Publié en 1982, ce voyage en forme de journal, selon son titre, est pour moi une déception totale, une lecture sans le moindre intérêt.
De Gand, il n'en est aucunement question -- il est vrai que c'est le point de départ du voyage de l'auteur -- et des Aléoutiennes guère plus, à part quelques précisions géographiques que l'on peut aisément trouver ailleurs.
Pour le reste, c'est une succession de divagations de l'auteur, soit sur le bateau, soit dans des pays imaginaires. Inutile de développer davantage, ni d'évoquer la description du viol d'une fillette, le supplice d'un cochon avant de le mener à l'abattoir et d'autres inepties, donc stop.
Une première de couverture avec une belle photo de la ville de Gand... ne pas s'y laisser prendre.
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Sitôt passé Ouessant, la tempête nous cueillit et ne nous lâcha plus pendant deux jours et deux nuits. Les objets paraissaient avoir échappé aux lois de la pesanteur, tandis que le corps ne s'y soumettait plus qu'à contrecoeur, avec de brusques accès d'ivrognesse fantaisie qui soudainement vous plaquaient au sol ou vous dressaient pieds au mur, l'estomac comprimant les poumons et le sang à la tête.
On nous dit : les voyages, ah ! les voyages ! Et celui qui revient se donne l'air d'avoir beaucoup à dire. Mais sitôt que l'on a fait seul le tour d'une ville étrangère, que l'on a observé ce qui plus particulièrement y rendait les femmes attrayantes, s'étant heurté à cette vieille imposture de les aborder gracieusement, sans faire le sagouin, pour laquelle on se trouve ici, du moins, l'excuse de la langue, on tourne en rond, on s'assoit sur un banc, on essaie deux ou trois débits de boisson, on grimpe sur la hauteur, s'il s'en trouve une, on redescend, enfin c'est inouï ce que l'on peut s'emmerder.
p.23/On nous dit : les voyages, ah ! les voyages ! Et celui qui revient se donne l'air d'avoir beaucoup à dire. Mais sitôt que l'on a fait seul le tour d'une ville étrangère, que l'on a observé ce qui plus particulièrement y rendait les femmes attrayantes, s'étant heurté à cette vieille impossibilité de les aborder gracieusement, sans faire le sagouin, pour laquelle on se trouve ici, du moins, l'excuse de la langue, on tourne en rond, on s'assoit sur un banc, on essaie deux ou trois débits de boisson, on grimpe sur la hauteur, s'il s'en trouve une, on redescend, enfin c'est inouï ce que l'on peut s'emmerder. Pour peu que, comme ici, la ville au sortir de l'hiver frémisse de cette ferveur printanière si poignante dans les pays du Nord, il suffit que passe un souffle tiède et vous êtes soudain transi, empoisonné par cette douceur dont vous ne savez que faire, cette douceur qui vous poisse.
Certains jours, on sent peser sur toutes choses en mer une menace diffuse.
Jean Rolin Les papillons du bagne