Hugo, c'était en 1989. Je me souviens vaguement de ce que des proches qui l'avaient vécu nous en avaient raconté : l'aéroport rasé, les toits envolés, les arbres arrachés, les gens blessés, les maisons détruites… La Guadeloupe a mis des années à se remettre du passage d'Hugo. Pour avoir fait l'expérience de quelques cyclones des années plus tard, je peux dire que c'est loin d'être une partie de plaisir. Et pourtant, c'étaient des ouragans de catégorie 1 ou 2, loin de la catégorie 5 d'un Hugo ou d'une Irma.
Le livre de
Maryse Condé,
Hugo le terrible, m'a donc rappelé des souvenirs : avant l'arrivée du cyclone, il faut s'approvisionner, faire des réserves d'eau et de conserves (de quelques bières aussi, histoire qu'il y ait quand même du positif dans ces moments difficiles). Puis il faut penser à s'abriter. C'est ainsi que les personnes qui vivent dans des logements qui ne sont pas « en dur » sont dirigées vers les abris anticycloniques, une épreuve de plus pour elles. Dans
Hugo le terrible, c'est le cas de la « servante » du narrateur Michel, une Dominicaine prénommée Gitane. le narrateur comprend la chance qu'il a d'avoir une vraie maison, tandis qu'il voit le mari de Gitane consolider le toit et les cloisons de leur case. Un travail inutile car ils vont finir par se résoudre à aller dans un abri, leur maison n'étant pas assez solide pour supporter un ouragan. Et heureusement qu'ils ont quitté leur logis car même les maisons « en dur » ont subi des dégâts. Alors les petites cases en tôle…
Après ces préparatifs, il faut entrer dans le vif du sujet : le passage de l'ouragan. C'est effrayant. Les rafales de vent et les objets qu'elles déplacent donnent l'impression que tout peut devenir un projectile. Il est difficile de se sentir en sécurité quand on a l'impression qu'un poteau électrique ou un arbre risque d'atterrir dans son salon. Les murs tremblent et les toits semblent sur le point de s'envoler. Parfois ils s'envolent pour de bon et l'on finit par se réfugier, seul ou à plusieurs, dans une pièce plus sûre, souvent la salle de bain ou les toilettes. On espère alors que le cyclone se déplacera rapidement. Car il ne laisse pas une minute de répit. Et comme
Maryse Condé l'a écrit dans
Hugo le terrible, « plus le cyclone marche lentement, plus c'est grave ». Enfin, gare à l'oeil ! C'est souvent pire après. La mère du narrateur lui explique qu'après l'oeil, « les vents vont redoubler de violence et qu'ils atteindront bien les 300 kms à l'heure ». Ainsi, après une accalmie de courte durée, les éléments se déchaînent de nouveau et c'est épuisant. Puis lorsque les vents se calment pour de bon et que la pluie cesse, c'est la désolation. Les gens, sonnés et hagards, sortent petit à petit pour constater les dégâts. Les arbres sont nus, les feuilles et les branches jonchent le sol, comme les poteaux électriques. Et en fonction de l'intensité de l'ouragan, des gens se retrouvent sans abri. Hugo en a laissé plusieurs milliers.
Voilà ce que
Maryse Condé raconte dans son livre destiné aux jeunes lecteurs : en 1989, Hugo a frappé les Antilles. A travers le regard de son jeune narrateur Michel, elle raconte comment les habitants de la Guadeloupe s'y sont préparés, comment certains n'ont pas cru à son arrivée, car il ralentissait, ce qui l'a renforcé. Puis elle raconte comment ils ont vécu son passage, l'eau qui s'infiltre partout, les rafales de vent qui ont une sonorité particulière et la peur ressentie par les enfants et les adultes. Seul, un ivrogne, qui s'est endormi saoul le soir du passage de Hugo, s'est réveillé le lendemain matin en demandant : « Où est Hugo ? ». Comme quoi, les bières, le rhum, tout ça… Enfin,
Maryse Condé évoque ce qui a suivi et qui est tellement fastidieux : la reconstruction, la remise en ordre, le rétablissement des réseaux, etc. Eh oui, il y a de quoi qualifier un ouragan de « terrible », que ce soit pour son passage ou ses conséquences. C'est ce que
Maryse Condé s'est attachée à montrer dans son livre. C'est un peu court à mon goût, mais c'est réussi.