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Citations sur La maison de la mort certaine (17)

-- Salut sur toi! dit Souka. Que dis-tu de ça ?
Il désignait la maison au-dessus d'eux.
Bayoumi leva la tête, regarda et ne dit rien. Il semblait vivre dans un monde de sérénité morbide, situé au delà des frontières de la peur. Avec des gestes d'une solennité mystérieuse, il s'occupa à rassembler ses bêtes. Le singe taquinait la chèvre et voulait la chevaucher comme pour une séance publique.Bayoumi le tira par la laisse et le fit descendre par terre.
-- Il vous prend pour des clients, dit-il. Quelle tristesse! Les clients sont si rares à présent.
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Les enfants aiment beaucoup Ahmed Safa. Il les charme par des récits fantastiques. Comme eux, il vit en enfant. Il n'a pas les soucis des adultes ; ces soucis, lourds et puants. Le hachâche n'a pas honte de sa misère. Il n'a pas cette dignité idiote qu'ont les autres, lorsqu'il s'agit de mendier. Car le plus terrible ce n'est pas d'être pauvre, c'est d'avoir honte de l'être. Heureusement, les enfants ont une conscience pure, non encore pétrifiée par l'usage de la morale. Leur seule noblesse est dans la hardiesse de leur vie. Ahmed Safa les rassemble parfois chez lui, pour discuter certains coups qui demandent beaucoup d'initiative et d'audace.
Le plus clair de leur temps, les enfants le passent hors de la maison. Dans la venelle et les environs, ils organisent les jeux, les rapines et les bagarres. Leur journée est bien remplie. Quand le soir tombe, ils rentrent chez eux exténués, pour subir la vigueur des imprécations maternelles. Puis ils dorment tranquilles, ayant payé leur tribut à la vie. Ils ne se plaignent jamais. L'homme, lui, se plaint, parce qu'il a compris qu'il est un esclave.
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Dans la venelle des Sept Filles, les gens s’ingéniaient à prédire le jour et même l’heure où surviendra la catastrophe. Ces voisins venimeux, toujours à l’affût d’un malheur survenu à autrui, vivaient dans l’attente de cet effondrement spectaculaire et ne s’occupaient plus d’autre chose. Ils envoyaient les enfants sur les lieux se rendre compte, n’osant pas, ces invertis, se déranger eux-mêmes. Il y avait toujours, il est vrai, quelques commères hagardes et pleurnicheuses qui plaignaient les futures victimes et les enviaient presque pour ce malheur définitif et grandiose.
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Leur étrange misère ne leur laissait pas le temps de comprendre et de crier. D’ailleurs, à quoi bon crier ? Là où ils étaient, personne ne pouvait les entendre. Alors, ils se disaient avec sagesse qu’un malheur qu’on connaît vaut sans doute mieux qu’un malheur sournois et qui se cache.
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C’est la voix d’un peuple qui s’éveille et qui va bientôt l’étrangler. Chaque minute qui passe le sépare de son ancienne vie. L’avenir est plein de cris, l’avenir est plein de révoltes. Comment endiguer ce fleuve débordant qui va submerger les villes ? Si Khalil imagine la maison effondrée sous la poussière des décombres. Il voit les vivants apparaître parmi les morts. Car ils ne seront pas tous morts. Il faudra compter avec eux, lorsqu’ils se lèveront avec leurs visages sanglants et leurs yeux de vengeance.
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De la part du gouvernement, il ne pouvait advenir que des malheurs. Les locataires étaient tranquilles de ce côté. Si le gouvernement les ignorait, c’est qu’il était occupé ailleurs. A quoi pouvait-il être occupé, le gouvernement ? Les locataires pouvaient mourir, mille fois mourir, le gouvernement, c’était certain, ne se dérangerait jamais pour leurs sales gueules.
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Le gouvernement, n’a pas d’adresse. Personne ne sait où il habite et personne ne l’a jamais vu.
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Seulement, Abdel Al craignait que ses compagnons ne fussent pas prêts à accomplir ce miracle de solidarité humaine, qui pouvait seul les sauver. Ils étaient encore tellement engourdis par la peur, cette peur de tout qui paralysait leurs membres et leurs cerveaux. Combien de temps faudra-t-il encore pour qu'ils prennent conscience de leur destin ? Mais est-ce que les gens qu'on déterre se mettent à marcher tout de suite ? Il leur fallait beaucoup de temps, avant de pouvoir comprendre la lumière immaculée du soleil et l'odeur enivrante de la vie. (p. 97)
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Il sentait maintenant que, tout seul, il ne pouvait rien contre le monde ni contre personne. Le sentiment de son impuissance éclatait en lui, aussi douloureux qu’une blessure. Que faire contre ce monde hostile, contre cette force gigantesque et sans bornes ? Tout seul il ne pouvait que gémir et attendre la mort.
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Le hachâche n’a pas honte de sa misère. Il n’a pas cette dignité idiote qu’ont les autres, lorsqu’il s’agit de mendier. Car le plus terrible ce n’est pas d’être pauvre, c’est d’avoir honte de l’être. Heureusement, les enfants ont une conscience pure, non encore pétrifiée par l’usage de la morale. Leur seule noblesse est dans la hardiesse de leur vie.
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