AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,42

sur 335 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Silence "l'idiot du village", l'innocent à travers lequel se révèlent la méchanceté et la bêtise des autres. Au-delà de ses souffrances, des injustices et du mépris il découvrira la vérité sur ses origines, la magie, la sorcellerie, et la grâce de l'amour. Un album à la beauté sombre et violente. Percutant et envoûtant. Une lecture qui marque.
Commenter  J’apprécie          684
Beausonge, un nom bien doux et poétique pour un petit village retiré des Ardennes dans lequel on ne peut pas dire qu'il fasse bon vivre. C'est dans ce cadre, pas du tout enchanteur, que vit l'innocent du village, prénommé Silence en raison de son mutisme. Innocent est bien l'adjectif qui le qualifie le mieux. Doux, gentil, le coeur sur la main, il ne connait ni la colère, ni la haine, ni la vengeance.

Cette particularité va profiter à Abel Mauvy son «maître», personnage mauvais, violent, abject et libidineux. Ce sinistre personnage fait travailler Silence comme un forçat, le « prête » à des voisins et se moque de lui tout en s'en méfiant. D'une potentielle fonction de journalier, Silence est devenu son esclave, sa chose. Face à Abel Mauvy, le Thénardier de Hugo passerait presque pour un enfant de coeur.

Mutique en apparence, Silence entre plus facilement en communion avec la nature et les animaux qu'avec les hommes. La façon dont il est traité par Mauvy n'y est sans doute pas étrangère. Mais le vent perpétuel qui vient fouetter chaque page va apporter comme un souffle nouveau dans la vie et dans le coeur de Silence. Ce vent complice s'emporte et dans son sillon lève le voile sombre trop violemment et perfidement jeté sur de terribles secrets. Existe-t-il plus grand secret que celui des origines ? Même les secrets les plus noirs finissent par être mis au grand jour et parfois la fin est signe de renouveau…

L'univers de la sorcellerie avec ses rites et secrets est très finement abordé à travers deux personnages. Celui de la sorcière, le personnage féminin subtilement complexe et essentiel au déroulement de cette histoire. Mais aussi celui de « la mouche » mi rebouteux, mi sorcier qui ne se déplace jamais sans un aéropage nauséabond d'insectes autour de lui d'où son surnom. le traitement de ces deux personnages est particulièrement réaliste et convaincant en dépit de leurs dons surnaturels. Ils auront chacun un rôle à jouer dans le devenir de Silence.

Après la préface signée Henri Gougaud, ouvrir cette bande dessinée signifie s'embarquer dans un univers à la noirceur saisissante sans espoir de l'abandonner avant d'en avoir tourné la dernière page. le dessin en noir et blanc n'altère en rien notre plaisir mais l'amplifie au contraire tant le trait est abouti. Nous sommes confrontés à de véritables personnages aux aspects différents, aux expressions faciales adaptées à chacune des émotions ressenties; cela est assez rare et mérite d'être souligné à mon sens. Il y a dans la bande dessinée beaucoup trop de personnages mono expressifs voire pas expressifs, caractéristique rédhibitoire pour moi.

Enfin, des dialogues riches et percutants appuient cette histoire au point d'y retrouver l'intensité dramatique propre à un roman. La façon de matérialiser les pensées « simplistes » de Silence est également parfaite. Certains n'hésitent d'ailleurs pas à qualifier Silence de roman graphique, terme à la mode mais qui prend tout son sens ici. Didier Comès, nos routes vont à nouveau se croiser, il le faut.

Coup de coeur total en ce qui me concerne, Silence, il faut absolument en parler !
Lien : http://bouquins-de-poches-en..
Commenter  J’apprécie          570
Silence est un jeune homme muet et simple d'esprit. Il est fort, mais possède la mentalité d'un enfant. Profondément gentil, il ne connait ni la malice, ni la méchanceté. Habitant dans le village de Beausonge, Silence travaille pour un fermier méchant et avare, Abel Mauvy. Mais Abel et les autres habitants du village profitent de sa force, de sa gentillesse et de sa naïveté. le village possède un sombre secret et les villageois craignent que sous l'apparente naïveté du pauvre Silence se cache un être doté de pouvoirs maléfiques, comme cette sorcière qui vit au fond des bois et dont le jeune homme va bientôt faire la connaissance...

