Prenant la poussière dans ma bibliothèque, je me suis enfin relancée dans la lecture de la Passe-Miroir. Quoi de mieux que de relire le premier opus pour me remettre dans le bain ! Ayant gardé un bon souvenir de ce volet, j'étais toute contente de replonger dans le roman pour revivre mes passages préférés. La magie de cet univers assez atypique m'appelait et m'interpellait. J'avais envie d'une bonne dose de fraîcheur et d'évasion.
Remplissant ces deux fonctions, ce premier tome m'a de nouveau embarquée dans son périple semé d'embuscades. J'ai retrouvé les éléments qui m'ont émerveillés.
Tout d'abord et surtout, la plume exquise de l'autrice qui pousse à l'exagération les traits physiques et moraux des personnages. Je trouve que ce style d'écriture apporte une bonne dose de légèreté à l'intrigue qui reste très sombre derrière les paillettes. J'aime énormément cette façon de présenter les personnages les rendant consistants, très bien exploités. Nous sentons, dés le départ, que
Christelle Dabos mène ses personnages par le bout du nez. Elle se joue complètement de leurs sorts, révélant ainsi en chacun d'eux une forte personnalité unique qui a une place importante dans le fil conducteur. En effet, tous les personnages apportent un grain essentiel à la trame principale. Par cette force de caractère, l'autrice puise son inspiration dans un vocabulaire riche et fouillis rendant compte une narration extrêment fluide et accessible. Je n'ai pas lu. J'ai savouré et bu littéralement les lignes tellement la plume est habilement manipulée. Un bonbon qui fond sous la langue !
Par cette narration si somptueuse, on ne peut pas s'empêcher de s'attacher envers notre protagoniste. Ophélie est loin d'être l'héroïne badasse, admirable et justement, on va l'aimer pour ce qu'elle est. J'ai adoré ce petit bout de femme qui s'accorde si peu de considération mais qui, pourtant, n'a pas la langue dans sa poche. Elle sait prendre le taureau par les cornes quand il faut ce qui la rend charismatique à sa manière. Certes, sa passivité rend l'instant de lecture très lent mais il est essentiel pour montrer son ascension progressive.
Si je reprochais la lenteur du récit lors de ma première lecture, la relecture m'a permis de déceler son intérêt. Je dirais même son charme. J'ai été transportée par ce récit contemplatif qui prend bien le temps de poser les bases de l'univers. Ainsi, pour un monde de fantasy, je n'ai pas été perdue, ni déboussolée, ni déstabilisée. Au contraire, je suis plus facilement entrer dans la Citacielle et dans ses enchantements. J'ai plus pris de plaisir dans cette relecture.
Les relations entre les personnages sont toujours aussi croustillantes, mordantes et tordantes. Les réparties sont extrêment bien trouvées, rendant compte de belles joutes verbales à double sens. Je me suis enivrée des échanges entre Thorn et Ophélie ou encore Ophélie et Archibald, ou encore Berenilde et Thorn. Mais les personnages qui font toujours autant battre mon coeur, sont Gaelle et Renard. Enorme gros coup de coeur sur eux ! Ce sont des amours dans ce monde de brutes !
Le seul reproche que je peux faire à ce premier opus finalement, c'est juste le manque de rebondissements et de surprises. Alors que j'avais oubliée une bonne partie de l'histoire, je n'ai pas été étonnée du dénouement. Tout se suit trop facilement à mon goût. Les révélations se devinent rapidement. On se doute de la conclusion finale même si nous n'avons aucune idée de ce qu'elle présage pour la suite.
Les attentions et les agissements prévisibles des personnages m'ont fait perdre quelques fois l'attention vers les derniers chapitres. Néanmoins et fort heureusement, cela n'a pas gâché le plaisir de la lecture. J'ai même plus savouré ce premier opus qu'à la première lecture, me donnant irrésistiblement envie de me jeter sur la suite.
Je ne peux que donc partager la hype autour de cette saga qui a clairement un fort potentiel et envisage une suite prodigieuse.