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EAN : 9782075187893
256 pages
Gallimard Jeunesse (13/04/2023)
3.31/5   445 notes
Résumé :
Par-dessous la peinture, le plâtre et le ciment, à l'intérieur des murs, au fond de l'invisible, je perçois quelque chose que j'arrive pas encore à nommer, quelque chose de foutrement féroce qui habite le bâtiment tout entier et qui me rentre dans les os. Qui fera bientôt partie de moi.

Ici ne ressemble à nulle part.
Ici n'obéit qu'à ses propres règles.
Ici il y a des Bas, des Hauts, des pairs et des impairs.
Et quoi qu'il arrive ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (141) Voir plus Ajouter une critique
3,31

sur 445 notes
“Après La Passe-Miroir, Christelle Dabos révèle une autre facette de son talent dans un roman choral vertigineux, addictif et puissant.”

En voici une belle petite phrase de présentation de Gallimard jeunesse pour le nouveau roman de Christelle Dabos. Une phrase que je trouve très juste, Ici est seulement ici est un roman marquant, un roman auquel je vais probablement songer encore quelques jours, peut-être plus.

Tous les bouts de phrases sont importants pour le coup, “une autre facette de son talent”, clairement on est ici très loin de ce que Christelle Dabos proposait dans La Passe-Miroir, vraiment très loin et je le dis tout de suite, je préfère 10 fois plus ce qui a été présenté dans La Passe-Miroir que dans Ici et seulement ici. Simple question de goût, de ressenti surtout pour le coup car le talent lui, c'est certain, il est bien là. Christelle Dabos à un talent indéniable pour les mots, cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un roman avec un style aussi marqué, d'autant plus dans un roman jeunesse. On est très loin d'une écriture plate, plutôt neutre et sans relief, Dabos s'amuse avec les mots, avec les phrases, leur sonorité aussi. J'ai plus écouté que je n'ai lu ce roman qui a été merveilleusement adapté en audio qui ajoute je pense un plus à la lecture la rendant je trouve plus immersif, plus facile à suivre aussi avec une voix distincte pour chacun des narrateurs qui racontent leur année à Ici, un collège, un collège parmi tant d'autres, un collège singulier aussi.

“un roman choral vertigineux, addictif et puissant”, vertigineux, addictif et puissant, oui cela décrit assez bien ce roman, il l'est peut-être même trop pour moi “vertigineux, addictif et puissant”.

Maintenant qu'il faut que je rentre dans le coeur du propos, je commence à patiner pour rédiger cet avis, comment décrire une telle lecture avec mes propres mots. Par le plus simple sans doute : comme vous l'aurez compris au vu de ma note, je n'ai pas aimé, je n'ai pas aimé ce roman dont je ressors avec des souvenirs en tête auxquels je n'avais pas songé depuis plus de 10 ans.

Il y a dans ce roman quelque chose de terriblement évocateur, on suit quelques élèves : Iris, Pierre Guy et Madeleine ainsi qu'une professeure remplaçante, ils nous racontent leur année au collège. Différents niveaux scolaires, différents types d'élèves, mais tous soumis aux lois tacites du collège. Pas celles du règlement intérieur, non toutes les autres, les plus importantes, ridicules souvent mais que tout le monde suit plus ou moins. Il y a dans ce roman je trouve beaucoup de justesse dans certains propos, peut-être trop, c'est abrupt, violent. le collège ne l'est-il pas ? N'est-ce pas une étape de notre vie qui l'est un peu ? Un passage de notre vie pas très agréable mais aussi fondateur ? Sans doute que oui mais j'aurais souhaité ne pas replonger dans mes propres années de collège, du moins pas dans les souvenirs que m'a évoqués cette lecture.

Lire ce roman, c'est se replonger des années en arrière, dans vos années collèges car Iris, Pierre, Guy et Madeleine vous rappelleront peut-être vous-même ou d'autres élèves que vous avez côtoyés, car le Ici, le collège de ce roman est un peu le Ici de tous les collèges et à toutes les époques. Mais le plongeon ne sera pas du côté des bons souvenirs mais bien des pires. Ces passages humiliants que vous préférez oublier, ces actes dont vous n'êtes pas très fière, les autres élèves que vous détestez pour X ou Y raisons, le rejet par certains camarades, la volonté de se fondre dans le moule, etc. Bien des choses sont évoquées dans ce roman, rien de joyeux ou si peu, trop peu pour moi en tout cas.

