushuaïa, des conditions météo aussi clémentes tiennent pratiquement du miracle. Rien à voir donc avec l'âpre climat des nouvelles de Coloane, bien souvent hostile, avec pluie, froid, vent et neige qui se déchaînent, et qui rendent si inhospitalières, voire sinistres, ces terres désertiques et arides. Pour survivre dans cette région mythique (et là je ne vous parle pas de moi, touriste voyageant pour le plaisir, et en bonne compagnie, retrouvant un abri douillet après chaque journée de rando), il faut y être né, être doté d'une sacrée force de caractère, ou être désespéré. Ou un peu tout ça à la fois. Car la Nature, aussi grandiose soit-elle, est seule maîtresse. Les hommes doivent s'adapter, ou être écrasés, il y a peu d'alternatives. Enfin si, ils peuvent aussi devenir fous, de solitude ou de douleur. Chercheurs d'or, marins, soldats, bandits, on croise dans ce recueil des personnages, forts ou faibles, pour la plupart attachants, tous hors du commun, aux prises avec la vie ou la mort dans cette immensité infinie.
« Il est des paysages, comme des instants de notre existence, qui restent à jamais gravés dans la mémoire ; ils s'imposent à nous avec une intensité bouleversante ». C'est là que « ma » Patagonie rejoint celle de Coloane. Encore sous le charme (sous l'emprise, même) de ce Grand Sud sud-américain, je n'arrive pas à décrire autrement mon voyage : intense et bouleversant, par ses paysages et les souvenirs que j'en garde. Dites-moi si je me trompe : ça ressemble un peu à un coup de foudre, non ?
Lien : http://www.voyagesaufildespa..
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superbe livre de neuf nouvelles pour dépeindre les paysages, les animaux, les hommes de la Terre de feu. fureur beauté dureté, sous la plume de cet écrivain, j ai découvert un peu de cette partie du monde, Chili, Patagonie, le détroit de Magellan, au fil des histoires d hommes confrontés à la mer. c est un vrai voyage. c est superbement bien écrit. On y est encore après avoir refermé le livre qu on aurait voulu voir bcp plus épais.."Cap Horn" m appelle déjà :)
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Écrits de démesure… Démesure de la terre, âpre, rude, infinie. Démesure des hommes : orpailleurs, baleiniers, péons, contrebandiers…
Tous taiseux . Tous faits de ce vent qui foudroie pampa et Îles de la terre de Feu.
Ce serait faire injure à Coloane que de s'épancher sur cette oeuvre magistrale. le colosse était peu loquace, à ce que l'on dit. Ses mots ne sont guère plus bavards. Ciselés à l'économie, ils racontent tantôt la tendresse, tantôt la violence. Parce que cette Terre n'enfante rien que d'extrême.
Aucune modération dans ces nouvelles où l'homme se mesure à ce qu'il y a de plus animal en lui. Dans ces paysages du bout du monde, la survie s'agrippe aux vagues et au vent...
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Tierra del fuego est un recueil de nouvelles où il dépeint des personnages haut en couleurs, parfois héroïque et parfois capable des pires choses par appât du gain. Coloane est un écrivain dont je n'avais jamais entendu parler mais qui mériterait d'être plus connu. Son recueil est tellement bien écrit qu'il nous paraît beaucoup trop court, je suis restée sur ma faim. La bonne nouvelle c'est que je vais me jeter sur tous les autres livres qu'il a écrit.
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Plus de 25 ans après sa lecture, j'ai eu envie d'écrire un petit mot sur ce livre de Francisco Coloane. Je lisais Séquoias , très bon livre de Michel Moutot .Au fil du récit, il y parle des Alakalufes au fin fond de la Patagonie.La récit de Coloane m'est revenu en mémoire. Je me suis aperçu que je n'avais jamais oublié Coloane, le Jack London de l'Amerique du Sud
Depuis , j'ai eu la chance de parcourir cette région austère ,magique et belle. Pour tous les amoureux des grands espaces, un conseil: lisez ou relisez Coloane. C'est quelquefois dur comme la vie mais c'est beau.
Des livres qu'on oublie pas.
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Après CAP HORN et LE DERNIER MOUSSE, je suis retournée en terres australes en compagnie de Francisco Coloane avec TIERRA DEL FUEGO, un recueil de nouvelles.
Une fois encore, j'ai été dépaysée et l'aventure a été aussi magique qu'éprouvante.

