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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un récit émouvant où l'auteur témoigne des périples de son enfance pendant la guerre. Comme beaucoup d'autres enfants juifs ballottés par les événements, il sera longtemps caché et vivra des épisodes tragiques.
Le silence qu'il doit faire sur sa judaïcité ne lui fait rien oublier des moments les plus traumatisants... mais beaucoup plus tard, il se rendra compte que pour se protéger de toutes ces peurs et ces douleurs, sa mémoire a transformé beaucoup d'événements.
Il n'y a pas de hasard... Boris Cyrulnik n'a pas à chercher très loin un exemple pour aborder le sujet de la résilience.

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On se prend une gifle salutaire en lisant ce récit autobiographique d'un homme qui, selon toute probabilité, n'aurait pas dû vivre au-delà de ses sept ans... Fils d'un couple de juifs ukraino-polonais arrivés à Bordeaux dans les années 30, les camps de concentration et la mort lui semblaient promis.

C'était sans compter la débrouillardise de sa mère et un instinct de survie hors norme. Mais, ce qui m'a le plus interpellé dans ce livre c'est avant tout l'analyse qu'il fait a posteriori des états de conscience par lesquels il est passé entre 1942 (déportation de sa maman) et 1981 (Le Canard enchaîné révèle le passé peu glorieux de Maurice Papon).

D'abord l'incompréhension d'un enfant de 5 ans, qui ignore être juif, devant la haine manifeste des troupes d'occupation. Puis les « quarante ans de silence » sur les péripéties rocambolesques qu'il a vécues durant la guerre.

Car, comme l'immense majorité des survivants des atrocités nazies, il a subi la méfiance voire la dénégation de tous ceux à qui il a tenté de raconter son histoire : c'était à l'époque de la libération « trop gros pour être vrai ». Au moment où la France s'inventait un rôle aussi glorieux que possible compte tenu des circonstances, il y avait certains épisodes du passé qu'on préférait, logiquement, laisser dans l'ombre. Et même si Cyrulnik en a énormément souffert, il ne jette la pierre à personne.

Il lui aura donc fallu attendre les révélations du Canard enchaîné à la veille de la première élection de François Mitterrand à la présidence de la République, pour qu'enfin les langues se délient et que les Français acceptent de regarder timidement dans le rétroviseur et tolèrent les voix dérangeantes, notamment celle de l'avocat Serge Klarsfeld.

Ce qu'il y a de remarquable dans ce récit c'est le maillage que Cyrulnik parvient à tisser entre faits historiques, souvenirs personnels et étayage scientifique de ses analyses. Un style d'écriture particulier et très intéressant qui sert une autobiographie d'une grande rigueur intellectuelle: malgré une enfance chaotique et une jeunesse économiquement défavorisée, il est possible de réussir magnifiquement sa vie.
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Boris Cyrulnik affronte son passé pour délivrer un message humaniste, scientifique de ses souvenirs tronqués, en analysant ses propres représentations, ses mécanismes de défense (le déni, le silence, les histoires de récré, ...) et en les confrontant à la réalité avec L Histoire, la vraie et non pas celle qu'il s'est inventé pour se préserver.

Qui n'a jamais perçu ce décalage entre un épisode vécu enfant et la vérité apportée par un regard extérieur ? le passé devient cohérent grâce à nos oublis et à nos remaniements affectifs.

Boris Cyrulnik apporte ses savoirs en tant que neuropsychiatre pour expliquer ces phénomènes que lui-même a vécu; ainsi, il confronte sa mémoire narrative à la mémoire historique des faits, en expliquant les différents concepts, que sont le déni, la résilience, ... et en l'agrémentant d'expériences scientifiques réalisées dans le monde pour appuyer ce postulat. La résilience est sa notion phare, il en parle largement à travers ses autres écrits. Il insiste encore dans celui-là en mettant en exerce le rôle primordial de "l'attachement sécure", sans celui-ci le traumatisme s'installe et la résilience devient impossible.

Il appuie là ou ça fait mal (que l'on retrouve dans Au revoir là-haut, de Pierre Lemaître) : cette propension à vénérer ses héros morts mais à délaisser les survivants, les revenants pourrait-on même dire. Il faut savoir écouter pour rompre l'isolement, le silence ou au contraire calmer la logorrhée destructrice.

Ce livre est rempli d'humanisme puisque même s'il s'agit de mémoires, Boris Cyrulnik écrit pour que ces erreurs passées ne se reproduisent plus: ni dans la haine, le racisme, le fascisme, ni dans l'aveuglement, l'isolement de l'autre "différent" par ce qu'il est ou ce qu'il a vécu.

Une note d'espoir dans ce monde de brutes.