Je n'aime pas cette vision du collège que présente ici Christelle Dabos, juste, c'est certain, elle ne serait pas si évocatrice dans le cas contraire mais elle est incomplète, le collège ce n'est pas que cela, ce n'est pas que cette vision sombre et pessimiste aussi juste peut-elle être par certains aspects de cette période charnière qui est ici présenté, car au collège si j'ai de mauvais souvenirs, j'en ai aussi des bons et il est important de ne pas les oublier.

Ici et seulement ici est un roman bizarre qui ne plaira pas à tout le monde, qui n'a d'ailleurs sans doute pas vocation à plaire tout court, personnellement c'est une expérience de lecture dont je me serais passé si j'avais su avant de me lancer dans ma lecture qu'il serait réussi, si évocateur car “vertigineux, addictif et puissant” assurément il l'est. Une fois commencé, autant dire que ne pas aller au bout ne m'a jamais traversé l'esprit car quitte à me replonger plus de 10 années en arrière je voulais savoir le fin mot de ce roman, sa conclusion.

Ce roman est classé en littérature jeunesse mais je me demande en réalité s'il n'est pas destiné à des personnes plus âgées, je ne l'ai pas aimé aujourd'hui à 24 ans, je me demande si je l'aurais compris en étant encore au collège, à 12 ou 13 ans. En tout état de cause, je ne le mettrai pas forcément dans toutes les mains. Pas dans celles de ma petite soeur par exemple qui durant toute sa première année de 6e a été le véritable bouc émissaire de sa classe avant de changer d'établissement l'année suivante. Aucune envie de lui faire revivre même en souvenir cette année qui l'a déjà assez marquée.

Ici et seulement ici est un roman atypique, un roman à lire pour se faire sa propre opinion tout en étant averti je pense que cela ne sera ni un moment agréable, ni un roman particulièrement facile à lire aussi bien par son style que par son propos. C'est un roman audacieux, je me demande s'il aurait été publié sans le succès de la Passe-Miroir. En tout état de cause je lirai vos chroniques avec curiosité car une chose est sur, c'est un roman qui ne laisse pas indifférent.
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C'est parce que je n'y ai pas toujours lu des retours très positifs que je ne me suis pas précipitée dessus à sa sortie, alors que j'avais beaucoup aimé les Passe-Miroir. J'ai attendu que le hasard fasse les choses, qu'il fait souvent bien quand on sait attendre. Je suis tombée sur "Ici et seulement ici" lors de ma dernière visite à la bibliothèque, il venait tout juste d'être rentré.

Et je vais rejoindre les avis mitigés. Ce n'est pas qu'il m'ait déplu, plutôt que je l'ai trouvé assez confus avec son côté trop "réalisme magique" auquel je n'ai pas adhéré.

Ici, c'est un collège, et seulement ici, il s'y passe des choses étranges. Les événements se déroulent sur une année scolaire, découpée en trois trimestres. Dès le jour de la rentrée, nous suivons quatre élèves, quatre élèves de niveaux différents : Iris l'invisible, Pierre l'impair, Madeleine la gourou, et Guy le Haut. D'un niveau à un autre, d'une classe à une autre, chaque élève doit tenir une certaine place, déterminée selon plusieurs critères : acteurs/spectateurs, hauts/bas, populaires/pouilleux, etc.

Tous les jeudis à 14h28, se passent des événements étranges que j'aurais moi-même du mal à vous expliquer (ce n'est pas toujours très clair). Quoi qu'il en soit, il y a un truc qui passe dans les canalisations toujours le même jour à la même heure, responsable des événements étranges qui s'en suivent, comme des fous rires ou des agressions. Il y a un élève également, que l'on ne voit jamais car disparu, mais qui laisse ses traces de pas au plafond...

Disparitions, harcèlement et violence scolaires, meurtre, méchanceté et jugement entre collégiens, étrangetés, sont au coeur de l'histoire. En cela, je n'ai rien à reprocher à l'autrice quant à ses choix de thèmes. En revanche, je n'ai pas aimé la façon dont elle les a menés et mêlés pour créer son intrigue. Je n'ai pas retrouvé ce qui m'avait tant plu dans les Passe-Miroir, à savoir un tout bien développé, tant chez les personnages que les lieux, l'ambiance ou l'intrigue elle-même.

J'ai eu l'impression tout du long que tout est survolé, on n'a pas le temps de se poser sur un événement ou un personnage qu'on passe aussi sec à un autre événement et personnage. Ajoutez à cela ce caractère paranormal, irréel, certes plutôt bien ancré mais qui m'a empêchée de rentrer totalement dedans parce que trop invraisemblable.