Après une belle préface d'Henri Gougaud encensant à la fois l'auteur et son oeuvre, me voici donc plongée dans cette histoire aux graphismes particuliers. Seuls le noir et le blanc sont utilisés, le coup de crayon est grossier mais pertinent et donne vie aux dialogues de cette histoire, créant une ambiance malsaine tout à fait appropriée. Car on est très rapidement aspirés dans la vie de Silence, qui est tellement innocent qu'il ne se rend pas compte du mal que les autres lui font. Au fur et à mesure, l'histoire prend de l'ampleur et, tout en conservant cette douce poésie qu'on ressent dès les premières bulles, l'intrigue se révèle noire et pleine de révélations plus sombres et malsaines les unes que les autres. Mêlée de fantastique, de magie, de croyances populaires, l'histoire de Silence ne peut pas laisser le lecteur de marbre face à la cruauté du genre humain. En tous cas, moi, j'ai adoré. Je recommande cet album, pour sa poésie, et pour sa beauté aussi bien narrative que graphique.
Commenter  J’apprécie          350
Beausonge est un petit village des Ardennes. Silence est un jeune garçon attardé, muet de naissance, aux ordres de son maître, le personnage le plus puissant du village, Abel Mauvy. Ame d'enfant dans le corps d'un homme, il ne voit ni ne comprend la méchanceté et l'injustice, regardant le monde de son regard naïf. Mais Beausonge n'est pas un village parfait et ses habitants ont des choses à se reprocher, des choses à propos de Silence. C'est la Sorcière qui le sait, et qui attend un signe. Un signe indiquant que Silence est prêt à apprendre la vérité, à apprendre l'amour, et son corolaire : la haine.

Je lis assez peu de bandes-dessinées. La première qui m'aie vraiment marquée était signée D. Comès : il s'agissait de L'ombre du corbeau. Depuis, j'ai du lire quasiment tous ses albums, et dans mon trio de tête des oeuvres de cet auteur, L'ombre du corbeau côtoie La belette (je crois que c'est celui-ci mon préféré) et Silence.
Dans ces deux derniers ouvrages, Comès prend soin de nous immerger dans l'ambiance des petits villages, matinés d'histoires d'amours qui tournent mal, de vengeance, de vengeance et d'amour, le tout mis en relief, en ombres et lumières, par les dessins chargés et les aplats blancs et noirs.
Ce sont souvent les simples, les purs et les naïfs, les isolés, les différents que met en scène Comès. Dans son oeuvre, les femmes sont souvent mystérieuses, et gardiennes des secrets et de la connaissance. Elles sont souvent sorcières également. Elles sont tellement belles, majestueuses, parfois impressionnantes, sous la plume de Comès.
Silence de Comès est un livre très poétique, qui nous nous amène à suivre une histoire dont on sait qu'elle ne peut bien finir mais qui nous porte quand même vers la lumière. A découvrir absolument.
Commenter  J’apprécie          290
Entre 1978 et 1997, le mensuel A suivre fut le fer de lance d'une bande dessinée d'auteur, à une époque où elle n'était pas très répandue. de plus, il publiait en noir et blanc, dans un paysage majoritairement dominé par la couleur.
Des auteurs (Tardi, Pratt...) ont marqué son histoire, mais sans doute aucun comme Comès, de son vrai nom Dieter Hermann. Silence est une des ses oeuvres phares, mettant en scène un personnage sourd muet (en l'occurrence Silence), souffre douleur de son maître, le notable Abel Maury.
Le récit nous conte l'émancipation de ce personnage rabaissé, par l'initiation et la magie, grâce à une femme que le village nomme la Sorcière.

Le charme de ce récit tient, pour moi, au fait de donner la parole à un personnage qui n'est même pas un anti-héros, mais qui se classerait plutôt dans la catégorie des invisibles, des sans voix. Émouvant, Silence ne peut que susciter la sympathie tant il semble incarner la bonté même. Par ailleurs l'atmosphère rurale de cette région d'Ardenne, un peu hors du temps, est extrêmement bien rendue, avec ce village que l'on sent lourd de secrets inavouables et cette lenteur du temps qui n'en finit pas de passer. La touche de fantastique, incarnée par la Sorcière, évite de sombrer dans un réalisme trop pesant. le tout est servit par un excellent dessin de Comès, tout en aplats de noir et blanc, parfois à la limite de l'abstraction (notamment dans les décors)

Définitivement Silence est un classique de la bande dessinée et représente une bonne entrée en matière pour appréhender ce qu'était l'esprit du mensuel A suivre.
Commenter  J’apprécie          290
Beausonge : un bien joli nom pour un village ! Pourtant l'ambiance qui règne dans ce petit village des Ardennes est bien éloignée de la promesse formulée : méfiance, avidité, superstitions, ... autant de mots correspondants aux villageois courbés sur les labeurs de la ferme ! L'existence y semble rude, figée par le temps, emmurée dans un terrible secret.

C'est là que vit Silence, insensible à la cruauté des autres, les normaux, prenant leurs moqueries pour de gentilles attentions. Bon et naïf, Silence "appartient" à Abel Mauvy, un homme avare et cruel qui profite du jeune homme pour faire tourner son exploitation à bon compte. Afin d'assurer son emprise sur le hameau, il n'hésite pas à prêter Silence à ses voisins pour les travaux des champs.

Communiquant difficilement avec les hommes, Silence est plus à l'aise avec les animaux et la nature : la forêt et la nuit lui semblent plus accueillantes. C'est au hasard de ces expéditions nocturnes qu'il rencontrera la Sorcière, tenue à l'écart du village et décidée à faire de Silence l'instrument de sa vengeance.

Jouant en noir et blanc dans un graphisme remarquable, Comès met en place une atmosphère sombre et inquiétante : tout autour de Silence, le village semble s'être ligué et taire un mystérieux passé. Une époque révolue dont quelques traces subsistent et qui semble liée aux origines du jeune homme.

