Ambiance champêtre pour un roman essentiellement contemplatif.
A travers ses personnages,
Pierre Cousin se fait le détenteur d'un savoir qui s'oublie: noms de papillons, de fleurs, comportement des animaux de la forêt... La petite Lucie passe tout son temps libre dehors avec ses grands-parents, à découvrir et apprécier "toutes les merveilles de la nature", et le roman apprend plein de petits détails sur la chouette hulotte, le pic épeiche, le brocard ou encore le crapaud accoucheur ! En ce printemps où la forêt renaît et les bébés pointent le bout de leur museau (ou de leur bec!), "il y a toujours quelque chose à voir, à ressentir, à écouter". La tendresse de la fillette pour ses grands-parents (et vice versa!) est touchante à voir, ils lui transmettent leur savoir-faire avec patience et elle les imite avec enthousiasme. Mais du coup, à part des séances de cuisine, des tâches au potager, l'observation des animaux et des "histoires de braconniers" (le grand-père est garde-chasse), il ne se passe pas grand chose...
Dans la seconde moitié du livre, deux personnages vont prendre une importance croissante. le camarade d'école de Lucie, Joël (alias Limace), fasciné par le récit de ses sorties forestières, réclame à la suivre sur les sentiers. D'abord réticente, la petite fille finira par transmettre à son tour ce qu'elle sait, faisant vivre "de nouvelles expériences" à son ami, et reprenant à son compte le cycle des traditions.
D'autre part, Lucie fait la nuit des rêves étranges, qu'elle prétend maîtriser dans le but de retrouver un arbre spécial repéré dans son atlas de botanique : le garoé ou arbre-fontaine. Au cours de ses rêves, elle rencontre un jeune garçon, Adélino. Cependant "essayer de contrôler ses rêves n'apporte rien de bon", on peut même "rester coincé dans ses rêves pour toujours"... D'ailleurs ceux-ci se terminent de plus en plus souvent en cauchemars... Malgré tout, avec Adélino, Lucie va s'ouvrir à de nouvelles émotions ("Des sentiments nouveaux naissent en elle. Même si ce n'est qu'en rêve.") et la fin, poétique, voit le rêve rejoindre la réalité.
On referme le livre convaincu de la beauté rassurante d'une vie simple, proche de la nature, et auprès des gens qu'on aime. Car
Pierre Cousin le magicien du quotidien nous aura fait comprendre "que nous faisions partie d'un tout, qu'on devait vivre beaucoup plus en respectant la nature qui était tout autour de nous, que tout était en équilibre, et qu'on devait essayer de préserver cet équilibre".
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