Premier roman de
John Connolly paru en 1999,
Tout ce qui meurt étrenne le personnage de
Charlie Parker, alias Bird. le moins que l'on puisse dire c'est que l'auteur prend son temps pour présenter son héros devenu récurrent avec 18 titres à son actif. Il dévoile en ouverture le drame de sa vie, l'assassinat de Susan sa femme, et Jennifer sa fille, qui transforme le flic aigri, surmené, alcoolique en un homme brisé, trop tardivement sobre, démissionnaire de la police et désormais détective privé pour tuer le temps, comme ont été tués ses deux amours.
Le roman comporte deux parties, à New-York puis en Louisiane, plusieurs enquêtes enchevêtrées, de nombreux personnages et d'innombrables ramifications qui nécessitent un peu d'attention pour ne pas perdre le fil d'une histoire foisonnante et fusillante si l'on compte les dizaines de victimes. de New-York à la Nouvelle-Orléans,
John Connolly déploie son imagination illimitée et son talent de conteur, mis au service de la quête de Charlie, sur les traces du tueur en série qui l'a privé de Susan et Jennifer, qui n'ont pas été ses premières proies, ni les dernières non plus. Dans la partie New-Yorkaise, l'ambiance est digne d'un film de Martin Scorcese ; il est d'ailleurs beaucoup question d'affranchis, de parrains de la mafia, de leurs familles venues pauvres de Sicile avant de s'enrichir dans les activités illégales. Lorsque les recherches de Charlie l'entraînent ensuite à la Nouvelle-Orléans pour dans un premier temps rencontrer
Tante Marie, une vieille femme dont les ancêtres reposent dans la terre à laquelle ils sont liés depuis qu'ils portaient des chaînes aux chevilles et creusaient des canaux à mains nues, l'atmosphère se modifie ; le rythme de l'histoire est ralenti par la chaleur, l'humidité, les tensions sociales et raciales, palpables. Les descriptions des bayous sont de toute beauté, alligators compris. L'hécatombe continue jusqu'au dénouement...
Tout ce qui meurt est un roman que j'ai beaucoup apprécié, où j'ai trouvé tout ce que j'aime : un style soigné, un humour filigrané et sophistiqué notamment dans les dialogues, et surtout, surtout, une histoire que l'auteur laisse infuser lentement pour qu'elle développe tous ses arômes. "Impossible de bluffer quelqu'un qui ne vous prête pas attention" (p. 509).