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Carl Gustaf Bjurström (Auteur de la postface, du colophon, etc.)
EAN : 9782070401215
84 pages
Gallimard (21/02/1997)
4.09/5   143 notes
Résumé :
On aura peut-être été un peu surpris de voir dans ces discours l'accent porté par Camus sur la défense de l'art et la liberté de l'artiste en même temps que sur la solidarité qui s'impose à lui. Cela faisait certes partie de ce qui lui dictaient les circonstances et le milieu où il devait les prononcer, mais il est certain que Camus se sentait accablé par une situation où, selon ses propres paroles, le silence même prend un sens redoutable. A partir du moment où l'a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Revenir à Albert Camus, c'est une joie. Une joie solaire. Impatiente. J'avais prévu de relire depuis longtemps La Peste, j'avais prévu de lire La Chute que je ne connaissais pas. Intrigué par le Mythe de Sisyphe pour différentes raisons personnelles, cette oeuvre continue de me tendre la main. Souhaitons que l'année 2023 exauce mon souhait ardent d'y aller. Sur mon île déserte, Noces - L'été figure à jamais comme un livre essentiel pour moi, pour d'autres aussi je le sais.
Le Discours de Suède que prononça Albert Camus le 10 décembre 1957 lors de sa remise du prix Nobel fut dédicacé à Louis Germain, l'instituteur de son enfance, celui qui lui donna le goût de lire et sans doute plus tard d'écrire... Je connais ici une institutrice, - elle préfère le terme de maîtresse d'école, je sais qu'elle donne envie à ses élèves le goût des livres, le goût de lire, celui peut-être d'écrire un jour aussi. N'est-ce pas, Sandrine ?
Je n'avais jamais lu ce discours jusqu'à ce soir.
En quelques lignes d'un propos marqué par la générosité et l'humilité, Albert Camus tente de définir ici ce qu'est être écrivain pour lui.
Je dois vous avouer que le portrait qu'il en esquisse me plaît totalement.
Il le pose dans les convulsions du temps, traversant les guerres européennes, les guerres coloniales. Nous sommes en 1957, il y a l'avant et l'après tout aussi proche en matière de barbarie, ce que l'humain est capable de produire lorsqu'il se met à vouloir se dresser devant le destin de son prochain, son voisin, différent de lui...
Que dirait aujourd'hui Albert Camus du totalitarisme du pouvoir russe qui grince à nos portes, incitant autant et toujours comme avant le culte du viol des femmes civiles des peuples envahis que celui du nihilisme ?
Être écrivain, est-ce un art de vivre dans le séisme de ces barbaries qui broient les peuples opprimés ?
Écrire, c'est naître, renaître, douter autant que lutter, à visage découvert contre l'instinct de mort.
Être écrivain, c'est refaire le monde à sa manière, avec le seul pouvoir qu'il détient, écrire des mots, des phrases, tisser des liens entre ces phrases, dénouer des histoires intimes et universelles et les transmettre dans le bruit du monde.
Construisant déjà une oeuvre, partagée entre la douleur et la beauté qui nous entourent à chaque instant.
Découvrant un monde menacé de désintégration en 1957, lorsqu'il écrivit ce discours, Albert Camus posait son engagement déjà présent, en devenir, une trajectoire généreuse qui fut anéantie par un platane au sortir d'un virage un certain 4 janvier 1960 à Villeblevin.
Camus est cet écrivain qui me fait aimer l'humanité avec ce qu'elle a de douleur et de barbarie mais de beauté et de générosité aussi.
Humble, disant ses limites, voulant partager les honneurs qui lui sont faits avec ceux qui ont souffert par les tyrannies passées, actuelles et à venir, touchés par leurs persécutions...
Camus visionnaire, intemporel, immortel...
Ce beau discours de Suède donne déjà à voir l'oeuvre magnifique et inachevée de ce très grand écrivain.
Je me souviens de cet été-là, j'étais dans le Lubéron et j'ai voulu faire ce détour du côté de Lourmarin au cimetière où est enterré Albert Camus. Si j'ai trouvé facilement celle d'Henri Bosco, la tombe d'Albert Camus me paraissait totalement invisible durant ma première demi-heure de pérégrination dans le petit cimetière. Et pour cause, c'est une simple et modeste pierre tombale mangée par les mauvaises herbes, camusienne à sa façon, un seul nom figure, celui de l'écrivain. Elle lui ressemble, sobre.
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Albert Camus qui est à la fois écrivain, essayiste, dramaturge, philosophe et
journaliste au quotidien " Combat", pour qui , il a effectué des reportages en
Kabylie durant les années quarante , a connu un grand succès avec la
publication de son célèbre roman " L' Etranger" .
Suite à tout cela, L' Académie Nobel lui attribua son prix de Littérature en
l' année 1957 .
Protocole oblige alors le récipiendaire se devait de prononcer un discours lors de la remise du prix .
C' est devant un aréopage d' académiciens, d' hommes de sciences,
d' artistes et d' illustres invités qu' Albert Camus prononça son discours
de remerciement . Discours de circonstance et , tout aussi, protocolaire .
Camus axa son discours sur le rôle de " l'' Art et la liberté de l' artiste" .
Je transcrit ce que Camus a dit ( de façon brève ) : " Je ne puis vivre
personnellement sans mon art. Mais je n' ai jamais placé cet art au-dessus
de tout . S' il m' est nécessaire au contraire, c' est qu'il ne se sépare de
personne et me permet de vivre , tel que je suis, au niveau de tous .L' art
n' est pas à mes yeux une réjouissance solitaire. Il est un moyen
d' émouvoir le plus grand nombre d' hommes en leur offrant une image
privilégiée des souffrances et des joies communes .Il oblige donc l' artiste
à ne pas s' isoler ; il le soumet à la vérité la plus humble et la plus
universelle "
" C' est pourquoi les vrais artistes ne méprisent rien ; ils s' obligent à
comprendre au lieu de juger ."
Modestement, c' est tout ce que m' a inspiré ce discours de Camus .
Bonne lecture à tous .
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Albert Camus tente de resituer dans cet essai la place de l'art dans notre société marchande. Il fustige sans ménagement un basculement dangereux vers un art voué au simple divertissement détaché du réel. Pour lui, l'art doit de toute urgence rejoindre la réalité, non pas en en donnant une copie fidèle, chose impossible à ses yeux, mais plutôt en s'en inspirant et en le réinterprétant. Une réinterprétation qui invitera le public pouvant donc s'y reconnaître au questionnement sur les dérives et progrès de son époque. Ce faisant, l'artiste devra également éviter de sombrer dans une autre extrême, celle de la propagande…

