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Citations sur Autobiographie d'un épouvantail (40)

Les études récentes en neuro-imagerie montrent à quel point « être-ensemble » participe au fonctionnement de chaque cerveau des individus du groupe : lorsqu'on voit les autres faire un geste autour de nous, les cellules correspondantes de notre cerveau se mettent à consommer beaucoup d'énergie, comme si nous nous préparions à faire la même action.
p. 169
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Cet exemple nous permet de comprendre que lorsqu'une personne ne parvient pas à exister, parce qu'un tyran domestique interdit son développement, parce qu'une religion entrave son épanouissement, parce qu'une culture engourdit son esprit, parce que la misère l'empêche de vivre, parce qu'une armée d'occupation détruit toute organisation culturelle, dans un tel contexte appauvri, l'envoûtement terroriste offre un moment d'existence, un sursaut de dignité.
p. 106
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Le monde qui revient en lui ( l'épouvantail) ne sera supportable qu'à condition d'être métamorphosé. La poésie, le théâtre ou la philosophie en feront une représentation tolérable.
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LES ENFANTS CACHÉS
À l'inverse, les enfants qui n'ont pas eu la possibilité de retrouver un milieu sécurisant et dynamisant sont devenus de mauvais élèves aux relations difficiles. Les garçons se sont défendus en valorisant la débrouillardise, ils ont maçonné, livré des marchandises à vélo, lavé les voitures et vendu des bricoles sur les marchés. Leurs victoires immédiates, en les sauvant de la misère, ont arrêté leur développement et les ont amputés du plaisir de la vie intellectuelle. Les filles, quant à elles, se plaisaient à rêver que leur existence prendrait sens et se remplirait d'affection dès qu'elles pourraient porter un enfant. Cette représentation d'elles-mêmes, cette illusion de sauvetage en a fait des proies pour les fausses promesses de mariage. C'est dans de telles populations de grandes filles insécurités qu'on trouve pratiquement toutes les grossesses précoces .
p. 220 et 221
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… une représentation d'enfant caché : « Il suffit que je dise qui je suis pour que les gens aimables deviennent dangereux. Il me suffit de taire une partie de mon histoire et de ma personnalité pour paraître normal et vivre en paix. » Une telle stratégie de survie gèle une partie de la personnalité et provoque un clivage dont souffriront les enfants de ces ex-enfants cachés, obligés de rester cachés, même quand la paix est revenue.
p. 219
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Le fait d'obéir jusqu'à la transgression est un raisonnement typiquement pervers : « J'ai une telle passion pour mon maître que je ressens un plaisir immense à lui faire plaisir. Pour lui, je suis prêt à éprouver aussi le plaisir de la transgression, s'il me le demande. Obéir jusqu'à la mort que je donne ou que je reçois, dénoncer ceux qu'il déteste afin d'assouvir sa haine, seuls comptent son désir, son monde mental, ses représentations. » « Dénoncer et mourir de plaisir » met en scène une telle relation perverse.
p. 180
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C'est de leur plein gré que les perroquets tueurs ont couru se soumettre aux récits initiateurs. La conformité leur a donné tant de bonheur, apporté tant de bénéfices d'amitié, de gaieté, d'ascension sociale et d'estime de soi qu'il leur aurait été difficile de s'en priver. Sans compter que celui qui s'isole des féroces jacasseries de la volière s'expose à l'agression de ses propres compagnons. En refusant de participer à la récitation du groupe, le perroquet désobéissant prend la place du bouc émissaire ! « Il refuse de crier comme nous, il altère notre extase, il nous ferait douter, à mort le briseur de charme ! », caquette le chœur des perroquets diplômés.
p. 177
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Le panurgisme intellectuel donne des diplômes, crée des groupes amicaux, des cercles intellectuels ou des sectes en faisant croire que la récitation commune tient lieu de vérité. Ces énormes bénéfices affectifs et socioculturels expliquent en grande partie les mouvements d'idées qui, comme une épidémie psychique, entraînent les participants dans l'illusion du bonheur, de l'amitié et de la réussite sociale. Difficile de ne pas se laisser emporter par tant de bienfaits, difficile de quitter ceux qu'on aime quand on découvre un fait qui nous désolidarise, difficile de se retrouver dans « une situation pauvre en communication » qui nous entraîne vers la dépression par perte affective et isolement sensoriel. Le prix de la liberté est exorbitant dans un contexte où l'enthousiasme collectif exalte le bonheur que donne l'obéissance. Dans la grégarité intellectuelle, chacun sert de base de sécurité à l'autre, chaque idée de l'un conforte l'idée de l'autre puisque nous répétons, tous ensemble, les sentences prononcées par les génies que nous admirons.
p. 173 et 174
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Obéissance ou soumission?
Obéir n'est pas se soumettre : dans la soumission, je suis contraint à faire ce que veut l'Autre, alors que dans l'obéissance, je veux bien faire ce qu'il veut, j'y consens. Dans les deux situations, il faut que le développement de mon empathie me donne accès au monde de l'Autre. Quand l'Autre me soumet, il (elle) m'impose son désir et sa loi. Mais j'obéis à l'Autre quand j'ai compris que j'aurai intérêt à lui faire plaisir. Il ne m'est pas désagréable d'accepter sa loi et de satisfaire ses désirs, alors que je rechigne à me soumettre à ce qu'il (elle) m'impose.
p. 163
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Lorsqu'un traumatisé revient à la vie, il répond à une représentation amoindrie de lui-même et se demande comment il devra s'y prendre pour retrouver une place auprès des autres. C'est le blessé qui paie pour revenir en vie, alors que le nourrisson ne se rend même pas compte que l'Autre paie pour lui. L'empathie du nourrisson se construit à chaque rencontre : « Quand l'autre est là, je suis plein, dès qu'il manque je suis vide. » Alors que l'empathie du traumatisé, altérée par la déchirure de son image, le mène à se deman-der quelle idée l'Autre se fait de ce qui lui est arrivé « Maintenant que je suis amoindri, qui suis-je pour l'Autre ? »
p. 124
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