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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Ou comment virer Dieu de la religion

Cet essai se découpe en 3 parties :
- Peut-on se passer de religion ?
- Dieu existe-t-il ?
- Quelle spiritualité pour les athées ?

Les 2 premières interrogations sont exposées très clairement et argumentées de manière logique. Elles ne présentent aucune originalité mais permettent de bien cerner le contexte afin d'aborder lucidement la 3ème question et d'y apporter une réponse.
Et c'est là que ça se gâte.
Le discours devient nébuleux, étayé par quelques témoignages et le ressenti de l'auteur ; la rhétorique supplante le raisonnement ; l'argumentation s'appuie sur une expérience mystique subjective.
Cette partie pourrait être rebaptisée « Quelle spiritualité pour celui qui ne croit plus en Dieu sans vouloir (ou pouvoir) se défaire de sa religion? ».

L'écriture est riche et maîtrisée, la définition des notions et concepts est précise, les références historiques sont bien amenées, le texte est bien construit. L'auteur se montre respectueux à l'égard de toutes les croyances et prône la tolérance, la morale et l'amour.
S'agissant de la forme, il n'y a rien à redire.
Mais quand au fond...

André Comte-Sponville entend combler le vide que peut laisser la perte (ou l'absence) de la foi en dieu. Et sa démonstration n'est pas convaincante, qui remplace juste une conviction par une autre, laquelle n'est pas plus justifiée (ou justifiable) que la première.
Il estime que Dieu a été inventé par les hommes, qui voulaient donner une orientation au monde existant ainsi qu'une signification à leur vie et à leurs souffrances : un grand mystère cachant un mystère encore plus grand. Et quelle alternative propose-t-il ? Je vous le donne en mille...

J'avoue être peu encline au mysticisme, et j'ai du mal à trouver un sens, et même un intérêt, à remplacer une religion avec un dieu (dont on ne peut prouver la réalité) par une religion avec un « Tout dans l'Eternité du présent » (dont on ne peut pas plus prouver la réalité).
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Cet essai se décompose en trois parties : "Peut-on passer de religion ?", "Dieu existe-t-il ?" et "Quelle spiritualité pour les athées ?".

Dans la première partie, on essaie de définir la notion de "religion" : ensemble de sacré et de communion. Comte-Sponville dit qu'on peut se passer du premier (des civilisations orientales en sont la preuve), mais que le second est indispensable pour pouvoir vivre ensemble : mêmes valeurs, but commun, cohésion dans la société, ... Et finalement, à partir du moment où on partage tous les mêmes valeurs, le fait de croire en un dieu ou pas, ou d'être de religions différentes, a très peu d'importance.

Dans la seconde partie, l'auteur nous donne ses raisons personnelles pour lesquelles il ne croit pas en Dieu : la faiblesse des preuves (ontologique, cosmologique, physiquo-théologique), faiblesse des expériences ("si Dieu existe, pourquoi je ne sens rien ?"), les explications théologiques sont encore moins compréhensibles que les phénomènes qu'elles sont sensées expliquer, l'excès de mal sur Terre, la médiocrité de l'homme, et le fait que Dieu ressemble trop à nos désirs pour n'être pas suspect. Comte-Sponville nous donne son point de vue personnel, et présente les arguments qui le convainquent le plus, il n'y a pas de volonté de bâtir des arguments qui feront que le monde entier se ralliera à son point de vue.

La dernière partie sur la spiritualité m'a un peu échappé : je ne me suis reconnu dans aucune des expériences qu'il décrit("sentiment océanique", expérience mystique, sentiment de plénitude, d'unité, ...), et elles me paraissent un peu obscures. Déjà sans religion, me voilà maintenant avec le sentiment d'être dépouillé de spiritualité. Mais que fait la police ?

La lecture dans l'ensemble était agréable : je n'étais pas d'accord avec tous les arguments donnés, mais ils sont exposés sans dogmatisme : on sent que l'auteur nous laisse tout à fait la liberté de penser différemment de lui sans nous considérer comme un "ennemi" à convaincre. Cependant, j'ai passé certains morceaux du texte où je ne me sentais absolument pas concerné (la dernière partie notamment...)
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Dédé a d'abord cru puis pu.
Dans ce livre, l'athée qui ne pense qu'à ça, nous parle de religion, de Dieu mais surtout de lui.
Il peut pas s'empêcher Dédé de parler de lui.
Mais surtout est-ce qu'on peut se comporter moralement même quand on ne croit pas ?
Platon pensait que les philosophes oui mais que pour les autres il fallait une théorie des récompenses après la mort...
Une idée qui a été reprise avec un certain succès depuis...
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Une réflexion plutôt moyenne même si le projet initial me semble être relativement salutaire du point de vue athée. Ce n'est pas sur le plan "idéologique" qu'on trouvera cet essai "moyen" mais sur le plan des arguments évoqués qui nécessitent, compte tenu de la complexité de la question, plus de profondeur.
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Trop souvent, la spiritualité est comprise comme la compagne exclusive sinon de la religion, du moins d'une forme de religiosité.

L'intérêt principal à mes yeux de «L'esprit de l'athéisme » d'André Comte-Sponville est précisément d'élargir le débat, sans agressivité aucune à l'égard des croyants mais sans non plus cette espèce de regret métaphysique qu'ont certains de ne pas croire tout en s'excusant presque de ne pas y parvenir.
Si l'on peut se passer de religion – pourquoi dès lors que l'on croit »en quelque chose » faudrait-il obligatoirement faire sien les dogmes d'une religion quelconque - on ne peut en revanche se passer de spiritualité. « Ne pas croire en Dieu n'est pas une raison pour s'amputer d'une partie de son humanité ». Pour Comte-Sponville, la spiritualité désigne cette pointe extrême de l'esprit qui est en même temps son amplitude la plus grande : cette partie de notre vie intérieure, ouverte sur l'illimité et qui a rapport avec notre sens de l'absolu, l'infini ou l éternité. Cette ouverture, c'est l'esprit même. La religion n'est qu'une de ses formes et certainement pas la seule.

Le matérialisme de Comte Sponvile affirme l'existence de l'esprit mais en nie radicalement « l'indépendance ontologique » Dans la vision immanentiste du philosophe, la nature est le tout du réel et elle existe indépendamment de l'esprit (qu'elle produit, qu'il ne produit pas).

Concevant l'athéisme comme une forme d'humilité- nous sommes fils de la terre – Comte-Sponville ne conteste pas qu'il puisse en résulter une forme de désespoir. Mais il s'agit d'un désespoir fécond qui fondé sur le refus des illusions, donne accès à une sagesse qui comme chez Épicure ou Lucrèce accorde à l'homme de se servir des choses qui existent dans le monde tout en lui permettant d'acquérir à son égard « l'indépendance sereine où il trouve à la fois sa dignité et son bonheur ».

Même si par endroits « L'esprit de l'athéisme » n'évite pas les relents un peu trop à la mode de « l'art de vivre » et du « coaching » il demeure d'une lecture très intéressante et constitue une bonne introduction à ce sujet si mal connu qu'est l'athéisme.
Athée ou croyant, en fin de compte, comme le rappelle ces vers d'Aragon, c'est toujours à l‘origine une même souffrance qui nous taraude :
« L'homme crie où son fer le ronge,
Et sa plaie engendre un soleil »
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