Cet essai pèche par sa brièveté, il en résulte qu'il aborde superficiellement les missions et les impacts de l'art dans la société. Nul doute que Camus aurait du s'atteler à un développement plus conséquent dans une oeuvre ultérieure car ici, on navigue constamment dans le flou. D'où une certaine impression d'inachevé. C'est cependant courageux d'avoir prononcé un tel discours lors de la remise de son prix Nobel, là où bien d'autres se seraient contentés de plats remerciements. Malheureusement, ce petit manifeste improvisé ne comporte que de vagues directives pour un éventuel changement de cap artistique tant désiré par l'auteur. Je dis bien éventuel puisque l'avenir donna complètement tort à un Camus trop optimiste. L'art actuel n'ayant, à de rares exceptions, plus d'autre fonction que de distraire.

Outre cela, il me faut aussi évoquer une parfois trop grande partialité. Même si Camus s'efforce de garder tout au long du discours une constante objectivité, certains passages peinent cependant à convaincre car trop subjectifs, forcés.

Ces deux griefs confirment donc à mon sens que Camus fut bien meilleur romancier, voire auteur de pièces de théâtre qu'essayiste.

Un ouvrage mineur de Camus, mais que l'on se doit de lire pour mieux appréhender l'engagement de cet homme passionné. Un homme qui n'hésita pas à utiliser une tribune atypique pour transmettre au monde un avertissement alarmiste et en définitive prémonitoire.
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Le "Discours de Suède" est le discours qu'Albert Camus a prononcé, lorsqu'il a réceptionné le prix Nobel de littérature. Albert Camus tente d'y définir le rôle de l'écrivain et de la littérature. Je ne partage pas son opinion sur ce sujet.
Sa tentative pour définir ce que doit être l'art et la littérature, n'est pas seulement brouillonne ( il ne ressort pas beaucoup d'idées claires de ce discours confus... ), elle est extrêmement limitative. Albert Camus montre ici un esprit très étriqué, à mon avis, ce qui m'a beaucoup déçu.
Finalement, je pense qu'il me suffira, à défaut de tenter de comprendre ce à quoi sert la littérature, de tenter de vivre ce rôle de la littérature, en lisant des livres, jour après jour, passionnément.
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Le ou plutôt les Discours de Suède rassemblent le discours prononcé par Albert Camus le 10 décembre 1957 à Stockholm après la remise du Prix Nobel et une conférence qu'il a prononcée quatre jours plus tard à l'Université d'Upsal. Ces deux textes ont en commun le thème de l'engagement de l'artiste, par lequel Camus réfléchit sur l'art, son rapport avec la réalité, s'il doit ou non avoir un sens, mais aussi sur la liberté de l'artiste, qui n'a selon lui aujourd'hui plus le choix de prendre position et d'engager sa responsabilité, car, s'il est critiqué pour ce qu'il dit, il l'est aussi pour son silence...
Cet ouvrage très court se lit facilement et est très intéressant - notamment par le choix de rassembler ces deux textes, enrichis par la postface du traducteur suédois Bjurström qui raconte la "semaine suédoise" de décembre 1957 de Camus. Ces discours de Camus sont accessibles à tous et ont une réflexion très juste et très actuelle sur l'art et la notion d'engagement.
