Suite de l'adaptation du roman de
Jean Teulé consacré au « poète maudit »
François Villon. Après un premier volume très réussi dans lequel
Luigi Critone nous dévoilait l'enfance de l'écrivain ainsi que sa jeunesse en tant qu'étudiant à la faculté de Paris, ce second album, bien justement intitulé « Bienvenue parmi les ignobles », nous dévoile une toute autre facette du jeune homme. Oubliées, les petites farces sans grandes conséquences destinées à humilier les puissants locaux. Terminé, le temps des joyeuses fêtes paillardes en compagnie de ses turbulents amis étudiants. Cette fois, les méfaits commis par le poète sont autrement plus graves. Vol, meurtre, viol..., rien ne semble assez atroce aux yeux de
François Villon qui, pour intégrer la confrérie des « coquillard », bande de pillards et brigands sévissant sur les routes de France, ne va pas hésiter à commettre les pires crimes, les pires lâchetés. Forcé de s'exiler de Paris, il trouvera un appui auprès des grands seigneurs du royaume grâce à son talent qui lui vaudra d'être accueilli à la cour du roi René à Angers, puis à celle de Charles d'Orléans à Blois. Mais le poète semble plus attiré par l'errance que par le faste de la cour et c'est aussi misérable qu'à l'arrivée qu'il reprendra la route aux côtés des « ignobles ».
Contrairement au premier volume où l'humour se mêlait habilement au drame, ce second album est nettement plus sombre. Toute la sympathie que l'on pouvait avoir pour le jeune poète s'évapore dès les premières pages au vue des atrocités qu'il n'hésite pas à commettre (ou laisser commettre) pour des raisons bien nébuleuses (pourquoi tant de zèle, notamment, pour intégrer cette bande de mercenaires dont il connaît fort bien la réputation ? ). Et c'est là, justement, que le bât blesse, car en cherchant à trop s'éloigner de l'histoire pour privilégier la légende noire qui entoure le personnage, l'auteur abandonne toute nuance pour ne nous dévoiler que la face sombre du poète que le lecteur a maintenant du mal à envisager autrement que comme un lâche et un traître égoïste et sans une once d'empathie. Un portrait un peu trop sombre qui en vient finalement à occulter l'essentiel, à savoir la beauté de sa prose, puisque, même lorsque les grands de ce monde lui tendent la main pour exercer son art, il finit toujours par la mordre. On pourrait également trouver à redire au nombre important de scènes de viols dont l'accumulation finit par mettre mal à l'aise, d'autant plus que certaines ne sont pas véritablement au service de l'intrigue.
Une lecture en demi teinte pour ce second volume qui nous dévoile un
François Villon bien plus sombre que ce que nous a transmis la légende. le tout reste cela dit de bonne facture, mais cette fois moins au niveau de l'intrigue que des graphismes. Espérons que le troisième album saura se montrer un peu plus nuancé.