Sa mère le chargea un jour de porter une lettre à Boucher , son parent , dont le nom seul réveille le souvenir d’une époque où le mauvais goût avait perverti l'école. Le peintre était dans son atelier, terminant, je crois, une Vénus: il quitte ses pinceaux pour lire la lettre ; lorsqu'il a fini, il se retourne et voit le jeune David absorbé dans une sorte de contemplation que son âge rendait encore plus remarquable. Après l’avoir considéré quelque temps , il lui adresse la parole , et lui demande s’il aime la peinture. Le jeune homme répondit avec un accent et une émotion qui décelaient une vocation que rien ne saurait détourner.
Les tentatives que David avait faites pour obtenir le grand prix, quoique plusieurs fois infructueuses, attirèrent cependant l’attention sur lui. Ledoux avait bâti pour mademoiselle Guimard une fort belle maison, dont le salon devait être décoré de peintures. Fragonard en avait ébauché quelques unes; David fut chargé de les terminer. Ces productions, auxquelles il consacra deux ans, se ressentent du temps qui les a vues naître; ce n’est que plusieurs années après, et sous le beau ciel de l’Italie, qu’il abjura sa première manière.