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Ne pas raconter. Ne rien dire puisque que dans l'impossibilité de partager. C'est le danger du silence, toute les souffrances des amnésies. Quelles soient conscientes ou inconscientes. Il faut du temps pour remettre en marche une mémoire. Concilier pour réconcilier, lier les images, les mots, les visages. Réactiver la mémoire. C'est le grand défi des traumas. Il faut en passer par là. «  Es brennt, Es brennt, O briderler, Es brennt » ...Réanimation obligatoire : la seule porte du salut. C'est l'histoire de sa vie, de tous ces silences qu'il a du combattre, les siens et ceux de tous les autres. Il a fait le choix de prendre la parole. A six ans on fuit. On escalade, on grimpe, on marche en équilibre, on trompe la mort. On s'agrippe à ceux que l'on peut. On sait déjà le grave et l'important. On a tout le courage d'un enfant. On ne parle pas. Parce qu'on a compris que sa vie dépendait du silence. Et puis l'enfer finit, on se tait, on est plus un enfant, mais on se tait pour faire comme les autres. Pour ne plus être différent. Mais on se ment. « Ça ne colle pas ». Il faut de tout pour faire un homme. de son passé, de ses maintenant, de ses cauchemars et de ses rêves. « ça ne colle pas », l'histoire «ne tient pas ». Alors pour se sauver, il faudra commencer à ne plus fuir . Dire, écrire, parler, venir, revenir, revoir pour voir. Il ne s'agit pas d'un essai, on y parle pas de sciences, pas de théorie. Juste la vie comme elle fut. Pour replacer correctement une mémoire dans un temps. Pouvoir comprendre tout ce qui fut passé pour se laisser aller au présent.

Astrid Shriqui Garain
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Ce récit évoque bien les souvenirs de l'auteur qui, âgé de six ans, a échappé à la déportation et a été sauvé et protégé par une succession de rencontres (ce qui est également évoqué par l'auteur de « Chaque pierre a son histoire » et par Charlotte Goldberg). Mais ceux-ci sont régulièrement mis en parallèle avec l'expérience professionnelle du neuropsychiatre au contact d'enfants victimes de traumatismes. C'est passionnant de découvrir comment fonctionne la psychologie de l'enfant pour se protéger et survivre à des situations horribles.
J'ai été très étonnée de lire comment Boris Cyrulnik n'a découvert « son passé » que fortuitement et après plusieurs dizaines d'années !!!
Les thèmes de la parole, du secret, du silence, de l'histoire personnelle enfouie, sont brillamment développés. Je n'avais jamais envisagé la question sous cet angle mais l'auteur explique comment il est parfois impossible de raconter quelque chose d'horrible qu'on a vécu parce que les gens ne peuvent le croire et comment il s'est trouvé « coincé » entre deux types de réaction de ses interlocuteurs : la suspicion de mensonge s'il parle et la suspicion de cacher un secret inavouable s'il se tait ! C'est vraiment un livre à lire non seulement pour ce témoignage mais aussi pour toute la réflexion que ça ouvre autour.
Lien : http://toutzazimuth.eklablog..
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Enfin, à 75 ans, l'autobiographie du célèbre neuropsychiatre, spécialiste du concept de résilience, à l'enfance tragique et hors du commun... C'est tout à la fois un drame intime et universel, se situant entre le récit et l'autoanalyse, dans lequel le petit garçon, caché et traqué, et le psy aguerri et formé aux découvertes les plus récentes en neurobiologie dialoguent pour démonter les processus psychiques à l'oeuvre face à un traumatisme : comment la mémoire reconstruit un souvenir (qui n'est qu'une représentation de la réalité) afin de donner un sens à l'horreur, à l'impensable ?
Passionnant. Et essentiel.
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Et l'on comprend d'où vient la "résilience"...
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Boris Cyrulnik, le « pape » de la résilience a enfin écrit ses mémoires !
Étant neuropsychiatre, il décide de prendre son propre témoignage comme objet d'étude.
Il nous raconte ainsi la rafle nazie à laquelle il a pu échapper et différents souvenirs de jeunesse qu'il confronte avec d'autres témoignages et son propre point de vue de professionnel.
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Une autobio, mais surtout l'explication de toute sa démarche de chercheur & de thérapeute.
Un livre très facile à lire même si on n'a pas une culture psy.
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J'ai beaucoup apprécié l'auteur qui se dévoile, qui parle de son enfance, de son vécu et parallèlement, le scientifique, qui analyse, explique, prend du recul par rapport à son vécu, à la société qui l'entoure à chaque âge de sa vie. Sans prosélytisme, sans esprit de vengeance, un récit fluide, les mots glissent, expliquent, analysent tout simplement...
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