Un long conte cruel à l'image de l'île qui lui sert de décor. Dans ce coin isolé de Terre-Neuve au milieu du XIXème siècle, il ne s'agit pas vraiment de vivre, plutôt de survivre.
Michael Crummey nous conte les destins contrariés de deux familles que je qualifierai de "solidement désunies". Minutieusement documenté, ce roman montre à la fois un grand réalisme et une belle imagination, avec de petites touches de fantastique, jamais artificielles, discrètes, comme lorsque l'épuisement ou la fièvre nous font douter de nos sens. Les nombreux personnages sont campés avec beaucoup de finesse, tous d'une façon ou d'une autre attachants, cachant souvent des fêlures profondes sous une rudesse que l'on croirait empruntée au climat.
Michael Crummey est également poète, et cela se sent et s'apprécie, même au travers du filtre de la traduction -- excellente au demeurant. Un très beau livre, qui a reçu de nombreux prix amplement mérités.