S'inscrivant dans une tradition pamphlétaire plutôt pauvre en France (à part les pamphlets antisémites de Céline, non réédités et donc méconnus),
Raymond Cousse prend le risque de s'attaquer aux critiques littéraires (à travers tout son ouvrage A bas la critique…), n'est-ce pas suicidaire de la part d'un auteur qui en attend la reconnaissance ? Il s'attaque au plus médiatique d'entre eux, le télégénique
Bernard Pivot. Cousse va jusqu'au bout de la destruction littéraire, terminant d'ailleurs par un passage en revue – et donc une exécution sommaire – des mésoeuvres scripturales de
Bernard Pivot. Comme dans ses romans et spectacles – ce pamphlet a d'ailleurs des airs de one-man-show qui feront penser pour leur mordant à Desproges ou Dieudonné –, il use de toute sa verve acide, de toutes les ressources du genre, avant tout le rire, mais ne tombe pas dans l'attaque facile à la personne. C'est sur sa légitimité à parler de littérature que Pivot est attaqué, c'est en tant qu'acteur central et mis en avant d'un système commercial destructeur qu'il est attaqué, c'est à cause justement de son visage sympathique, bon vivant, inoffensif qu'il est hautement dangereux entre les mains de ce système.
Mais le temps a à peine gardé trace de la courte carrière de
Raymond Cousse, pourtant talentueux, et
Bernard Pivot à continuer de gravir les échelons des cotes de popularité, devenant le représentant même de l'identité littéraire par le biais de ses célèbres dictées télévisées, grandes messes élitistes qui continuent de maintenir la rigidité d'un système orthographique et grammatical plein d'absurdités, incohérences, contradictions et exceptions, savoir qui se prétend hautement intellectuel quand il est seulement culture fétichiste, système qui par conséquent maintient l'horrible insécurité linguistique du plus grand nombre. Or il en va de même pour la littérature médiocre applaudie dans les émissions littéraires médiatiques telles qu'Apostrophe : élitiste, fétichiste d'une culture et d'une histoire autocentrée, jeux de références et de révérences…
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