James des Pommiers n'est pas "hôtesse de l'air" mais steward. L'auteur est lui-même steward et par ironie ne manque pas de dire lors des interviews qu'il est "hôtesse de l'air" . Et tout le monde reprend ce propos strictu sensu ! Ce qui n'hôte rien au qualité de l'auteur ni de son texte.
Commenter  J’apprécie         20
La lumière n’était pas toujours bonne conseillère et tout n’était pas forcément avouable. Mais de ce côté-là, j’étais en paix. Comme Einstein l’avait si habilement souligné, j’avais moi aussi fini par penser qu’il n’existait que « deux choses infinies , l’univers et la bêtise humaine » et, comme lui, pour l’univers, je n’avais « pas de certitude absolue » . Tout au long de notre histoire, j’avais pu le constater. La sottise était un puits sans fond, comme la haine.
Durant ces seize années, presque une éternité, nous étions passés par toutes les phases et toutes les émotions. De l’amour à la colère, de la tristesse à la joie, du bonheur au malheur et de la haine à la haine. Il avait fallu s’accrocher pour garder le cap et tenter de trouver l’équilibre. Inlassablement, catin insoumise, la vie s’était chargée de me rappeler que c’était peine perdue. Pourtant, du temps de notre rencontre, elle était parvenue à me convaincre du contraire. Elle promettait que nous serions heureux. Pour moi, il était inconcevable que l’on sombrât dans l’affligeante banalité de ces couples qui implosaient au moindre dérèglement.
Chacun sa route, chacun son fardeau. Pierre après pierre, bière après bière, les mêmes causes produisaient les mêmes effets et les mêmes incertitudes. Tout le monde m’avait pris pour un dingo d’avoir quitté les lumières des défilés pour la poussière des chantiers. Quel crime de lèse-majesté ! Je préférai les grues aux spartiates, les bleus de travail aux boléros affriolants et les mains calleuses à celles manucurées de frais que l’on croisait sur les terrasses du boulevard Saint-Germain. Qu’y pouvais-je ? Pensez ce que vous voulez, mais c’était moi qui décidai de ma vie.
Je me serais sans doute contenté de baisser les yeux comme un puceau apeuré et j’aurais passé mon chemin ventre à terre. À quoi ça tient, la vie ! Elle n’était pas pour moi, avais-je pensé d’instinct. J’aurais sans doute mieux fait d’écouter mon instinct et de détaler. Trop jolie, trop pétillante, trop chafouine, trop tout. Manque de confiance en moi, plus probablement. J’avoue que face à elle, pleutre, je n’en menais pas large, déjà à l’époque. Du coup, comme je l’ai dit, c’était elle qui était venue vers moi.
Loin de tous ces volatiles adeptes du scoutisme et des tartes dans la gueule, tel Cupidon ailé, en ce 13 février 2000 je rencontrai celle qui allait devenir la mère de mes enfants et bouleverser ma vie en partageant mes savoureuses pâtes au beurre. Je n’aimais pas le taboulé. Je sais, ça faisait rêver ! Suzanne était très belle, je ne pourrai le nier. Et moi encore un peu niais. Ses longs cheveux noirs s’accouplaient parfaitement avec ses yeux d’ébène qui laissaient transpirer ses origines arabo-andalouses.
Mon Père, ce tueur - Bande annonce