Mais qu'ont-ils fait les intellectuels (écrivains, cinéastes, peintres, éditeurs...) pendant l'occupation allemande de 1939 à la libération ?
Dan Franck, nous le «conte», sans régler de comptes, avec passion, sans condamnation. Après deux années de recherches, de documentations en témoignages,
Dan Franck nous livre ici des petites
histoires poignantes, parfois peu reluisantes qui font la grande Histoire. Des anecdotes, certaines lourdes de sang, d'autres légères de sens.
le titre «
Minuit» est un hommage aux Editions de
Minuit, fondées par l'écrivain résistant Vercors.
De l'engagement tardif et symbolique de
Sartre et Beauvoir au pacifisme viscéral de
Prévert, en passant par les résistances héroïques de
Desnos et
René Char... entre autres... nous voyons Picasso, aveugle devant les événements, peindre parmi ses nombreuses amantes, au milieu de sa cour,
Cocteau jouer ses pièces devant les gradés allemands pendant que
Max Jacob meurt abandonné de tous au camp d'internement de Drancy, l'écrivain-docteur antisémite Céline soigner, juifs, résistants et Anglais parachutés…
Il y aura donc, ceux qui résisteront dans l'écriture ou l'action, ceux qui, muets, fermeront les yeux et les oreilles et ceux qui s'associeront avec l'ennemi dans l'écriture jusqu'à... l'action. Après tout, les intellectuels ne sont pas exemptés, dispensés d'erreur de jugement ou bien de lâcheté. Tous ne seront pas des héros. Ilsrestent des êtres humains... comme tout le monde. Mais écrire ou peindre n'interdit pas de lutter contre l'ignoble nazisme.
Comme
René Char, le poète «magnétique», qui choisit de ne rien publier pendant la guerre, qui choisit de résister les armes à la main dans le maquis de Provence, qui se choisit un nouveau nom de combat, «Capitaine Alexandre», qui écrit pour expliquer son mutisme poétique (et politique) « Mes raisons me sont dictées en partie par l'assez incroyable et détestable exhibitionnisme dont font preuve depuis le mois de juin 1940 trop d'intellectuels parmi ceux dont le nom jadis était précédé ou suivi d'un prestige bienfaisant, d'une assurance de solidité quand viendrait l'épreuve qu'il n'était pas difficile de prévoir…»
Un livre absorbant qu'on lira comme un roman, comme le roman de la vie, tragique ou épique dans les tourments de l'Histoire !