"Ce n'est pas le fait qui porte la honte, c'est la manière d'en faire un récit. [...]
La honte n'est pas dans le fait, elle provient de discours intimes qui jugent le fait."
Je vais donc me taire pour me protéger, je ne mettrai en façade que la part de mon histoire que vous êtes capable de supporter. L'autre part, la ténébreuse, vivra sans un mot dans les souterrains de ma personnalité.
La réussite n'est pas toujours une preuve d'épanouissement, elle est souvent même le bénéfice secondaire d'une souffrance cachée.
Il n'est pas nécessaire que les récits d'alentour soient énoncés pour nous faire taire. Une phrase par-ci, un silence par-là , ... un éclat de rire structurent l'environnement parolier où la blessure prend sens. Dans une telle enveloppe verbale, on peut très bien "mourir de dire" et souffrir de ne pas dire.
L'écriture est une relation intime. Même quand on a des milliers de lecteurs, il s'agit en fait de milliers de relations intimes, puisque, dans la lecture, on reste seul à seul.
"Il n'y a pas de honte quand il n'y a pas de regard de l'autre."
"Le tueur s'empêche de penser pour ne pas être gêné, et le blessé, lui, ne pense qu'à ça mais ne peut en parler."
"Le "je" n'existe qu'auprès d'un autre."
Quelle que soit votre réaction, il m'aura suffi de dire pour me sentir mal sous votre regard.
"J'aime dire que je suis juif, mais je ne sais pas très bien ce que c'est d'être juif."