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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Je ne puis vivre personnellement sans mon art. Mais je n'ai jamais placé cet art au-dessus de tout. S'il m'est nécessaire au contraire, c'est qu'il ne se sépare de personne et me permet de vivre, tel que je suis, au niveau de tous. L'art n'est pas à mes yeux une réjouissance solitaire. Il est un moyen d'émouvoir le plus grand nombre d'hommes en leur offrant une image privilégiée de souffrances et des joies communes. Il oblige donc l'artiste à ne pas s'isoler ; il le soumet à la vérité la plus humble et la plus universelle. Et celui qui, souvent, a choisi son destin d'artiste parce qu'il se sentait différent, apprend bien vite qu'il ne nourrira son art, et sa différence, qu'en avouant sa ressemblance avec tous. L'artiste se forge dans cet aller-retour perpétuel de lui aux autres, à mi-chemin de la beauté dont il ne peut se passer et de la communauté à laquelle il ne peut s'arracher. C'est pourquoi les vrais artistes ne méprisent rien ; ils s'obligent à comprendre au lieu de juger. Et, s'ils ont un parti à prendre en ce monde, ce ne peut être que celui d'une société où, selon le grand mot de Nietzsche, ne régnera plus le juge, mais le créateur, qu'il soit travailleur ou intellectuel.
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Je n'ai jamais pu renoncer à la lumière, au bonheur d'être, à la vie libre où j'ai grandi. Mais bien que cette nostalgie explique beaucoup de mes erreurs et de mes fautes, elle m'a aidé sans doute à mieux comprendre mon métier, elle m'aide encore à me tenir, aveuglément, auprès de tous ces hommes silencieux qui ne supportent dans le monde la vie qui leur est faite que par le souvenir ou le retour de brefs et libres bonheurs.
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Quelles que soient nos infirmités personnelles, la noblesse de notre métier s'enracinera toujours dans deux engagements difficiles à maintenir : le refus de mentir sur ce que l'on sait et la résistance à l'oppression.
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L'art n'est pas à mes yeux une réjouissance solitaire. Il est un moyen d'émouvoir le plus grand nombre d'hommes en leur offrant une image privilégiée des souffrances et des joies communes. Il oblige donc l'artiste à ne pas s'isoler ; il le soumet à la vérité la plus humble et la plus universelle. Et celui qui, souvent, a choisi son destin d'artiste parce qu'il se sentait différent, apprend bien vite qu'il ne nourrira son art, et sa différence, qu'en avouant sa ressemblance avec tous. L'artiste se forge dans cet aller retour perpétuel de lui aux autres, à mi-chemin de la beauté dont il ne peut se passer et de la communauté à laquelle il ne peut s'arracher. C'est pourquoi les vrais artistes ne méprisent rien ; ils s'obligent à comprendre au lieu de juger. Et, s'ils ont un parti à prendre en ce monde, ce ne peut être que celui d'une société où, selon le grand mot de Nietzsche, ne régnera plus le juge, mais le créateur, qu'il soit travailleur ou intellectuel.
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Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu'elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse.
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Vidéo de Albert Camus
Rencontre avec Denis Salas autour de le déni du viol. Essai de justice narrative paru aux éditions Michalon.
-- avec l'Université Toulouse Capitole


Denis Salas, ancien juge, enseigne à l'École nationale de la magistrature et dirige la revue Les Cahiers de la Justice. Il préside l'Association française pour l'histoire de la justice. Il a publié aux éditions Michalon Albert Camus. La justice révolte, Kafka. le combat avec la loi et, avec Antoine Garapon, Imaginer la loi. le droit dans la littérature.


--
02/02/2024 - Réalisation et mise en ondes Radio Radio, RR+, Radio TER
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