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EAN : 978B005Q46ZV8
(27/09/2011)
3.75/5   2 notes
Résumé :
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Paul-Louis Courier n'est pas le plus connu des auteurs publiés dans la prestigieuse Bibliothèque de la Pléiade. Je suis même prête à parier que beaucoup, parmi les grands amateurs de littérature qui fréquentent Babelio, n'ont jamais entendu prononcer son nom, ni lu une quelconque mention de celui-ci.

Certes, son oeuvre est assez inclassable et peu sujette aux best-sellers, à mi-chemin entre les traductions antiques et les écrits pamphlétaires, à mi-chemin entre les lettres classiques et la politique, il entre difficilement dans les cases habituellement réservées aux écrivains.

Et même ses lettres : sont-ce des récriminations personnelles adressées à des individus qu'il n'appréciait pas ou sont-ce des dénonciations plus générales d'un système politique défaillant ? Pas évident, probablement à la croisée de tout cela sans en être franchement d'aucune.

Ici, nous en avons un très bel exemple : Courier, grand expert en son temps du grec ancien, traducteur de qualité et ayant peu à craindre de la concurrence en matière hellénistique, jugea légitime sa candidature à un poste vacant de l'Académie des inscriptions et belles-lettres à la chaire de grec.

Or, notamment eu égard à son caractère indépendant à tendance anarchiste avant l'heure, il lui fut opposé un refus net et précis au bénéfice d'un individu ne connaissant même pas le grec, mais dont les idées cadraient très bien avec l'ordre établi. Ceci fut couplé à une raillerie en règle de la part d'un adversaire de Courier dans un obscur journal de l'époque.

Il n'en fallu pas davantage à notre traducteur anarchiste pour sortir sa plume et écrire un billet assassin à l'adresse desdits académiciens. Et l'on comprend mieux, à la lecture de ce chef-d'oeuvre de cynisme et d'ironie, pourquoi on lui ouvrit les portes de la Pléiade.

C'est une langue sublime, c'est fin, c'est acerbe, c'est plein d'humour caustique, c'est imparable, c'est une lettre comme on adorerait en écrire à nos pires ennemis. C'est vraiment ce qui s'appelle se faire tailler un costard, mais dans la forme élégante du terme, sans rien lâcher en terme de puissance ni de qualité langagière.

En clair : deux soufflets en pleine face des destinataires. Alors, je suis bien d'accord avec vous, ça ne va pas beaucoup plus loin que cela — sauf peut-être à dénoncer un fonctionnement intéressé, trop bureaucratique et basé sur la cooptation plus que sur les mérites —, mais c'est surtout la preuve qu'on peut régler ses comptes de façon littéraire. Selon moi, du grand art, à vous de voir et d'en juger, car, cette année comme les précédentes, ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Lettre à messieurs de l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres / Paul Louis Courier.
Cette lettre ouverte de Paul Louis Courier, écrite avec une férocité réjouissante, dénonce, au travers du fonctionnement de l'Académie des Inscriptions et Belles - Lettres, le pouvoir des institutions bourgeoises de la Restauration, qu'il détestait par - dessus tout.
Trois places étaient vacantes à l'Académie, Courier, grand expert en son temps du grec ancien, traducteur de qualité et ayant peu à craindre de la concurrence en matière hellénistique, jugea légitime sa candidature à un poste vacant de l'Académie des inscriptions et belles-lettres à la chaire de grec.
Mais il lui eut été bon de se souvenir que la noblesse n'est pas de rigueur pour entrer à l'Académie ! l'ignorance, bien prouvée, suffit. Sans compter que les académiciens furent en possession de tout temps de remporter le prix de toute sorte de bassesses. Aussi eu égard à son caractère indépendant à tendance anarchiste, fut - il opposé à Courier un refus net et précis au bénéfice d'un individu ne connaissant même pas le grec mais dont les idées cadraient très bien avec l'ordre établi.
Dans une langue élégante et parfaite, teintée d'ironie et de cynisme, Courier nous rend envieux de savoir traiter ainsi nos détracteurs.
L'Académie des inscriptions et belles-lettres a été fondée par Colbert en 1663 en France sous le nom « La Petite Académie ». C'est en 1816 que son appellation actuelle apparaît. Au début, elle devait établir les inscriptions et devises des monuments et médailles en l'honneur de Louis XIV. Par la suite, elle s'est tournée vers l'histoire et l'archéologie. Intégrée à l'Institut de France depuis 1795, elle poursuit cette mission.

Paul-Louis Courier de Méré, né le 4 janvier 1772 à Paris, mort assassiné le 10 avril 1825 près de Véretz en Touraine, fut un des plus grands pamphlétaires français. Grand helléniste, excellent traducteur, il fut également un habile épistolier. Mais il est surtout connu comme polémiste, un polémiste qui eut le tort d'être libéral et anticlérical à l'époque du romantisme et du christianisme renaissants.
Ses écrits lui vaudront de nombreux procès, des amendes et une peine de prison. Quand on retrouve son corps sans vie, percé de plusieurs balles, dans son bois de Larçay en Touraine, le 10 avril 1825, son garde-chasse, Louis Frémont, est soupçonné du meurtre et mis en jugement, mais acquitté à l'unanimité, le 3 septembre 1825. Courier est inhumé à Véretz. Pendant cinq ans, le mystère demeurant sur sa mort, celle-ci fut attribuée à des motifs politiques. Avec des rebondissements ultérieurs. Mais cela est une autre histoire.

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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Oh ! l'heureuse pensée qu'eut le grand Napoléon, d'enrégimenter les beaux-arts, d'organiser les sciences, comme les droits réunis ; pensée vraiment royale, disait M. de Fontanes, de changer en appointements ce que promettent les muses, un nom et des lauriers. Par là, tout s'aplanit dans la littérature ; par là, cette carrière autrefois si pénible est devenue facile et unie. Un jeune homme, dans les lettres, avance, fait son chemin comme dans les sels ou les tabacs. Avec de la conduite, un caractère doux, une mise décente, il est sûr de parvenir et d'avoir à son tour des places, des traitements, des pensions, des logements, pourvu qu'il n'aille pas faire autrement que tout le monde, se distinguer, étudier. Les jeunes gens quelquefois se passionnent pour l'étude ; c'est la perte assurée de quiconque aspire aux emplois de la littérature ; c'est la mort à tout avancement. L'étude rend paresseux : on s'enterre dans ses livres ; on devient rêveur, distrait, on oublie ses devoirs, visites, assemblées, repas, cérémonies ; mais ce qu'il y a de pis, l'étude rend orgueilleux ; celui qui étudie s'imagine bientôt en savoir plus qu'un autre, prétend à des succès, méprise ses égaux, manque à ses supérieurs, néglige ses protecteurs, et ne fera jamais rien dans la partie des lettres.
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Celui-là pourra dire qui l'emporte en bassesse de la cour ou de l'Académie, étant de l'une et de l'autre, question curieuse qui a paru, dans ces derniers temps, décidée en votre faveur, Messieurs, quand vous ne faisiez réellement que maintenir vos privilèges et conserver les avantages acquis par vos prédécesseurs. […] Ce n'est pas là, Messieurs, ce que craignit votre fondateur, le ministre Colbert. Il n'attacha point de traitement aux places de votre Académie, de peur, disent les mémoires du temps, que les courtisans n'y voulussent mettre leurs valets. Hélas ! ils font bien pis, ils s'y mettent eux-mêmes, et après eux y mettent encore leurs protégés, valets sans gages, de sorte que tout le monde sera bientôt de l'Académie, excepté les savants.
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