Sous le trait de l'auteur, les paysages ardennais se transforment en lieux pesants, travail et quotidien y sont des supplices sans fin. Les superstitions et la cupidité viennent encore ajouter à l'obscurité ambiante.

De même, les personnages apparaissent crevant de réalisme, sublimes dans leurs pires défauts. le dessin est implacable, n'admettant aucune faiblesse, ni pitié. Tout au long du récit, les émotions et les sentiments dépassent les cases. Par le jeu des contrastes, volontiers ironique, ce sont les héros "différents", meurtris par l'existence et rejetés du monde, qui semblent détenir bonté et compassion.

Émouvante par le destin du héros qu'elle présente, Silence est une bande dessinée fascinante et ses qualités sont nombreuses : tant par les protagonistes mis en scène, que par le décor habilement reconstitué ou encore par le message sur la différence et l'acceptation de l'autre qu'elle véhicule. Un album superbe de noirceur, rehaussée de fantastique et de poésie : des pages à découvrir absolument !
Lien : http://nahe-lit.blogspot.com..
Commenter  J’apprécie          271
Des dessins somptueux qui, en noir et blanc, mettent la couleur en lumière. le scénario peut parfois paraître un peu mièvre, très baba, il s'en dégage cependant une puissance rare. Un doigt accusateur appuie là où ça fait mal. Tout en simplicité, comme quoi...
Commenter  J’apprécie          251
Magnifique roman graphique de Comès.
Il y a "quelques" années, on disait encore B.D. en parlant de tels ouvrages. Mais peu importe le nom qu'on lui donne, ce livre, car c'en est un avant tout, est superbe pour tous ceux qui aiment le beau et l'intelligent.
Ici, le dessin artistique se transforme en histoire fantastique. Comès et son Silence nous envoûte. On retourne dans une époque où le temps semble suspendu. La nature est le personnage principal de toutes les histoires de Comès, Silence ne fait pas exception.
Un jeune garçon muet, un village plein de non-dits, une sorcière qui sait tout mais ne dit rien... Silence ! le mystère est à l'oeuvre, la magie opère et le monde onirique de Comès nous enveloppe, alors laissons parler notre âme d'enfant...

Lien : http://www.babelio.com/liste..
Commenter  J’apprécie          240
Quelle différence par rapport à la BD que j'ai précédemment lue ! Envolées les couleurs dures qui encombraient la beauté du trait. Seuls restent le noir et blanc ! le trait est sinueux, tracé d'un seul élan et suffit à portraitiser jusqu'à l'âme les héros de cette histoire.
Un rien sarcastique, pour implanter son récit au 20ème siècle, dans un village à la frontière, englué de neige, appesanti des malversations et lâchetés de ceux qui règnent par la haine et croient manipuler les autres avec mépris. C'est une histoire intemporelle, où la magie noire est l'outil qui câche la noirceur des appétits, des désirs les plus bas.
Silence, si bien nommé, est une brute de travail d'une douceur et tendresse d'ange. Sa force physique est dissimulée sous un aspect fluet, son attention aux autres et l'amour qu'il leur porte, sous les traits d'un visage émacié au regard de serpent !
C'est une histoire d'amour et de vengeance, de bassesse et de tendresse.
Très belle BD.
Merci aux Babeliophiles qui, par leur critiques et avis, m'ont fait découvrir ce merveilleux artiste qu'est Monsieur Didier Comès.
Commenter  J’apprécie          190
Un Comès envoûtant...

Mais cela sonne comme un pléonasme. J'ai toujours été envoûté par les oeuvres de Comès. J'y retrouve mes racines. Une Belgique, une Wallonie de tradition, mais surtout un terroir, un peu inquiétant, une dimension où on cloue encore des corbeaux sur les portes. Où il y a à l'orée du bois tout proche un original, un peu rebouteux, un peu sorcier, un peu fou...

Silence, c'est une tragédie. Un destin, une plongée dans le regard des autres portés sur la différence, celle qui gêne. Car croiser des gens différents, cela nous empêche de profiter de nos plaisirs égoïstes, ceux que nous nous octroyons en nous masquant la réalité.

Silence... oui, faisons silence, Comès nous parle. Il nous enchante, nous lance un sort. Fermons les yeux, laissons-nous aller.
Commenter  J’apprécie          181




Lecteurs (649) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages de Tintin

Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.

Tintin
Milou
Le Capitaine Haddock
Le Professeur Tournesol
Dupond et Dupont
Le Général Alcazar
L'émir Ben Kalish Ezab
La Castafiore
Oliveira da Figueira
Séraphin Lampion
Le docteur Müller
Nestor
Rastapopoulos
Le colonel Sponsz
Tchang

15 questions
5239 lecteurs ont répondu
Thèmes : bd franco-belge , bande dessinée , bd jeunesse , bd belge , bande dessinée aventure , aventure jeunesse , tintinophile , ligne claire , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur ce livre

{* *}