Francisco Coloane nous parle de la Terre de Feu, un espace aride et dur qui change le coeur des hommes. Cette terre inhospitalière accueille des êtres solitaires dont le corps, l'esprit et le sens moral sont mis à rude épreuve. On y croise des chercheurs d'or avides, des insurgés désespérés, des marins à l'âme desséchée par les vents du large, des chasseurs rêvant de fortune, des bandits de grands chemins et des femmes qui cachent leurs larmes.
La vie est âpre et souvent désespérée mais il suffit de la chaleur d'un petit animal abandonné pour qu'une «brise d'humanité» viennent adoucir la vie des hommes.

J'ai aimé toutes les nouvelles qui composent ce recueil. J'ai adoré chevaucher dans la pampa, me réchauffer aux feux de camps, boire de l'eau-de-vie à même la bouteille, affronter la mer déchaînée, voir le soleil rosir le ciel, partager le repas des péons...
À n'en pas douter, le retour à la vie normale va être difficile mais je repartirai bientôt pour d'autres aventures avec Francisco Coloane car il a encore beaucoup à me dire sur sa Terre de Feu.
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Le Chili Brûle ! Déjà, en 2017, le pays s'était trouvé dévasté par des incendies ravageurs. Aujourd'hui, ça recommence, l'ampleur est sans commune mesure avec les événements passés.
Quand je pense Chili, un conteur me vient immédiatement à l'esprit, Francisco Coloane. Je viens de ressortir "Tierra del Fuego", magnifiquement préfacé par Luis Sepulveda chez Phébus libretto.
Terre de Feu, sud du pays, au nom malheureusement prédestiné, voilà que l'ensemble de cette interminable bande de terre est contaminée. le Chili brûle ! le feu se propage à vitesse grand V. V comme Valpareiso, la perle du Pacifique. Oui, mais plus à l'Est, il n'y a plus rien de pacifique, c'est l'enfer.
Je vous emmène à la découverte de trois nouvelles du recueil "Tierra del Fuego", elles parlent du feu, et racontées par Coloane, ça prend une dimension épique.

La première s'appelle "Sur le cheval de l'aurore". En voici quelques extraits : "Une flamme s'éleva du foyer, repoussant l'obscurité dans les niches ménagées entre les stalactites qui semblèrent soudain se désagréger au-dessus de nos têtes en un tournoiement de lambeaux qui émettaient de petits cris gutturaux, comme si un étrange conciliabule surgissait soudain de la roche". C'est beau, non ? Merci à François Gaudry pour la traduction. "Du feu, nous ne connaissions que la vomissure incandescente des volcans et l'éclair destructeur qui déchirait parfois le ciel". Une époque où les humains ne savaient pas le déclencher, encore moins le maîtriser. Mais est-ce mieux maintenant ? le Chili brûle !
Dans "Terres d'oubli", le dérèglement climatique était déjà décrit admirablement. "Une année, le soleil fut tellement violent, comme cela se produit rarement dans la région, que les neiges se mirent à fondre jusqu'aux couches éternelles de l'ère glaciaire". Quand la chaleur peut entraîner des inondations meurtrières, le personnage Vidal a son pas qui s'tend. "Lorsqu'il arriva au bord de la vallée, le spectacle qui s'offrit à ses yeux était atroce... Tout avait été dévasté ! L'herbe était aplatie et sur le sol gisaient les cadavres de sa femme, de ses enfants et de ses employés, en état de décomposition avancée et à moitié dévorés par une bande de condors qui avaient pris possession de la vallée. Les maisons, arrachées de leurs fondations, avaient été broyées comme de simples boîtes d'allumettes. La plupart des moutons avaient disparu et ceux qui restaient encore étaient, comme les chiens et les chevaux, étendus au sol. le désastre était terrifiant".
Dans "La bouteille d'eau-de-vie", l'effet de l'alcool rend le paysage apocalyptique. "Lorsqu'il rouvrit les yeux, l'herbe de la pampa brillait, rouge, drue, comme en feu, blessant la vue. La tourbière se mit à trembler sous ses pieds, les broussailles, poussées par le vent, semblaient fuir, épouvantées, comme des êtres vivants; la pampa grésillait et l'éraflure bleue et blanche s'agrandissait dans le ciel."

Ainsi va le monde de Francisco Coloane, c'était un demi-siècle en arrière, mais ses descriptions sont toujours d'actualité. Je désirais vous faire partager ces extraits de "Tierra del Fuego" et vous donner l'envie de plonger dans ces nouvelles où les histoires imaginaires de folie et de mort transpercent notre présent. le Chili brûle !

Aujourd'hui, 4 février 2024, un an après, c'est encore pire !
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