Je l'ai lu il y a très longtemps et franchement il m'a passionné comme les autres tout en sachant que Angélique allait s'en tirer car le Jésuite et la Duchesse ils étaient terribles de perversité et de méchanceté. Je dois dire que le seul que je n'ai pas lu c'est le dernier et bien sur vous direz à mon age c'est bien malheureux mais je le regrette.
Je dois vous dire aussi que je les avais pratiquement tous sauf le dernier et je les ai donné à une BB dans le Maine et Loire qui à l'époque les a reçu comme un don du ciel.
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Sait-on ce qu'on aime dans ce premier regard qui lie deux êtres l'un à autre ? Souvent sans le savoir, les richesses cachées, les forces contenues, et que seul l'avenir révélera... ce que les puissants de ce monde ne m'ont pas laissé le temps de découvrir en vous... Même en ce temps-là je restais sur la défensive. Je pensais : elle changera, elle deviendra comme les autres, elle perdra cette intransigeance exquise, cette ardeur de vivre, cette finesse intelligente... et puis non... je vous ai retrouvée, vous et, en même temps, autre... Ne me regardez pas avec ce regard-là, mon amour. Je ne sais où vous allez chercher sa séduction, mais il me bouleverse jusqu'aux moelles.
Ambroisine de Maudribourg avait noué ses bras autour du cou d'Angélique. Celle-ci sentit sa chair se hérisser. Jamais elle n'avait rencontré un être aussi beau. Cela avait quelque chose de supraterrestre. Avec une effrayante certitude, elle sut que la Démone était là. L'Esprit succube.
De cette autre femme, si différente, si bouleversante, qui m'expliquait sans prendre garde à son triste état, à son sang qui coulait, à l'eau glacée qui la trempait, qu'il fallait sauver ses amis, de cette femme qui ne vous ressemblait plus et qui vous ressemblait encore, j'étais en train de tomber éperdument amoureux. Un coup de foudre où tout se mêlait : l'admiration, le goût, le charme inexplicable, la pitié, la tendresse, la volonté de protection, la peur de perdre, de laisser échapper un tel trésor, l'incertitude de l'instant...
Elle ressentait ses bras autour d'elle comme de l'acier, l'emprisonnant avec une fièvre si farouche que tout son être s'en était ému d'un sentiment charnel et profond, indescriptible. Le sentiment de lui appartenir et à lui seul jusqu'à la mort... Une mort douce ainsi, dans ses bras, sans pensée autre que le bonheur, le bonheur sans limites de savoir son amour pour elle.
C'est une chose étrange que l'Amour, reprit-il comme se parlant à lui-même, une plante surprenante. La jeunesse croit la cueillir dans son épanouissement et que son destin sera de s'étioler ensuite. Alors qu'il ne s'agit, en vérité, que des prémices d'un fruit plus savoureux qui n'est donné qu'à la constance, à la ferveur, à la connaissance mutuelle.
Anne Golon - La victoire d'Angélique (1985)