Philippe Djian voit le véritable écrivain “comme un hors-la-loi, un individu asocial et ombrageux par la force des choses, qui n'a de compte à rendre qu'à
lui-même et qui livre son combat en solitaire”. Pour contextualiser cette citation, rappelons qu'il avait punaisé une photo de Céline au-dessus de son lit…
Franck Courtès envisage,
lui, le métier d'écrivain comme consistant à entretenir un feu qui ne demande qu'à s'éteindre. “Un feu dans la neige”.
En lisant cette vision de l'artiste en prologue du livre, je me suis tout de suite demandé si ce n'était pas minimaliste…Il fallait donc que je le lise pour confirmer ou éteindre mon sentiment.
Voilà donc ce qui me dérange dans le récit de Courtès, il nous rend des comptes…
Alors, c'est courageux d'avoir tout plaqué, famille et confort du luxe parisien pour la vie de bohème. Il a dû
lui falloir une sacrée force de caractère ou beaucoup d'orgueil pour l'accepter. Nous livrer les humiliations qu'il subit au quotidien devrait forcer le respect…mais bon voilà, je n'éprouve aucune compassion pour l'ancien pensionnaire du lycée Henri IV, prompt à verser une larme à l'évocation de sa jeunesse dans le Vè arrondissement.
Non seulement je n'y arrive pas, mais en plus, je me suis senti plusieurs fois mal à l'aise à la lecture des frustrations de ce bourgeois redescendu au bas de l'étage social à la simple force de sa propre volonté.
Difficile de m'émouvoir pour ce
lui qui a dû vendre l'appartement familiale pour se rabattre sur le studio de Maman dans le Vème...
Il n'en reste que la lecture de ce récit, qui constituait une véritable curiosité pour moi, n'est pas totalement déplaisante. Certains passages sont assez succulents, “l'oeil” de l'ancien photographe a su capter des passages de vie et nous les restitue avec un certain humour par l'écriture.
Et en l'achetant, j'ai toutefois eu le sentiment de faire une bonne action…