Je ne sais en fait comment vous expliquer mon ressenti. Je n'en sors pas totalement déçue, car la lecture se veut fluide, facile, dynamique, et donc vite terminée (peut-être un peu trop d'ailleurs ?). Mais je n'ai ni accroché à l'histoire, sans doute trop invraisemblable, ni aux personnages, sans aucun doute trop peu fouillés.

Pourtant, les sujets abordés sont clairement d'actualité (harcèlement scolaire), et nécessitent qu'on en parle encore et encore. Mais je les trouve mal traités.

Voilà voilà, je n'ai pas détesté, je n'ai pas aimé non plus. Cette lecture me laisse perplexe, avec une sensation d'inabouti peut-être. En tout cas, au vu des Passe-Miroir, il est certain que j'en attendais bien plus. C'est une lecture dont j'aurais pu me passer... Trop bizarre, trop malaisant à mon goût.
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Iris entre au collège pour la première fois alors que sa grande soeur Ingrid y retrouve sans difficulté ses copines, elle espère retrouver dans sa classe son meilleur ami Emile mais ils sont séparés et alors qu'Emile est harcelé par une bande des collégiennes, Iris ne le soutient pas et le laisse aux mains de ses tortionnaires, il est tellement désespéré qu'il songe à se suicider. .
Pierre entre en 5ème après une année de harcèlement scolaire, il espère échapper à ses tortionnaires mais il suffit qu'il retourne aux toilettes pour que les humiliations reprennent. Il est le pouilleux de sa classe et il est chargé de s'accuser de tous les crimes de sa classe. Il se venge et fait disparaître un camarade Vincent dans un puits de fange.
Madeleine est amie depuis toujours avec Louise mais elle change, elle refuse cette transformation et se réfugie dans un délire d'élection de l'Immaculée tandis que Louise découvre la vie et est bientôt enceinte.
Guy est un protégé du prince de sa classe dans laquelle tous les élèves sont appariés entre maîtres et esclaves. Il effectue les basses besognes de racket et il voit bientôt arriver une nouvelle élève qui doit s'associer à lui mais elle refuse et bouleverse sa vie.
Une professeure remplaçante Thérèse revient enseigner dans son collège et retrouve chez ses élèves exactement les mêmes rituels, les mêmes dysfonctionnements et les mêmes harcèlements.


Christelle Dabos est née en 1980 en France. Elle a grandi à Nice dans une famille de musiciens, professeurs au conservatoire : sa mère est harpiste, son père clarinettiste. Son frère est professeur de philosophie. Elle écrit ses premières histoires sur les bancs de la faculté puis rejoint la communauté Plume d'Argent. Elle suit une formation de bibliothécaire avant de se consacrer à l'écriture. Depuis 2005, elle réside et travaille à proximité de la Louvière en Belgique.
Christelle Dabos commence à écrire les premières trames de la Passe-miroir en 2007. On lui diagnostique alors un cancer à la mâchoire pour lequel elle subit une lourde opération chirurgicale. Pendant sa convalescence, pour briser son isolement, elle rejoint la plate-forme d'écriture Plume d'Argent. Les contributeurs lui font des retours très positifs sur son récit, ce qui la pousse à participer au premier concours Roman jeunesse Gallimard, un prix que la maison d'édition a lancé pour fêter les 40 ans de son département jeunesse, en partenariat avec les médias Télérama et RTL.
En 2013, elle est lauréate de la première édition de ce prix pour le premier tome de la Passe-miroir. le titre de l'ouvrage, lui est inspiré du Passe-muraille, oeuvre littéraire de l'écrivain français Marcel Aymé.
Les trois premiers tomes se sont vendus à cinq cent mille exemplaires en France. La Passe-miroir aborde différentes thématiques comme le droit à l'erreur, la mémoire ou encore l'identité. Sa tétralogie se vendra à plus d'1,3 million d'exemplaires. Il sera traduit en une vingtaine de langues. - source : Wikipédia


A propos de ses années au collège, Christelle Dabos confie à Télérama : “J'avais une sensation d'enfermement et d'emprisonnement, l'impression que ça ne se terminerait jamais, d'être prise au piège. J'avais déjà tenté d'écrire un roman sur le sujet et ça n'avait pas marché du tout, je m'étais juste sentie mal à l'aise… La Passe-miroir m'a sûrement accompagnée dans ce processus. La Cour nobiliaire du roman est en réalité une grande cour de récréation : c'était très métaphorique, mais le collège était là avec ses clans. Quand cette nouvelle histoire m'est venue, cela n'a pas du tout été malaisant, plutôt joyeux et libérateur même. Je n'avais pas envie de raconter ma petite histoire personnelle, ce qui m'intéresse est de retourner au collège pour revoir la mécanique en jeu, de dépasser mon point de vue.”


