Les liens sacrés du mariage

Franck Courtés est photographe et aussi un excellent écrivain, dont ici j'aborde le cinquième livre et toujours avec le même plaisir. Son oeil de photographe toujours présent derrière sa plume, à travers des histoires toutes simples il nous plonge dans les arcanes de l'institution la plus ancienne et probablement la plus complexe du monde, le Mariage.
Pour semer la zizanie sans raison apparente juste pour le plaisir de satisfaire son ego dans le couple…. Cherchez, La Perle !
Pour en prendre le pouls …..Écouter la bande son d'un enregistrement caché, À Table !
Pour en éviter le naufrage ….N'entamez pas, Quelque chose de risqué !
Pour le renforcer….Exigez une visite à Oradour en temps qu', Un père étranger !
Bref , si vous voulez passer un très bon moment de lecture tout en vous instruisant sur les manoeuvres nécessaires pour réussir , sauver, détruire, …. votre présent ou futur mariage, prendre conscience de l'éphémérité des choses tel le Château de sable , ou qu'il est toujours temps de faire Demi-Tour,….vous le conseille expressément 😁! C'est simple, fin , l'humour n'y manque pas , j'adore Courtés !

« La vie avec les enfants avait chassé l'autre. du jeune homme libre et insouciant que j'étais alors, il ne restait plus rien. Ma femme exigeait de notre couple un esprit commun, une seule chair. Des deux individus distincts que nous étions, elle entendait créer un couple parfait, soudé et uni en toutes circonstances : une créature à quatre pattes. »
« Je peux dire que le mariage est une drôle d'aventure pour les gars pas faits pour ça. L'amour, c'est des chemins dont on n'a pas idée. »

Je me suis laissée tenter par ce livre alors que je n'aime pas particulièrement le genre littéraire des nouvelles mais le thème (amour, désamours, couples) m'attirait.

La première nouvelle n'en est pas vraiment une puisqu'il s'agit d'un lettre courte et amusante dont on découvre à la toute fin qui l'a écrite (et cela change le sens que le lecteur avait donné à celle-ci).

La deuxième nouvelle « ce que je sais de joseph », un peu longue, au sujet grave (un homme brisé par une vieille séparation amoureuse) ne m'a pas séduite car je ne me suis pas attachée aux deux personnages.

J'ai failli abandonner à ce stade de ma lecture mais j'ai eu la bonne idée de poursuivre et les nouvelles suivantes m'ont beaucoup plu. La troisième « comme un chien » m'a même tiré les larmes des yeux. L'héroïne, une jeune femme mère de deux enfants, vit sous la coupe d'un tyran domestique, elle est « au bout de sa vie » comme disent les jeunes aujourd'hui. Et c'est un chien errant un beau matin qui va lui donner la force de changer son destin. Cette nouvelle est vraiment bouleversante, c'est un bref mais magnifique portrait de femme.

Ces nouvelles tournent souvent autour du thème de la rupture, rupture amoureuse, rupture de vie. Il est question de l''ambiguïté des sentiments, d'incommunicabilité, d'amour perdu, de solitude (subie ou désirée), de jalousie, de couples vieillissants qui s'aiment encore mais ont bien du mal à se l'avouer.
C'est émouvant, parfois bouleversant.

Mes trois nouvelles préférées : « comme un chien » (une jeune femme qui se libère enfin d'une vie étouffante), « la perle » (le besoin de solitude d'un homme et la jalousie de sa femme) , « le château de sable » (un jeune père divorcé avec son petit garçon) et « demi-tour » (un couple séparé qui s'aime encore).

Les dialogues, très présents dans chaque nouvelle, sont très réussis car ils sonnent toujours juste.

Je conseille donc vivement la lecture de ces nouvelles, toutes en demi teinte, très agréables à lire. L'auteur y fait preuve d'une grande sensibilité, d'un regard amusé et lucide sur la vie de couple. Chaque nouvelle a une chute subtile qui porte le lecteur à réfléchir ou s'émouvoir.

