Une plume s'offre à une autre pour écrire son oeuvre posthume et raconter l'indicible, l'ineffable ; ce que personne ne peut accepter ni comprendre. Et surtout
pas l'humanité. « Peu avant sa mort, Ariel Bildzek, ce géant de la littérature mondiale, m'a révélé ce qu'il n'avait jamais raconté à personne. »
La réalité nazie reste sans réponse possible, incommensurable et sans réconciliation entre l'être et l'humain. Et justement… si être humain n'était
pas un lumineux supplément d'âme, mais bien une sombre erreur de la nature ? « Je suis entré, j'ai repoussé le panneau et je me suis retrouvé nez à nez avec un type qui me souriait. J'ai remarqué une tête de mort sur le col de son uniforme. »
Le roman
le joli monde de
Stanislas Cotton témoigne une fois encore, une fois de plus… sans foi. Il ajoute à la profusion. La deuxième guerre mondiale et toutes les autres génocidaires, interdisent la pensée au coeur de son processus. Tous les conflits laissent des millions de voix sans mots et des milliards de mots sans issues. La lettre non
pas comme une im
passe mais comme un barrage.
– Rendre justice est une tâche insurmontable.
– Mais bien sûr que non !
– Mais bien sûr que si ! Vous vous donnez l'illusion d'accomplir un devoir. Il vous faut des chimères pour apaiser vos aigreurs de conscience. On ne répare
pas l'irréparable et on ne rend certainement
pas justice. Avant – pendant – après, voyez la ligne du temps quand il fallait être présent.
La barbarie est sourde et aveugle. Elle sourd partout pour toujours. La violence est un
passé continu qui exclut le présent et tue tout avenir dans l'oeuf. C'est ici que bloque peut-être notre faculté de réflexion. Anéantissant jusqu'au futur, la violence nous est supraliminale. Elle dé
passe notre entendement et donc, notre capacité d'agir. Seul barrage, peut-être, la lettre.
S'en réclamant par admiration,
Stanislas Cotton cite : « Rater mieux, disait
Beckett. Je m'incline une fois de plus, devant le génie de la formule. Quelle acuité de l'esprit. Écrire, c'est recommencer. Recommencer. Recommencer… Recommencer infiniment. Il est certain que chaque oeuvre nouvelle fait de nous un débutant. »
Le joli monde vaut beaucoup mieux qu'un raté. Il recommence encore le propos de l'horreur en sa ronde infiniment honnie. Et il est certain que chaque terreur nouvelle — hier nazie, puis rwandaise et maintenant syrienne —, fait de nous des débutants. Désarmés, démunis, nous cherchons sans espoir ce supplément d'âme qui ferait de nous des humains.
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