Ici et seulement ici est un roman adolescent sur le harcèlement au collège. Nous pensons évidemment à deux romans essentiels sur ce sujet, La guerre des chocolats de Robert Cormier et Elliot de Graham Gardner, qui sont aussi des lectures marquantes. Christelle Dabos bouscule l'intrigue avec ce roman choral qui donne à lire le quotidien de quatre adolescents au collège : ils sont dans des classes différentes, dans des années différentes, ils sont aussi bien harceleurs, harcelés ou témoins impuissants, et résignés ou rebelles inconscients ou courageux. Ils ne sont plus vraiment des personnages mais presque des entités des personnages universels que jouent les collégiens en tout temps et en tout lieu. C'est probablement le plus effrayant dans ce roman, cette espèce de machine à broyer les adolescents à peine sortis de l'enfance.


Christellle Dabos souligne effectivement dans Télérama : “Le terme de conte m'est très vite venu, non pour son côté féerique, mais plutôt pour son aspect « légendaire ». Dans la trajectoire d'Iris, il y a un petit côté « l'homme invisible ». Pour Madeleine, c'est un mélange entre Jeanne d'Arc et sainte Marie Madeleine. Pour Pierre, plutôt le joueur de flûte de Hamelin et Guy emprunte à Robin des bois et au personnage de Guy de Gisbourne. Avec mon éditeur, nous avons décidé de gommer le mot « conte » dans le titre pour ne pas donner de fausse piste au lecteur, car au final il s'agit d'un récit réaliste et cru !”


Le collège est une sorte de monstre, il a une vie propre qu'un club secret essaie d'explorer car il secrète notamment un liquide blanchâtre tous les jeudis à la même heure. “C'est une atmosphère avant d'être une image. Mais surtout, ce collège sécrète son propre liquide ! Enfant, je jouais avec mes voisines et mes frères, et nous avions découvert un liquide visqueux dans un ruisseau, les fans de Ghostbusters (SOS fantômes) que nous étions ont transformé ce « slime » en « schmoïlle ». C'est lui qui ressurgit dans ce récit !”


Il reste une succession d'images à l'esprit à la lecture de ce roman, les images de la violence de la vie des collégiens. La déconstruction du récit traditionnel, l'incursion dans le fantastique avec des êtres qui perdent leur réalité tangible lorsqu'ils se perdent dans la violence ou dans le renoncement aux valeurs humaines, le mystère autour de certains personnages ou de certains événements, rendent la lecture parfois difficile ou absconse.


Christelle Dabos précise à ce sujet : “Ces débordements de la réalité me sont venus spontanément. Ce n'est pas du fantastique au sens strict, avec l'incursion d'un phénomène surnaturel dans la réalité qui provoque un effet de surprise. Cela se rapproche davantage du réalisme magique, ce courant littéraire sud-américain. J'ai été très marquée par ma lecture de Casa de campo, de José Donoso, de Cent Ans de solitude, de Gabriel García Márquez, ou encore de la Maison aux esprits, d'Isabel Allende. Ces romans font coexister une réalité extrêmement dure, très crue, avec une dimension magique totalement acceptée par les personnages. Comme dans ce collège. Moi-même, en écrivant, je me suis demandé si les personnages n'étaient pas dans un grand délire collectif et s'il n'y avait finalement rien de surnaturel. Je ne sais pas. Il y a peut-être une dimension magique. Peut-être pas. Je ne tranche pas.”


Ce roman extrêmement déconcertant va susciter beaucoup de discussions ; il ne laisse personne indifférent.