PS sur le même thème de l'amour-désamour, je recommande 2 autres recueils de nouvelles : « Vous n'avez pas vu Violette ? » de Marie Sizun et « L'amour est très surestimé » de Brigitte Giraud.

Des nouvelles brillamment simples et simplement brillantes !

Les quatorze nouvelles de cette anthologie sont centrées sur le quotidien de la vie de couples contemporains ordinaires. J'ai, à nouveau, beaucoup aimé cet ouvrage de Franck Courtès. Celui-ci parvient à mettre en lumière le petit détail qui fait sens, à nous rappeler ce qui fait la grandeur et la décadence d'un couple, et parfois juste sa banalité. Chaque lecteur ou lectrice peut se retrouver dans ces pages d'une grande justesse.

La première nouvelle intitulée « La demande en mariage » est une lettre d'une mère à son fils. Il s'agit surtout d'une mise en garde : « On croit toujours aimer pour la vie. On peut s'aimer, s'en faire une fête, s'en vanter, l'afficher, croire qu'on a découvert le secret du bonheur, un jour les rouages se grippent. » Les treize nouvelles suivantes illustrent chacune à leur façon cet avertissement.

💍Une sensibilité exacerbée de l'écrivain se devine en filigrane, un peu d'amertume aussi. Les nouvelles sont dans l'ensemble assez mélancoliques. Les personnages masculins peinent souvent à exprimer leurs sentiments. Si Franck Courtès n'est plus photographe, il reste un artiste et un artisan à la fois, maniant parfaitement les mots les plus simples pour en faire des compositions très travaillées.

Si la vie de couple est au centre de cette anthologie, d'autres thèmes sont présents : les relations parents-enfants, les relations amicales, la vie à Paris et par contraste celle menée en province, le thème du deuil parfois pathologique, enfin une place est évidemment donnée à la photographie et à l'écriture. N'hésitez pas à découvrir ces nouvelles car comme le dit l'un des personnages : « L'amour, c'est des chemins dont on n'a pas idée. »

Quatorze histoires de couples, bien écrites, mais renvoyant une image à chaque fois un peu terne de la vie à deux, comme si le mariage mettait à tous les coups un terme à la passion. Il est heureusement des couples qui s'aiment toujours comme au premier jour, et pour qui être unis est une source de joie au quotidien (malgré les inévitables épreuves de la vie).

Un bon moment de lecture tout de même !

Enfin un excellent recueil de nouvelles qui se déroule à notre époque et aborde une thématique qui nous interpelle tous : la vie amoureuse, qui l'est déjà un peu moins dès que l'on prétend vouloir la pérenniser dans l'union conjugale en bonne et due forme.

La toute première histoire ne fait qu'une page et quelques lignes seulement, mais elle donne le ton: une mise en situation rapide, peu de descriptions physiques des personnages, de la tendresse, de l'humour et une chute surprenante mais plausible Des qualités qui se font rares chez les auteurs de nouvelles contemporains non genrés.

Le seul reproche que je pourrais faire au style est la présence de tournures un peu trop précieuses qui font parfois clichés, à la manière de carte postales. J'en ai relevé surtout dans la deuxième nouvelle à saveur autobiographique, "Ce que je sais de Joseph", où il est précisément question de la fin de vie d'un grand... photographe.

Pur une fois, l'éditeur ne tente pas ici de nous refiler des fonds de tiroir après nous avoir servi quelques beaux appâts : mon intérêt n'a pas faibli tout au long des 14 histoires, sauf peut-être pour les deux dernières, tout juste un peu redondantes. La pièce de résistance du livre, "Le Grand entretien", est aussi la plus hilarante, tant en raison de l'astucieuse intrigue menant à un dîner bien arrosé, tout en faux-semblants, que des dialogues sarcastiques sur la déliquescence du monde littéraire français - à l'image de celle des deux couples vieillissants mis en scène.

J'ai hâte de lire les autres ouvrages de ce Franck Courtès, un ex-photographe réputé qui déploie de remarquables talents de conteur dans une seconde vie.