J'ai pu découvrir "Le goût du zen" grâce à Babelio et sa formidable opération masse critique, et pour cela merci, et grand merci également aux éditions folio.
Ce petit traité du zen est un mélange de dialogues, poèmes, expériences et autres pensées nous donnant un avant-goût – plus qu'un goût – de ce qu'est l'attitude zen, et comment par la méditation elle s'ancre dans la philosophie bouddhiste. En effet, le zazen doit permettre à celui qui le pratique d'atteindre la délivrance ainsi qu'un certain détachement aux vagabondages de l'esprit. C'est pourquoi il est essentiel de vivre dans l'instant présent – et ce simplement – et de s'attacher aux petites choses, car finalement le bonheur vient de l'importance accordée aux activités banales de la vie quotidienne.
Qu'est-ce qui différencie le sage de l'homme commun ? Facile, voilà ce que nous répond le Maître : « Quand ils mangent, ils pensent à cent choses différentes. Quand ils s'endorment, ils réfléchissent à mille problèmes. Voilà pourquoi ils sont différents de moi. »
Je trouve que de nombreux principes zen de ce petit recueil se rapprochent des idées grecques et latines de l'Antiquité, je pense notamment au stoïcisme qui prône également l'omnipotence de la Nature, en comparaison de l'impuissance humaine face aux évènements de la vie qu'il faut savoir accepter, recevoir sans se débattre inutilement. « Zazen, c'est être libéré de toutes les entraves, viendraient-elles des circonstances extérieures ou de l'activité mentale. C'est voir que notre nature originelle et foncièrement sans turbulences. Zazen signifie être recueilli sur soi-même en étant détaché de toutes choses extérieurs sans confusion à l'intérieur. » le zazen permettrait donc de faire face au désordre du monde.
Mais on retrouve aussi quelques similitudes avec la philosophie de
Platon, et je pense notamment au mythe de la caverne, ce monde d'illusions qui nous empêche d'accéder à la Connaissance : « A vouloir mettre la main sur le vide ou courir après l'écho, vous vous fatiguez l'esprit ! Une fois éveillé du rêve, vous vous apercevez qu'il n'y a plus rien. »
En fait, la sagesse se construit sur un mode de vie sain (idée faisant écho au célèbre « in corpore sano mens sana ») et surtout tourné vers autrui, dans un total abandon du moi égoïste et superficiel, et vers l'immensité, le tout, l'infini qui nous entourent : « le ciel, la terre et moi : une seule racine / Toutes choses et moi : une seule chose. » Et pour y arriver, pour accéder à la « Voie », il est nécessaire de changer le point de vue que nous avons sur toutes choses, de les regarder autrement, sous différents angles et différentes positions.
Bref, j'ai apprécié ce petit ouvrage par la diversité des thèmes abordés et l'intérêt qu'ils ont suscité chez moi, mais il ne m'a pas vraiment mené sur la Voie du zen – cela étant certainement dû à sa forme, très simplifiée et raccourcie. de plus, certaines réponses données me semblent trop simples et non adaptées à notre société moderne.
Il est donc clair qu'il laissera bon nombre d'intéressés par le sujet sur leur faim, il me semble indispensable de le compléter par des recherches parallèles afin d'approfondir certaines notions.