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Voici un roman qui aborde d'une façon tout à fait originale les difficiles années collège en donnant la parole à 4 élèves et à une prof remplaçante sur une année scolaire.
Il a d'abord Iris qui fait sa rentrée pour la 1ère fois et qui, pour se couler dans le moule, observe, observe, observe au point de se rendre invisible.
Madeleine est très mal dans sa peau, surtout si elle se compare à sa copine Louise. Elle pense avoir été Choisie et devient par la voix de Ça, une sorte de gourou.
Pierre est un impair, c'est-à-dire qu'il n'a pas de binôme et comme tel peut être en but à tous les mauvais traitements possibles.
Guy est dans la classe du prince, celui qu''on ne doit pas regarder. C'est un Haut. Son binôme, son Bas, cette année est une nouvelle qui refuse de se plier aux règles non pas du collège mais celles édictées par les collégiens.
La prof est une ancienne élève d'Ici. Elle comprend très bien ce qui s'y passe et il se passe des choses étranges.
La vision proposée est brutale, violente, les problèmes évoqués sont nombreux : anorexie, corps qui changent, harcèlement, racket…
Christelle Dabos a choisi de ne rien passer sous silence. Seulement elle le fait par des chemins détournés, en utilisant la métaphore, en introduisant du fantastique et cela donne quelque chose de tout à fait original.
J'ai eu le sentiment de retrouver dans le fond de ce récit un peu de l'ambiance de la maison dans laquelle : les règles établies par les gosses, leur cruauté, la quasi-absence d'adultes, les phénomènes inexplicables.
La puissance de ce roman tient aussi à sa langue. L'auteure donne vraiment une voix à chaque gamin. C'est cru parfois, c'est féroce, mais ça sonne vrai.
Je l'ai lu d'une traite tant j'avais hâte de découvrir comment les uns et les autres allaient surmonter cette année difficile.
Percutant.
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Les fans de la Passe miroir attendaient depuis longtemps un nouveau roman de Christelle Dabos. Mais il me faut vous prévenir : ce roman n'a RIEN à voir avec La passe miroir. Ce n'est pas une lecture facile tant par son sujet que son style : pas de fil narratif évident, un phrasé atypique, des éléments étranges qui n'ont pas d'explications si ce n'est celle de l'image qu'ils évoquent, un retour dans les années collège avec tout ce que cela a de déroutant, de dérangeant.

Ici et seulement ici est une vaste métaphore qui fait du collège un monde à part, hors du temps, qui a ses propres règles, sa propre temporalité. Un monde de violence et de servilité, un monde où se côtoient Madeleine qui a été Choisie et qui préfère la voie de l'esprit à celle du corps. Guy qui se retrouve face à une nouvelle qui ne veut pas se conformer aux règles. Pierre qui ne peut s'imaginer que comme un Impair, un souffre douleur, éternellement seul. Et Iris qui abandonne son ami d'enfance pour se fondre dans le groupe quitte à disparaître.

Malgré la brièveté du roman, c'est une histoire qui nécessite du temps : nécessité de faire des pauses pour se remettre de ce qu'on a lu, pour laisser les mots et les idées se déposer en nous, les laisser prendre sens en se nourrissant de notre propre vécu.

C'est une lecture qui va exiger de vous, qui va puiser dans vos souvenirs de cette époque, qui va demander à ce que vous acceptiez de lâcher prise, d'accepter que l'autrice vous perde pour que vous trouviez votre propre chemin. Et quand ce moment arrive, c'est juste une claque ! Une bouffée d'émotions, de liens qui se font, une prise de conscience de la force des images utilisées, de l'indéniable talent de l'autrice dans le choix des mots, sa puissance d'évocation. Ce roman est autant ce qu'il dit que ce qu'il ne dit pas.

Je ne pensais pas partir sur un coup de coeur car c'est une lecture qui est restée longtemps exigeante, qui m'a remuée. Et pourtant c'est le cas. Je ne peux que vous inviter à tenter l'expérience car c'est de cela qu'il s'agit : une expérience de lecture. Une incroyable expérience.
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critiques presse (4)
Ricochet
10 novembre 2023
On savoure l'écriture travaillée et sensible qui décrit un monde impitoyable, sans espoir ou presque. Pour public averti.
Lire la critique sur le site : Ricochet
CNLJ
17 octobre 2023
Cet hymne à l'adolescence dans tout ce qui fait sa part d'ombre se place dans la même lignée, tout aussi puissant et vrai.
Lire la critique sur le site : CNLJ
Telerama
16 mai 2023
Avec cinq points de vue, et une mise en scène à la fois hyperréaliste et irrationnelle de ce monde à part qu’est le collège, l’autrice de “La Passe-miroir” livre un texte déstabilisant.
Lire la critique sur le site : Telerama
LeMonde
17 avril 2023
L’autrice de « La Passe-Muraille » s’est inspirée de ses années collège pour façonner l’atmosphère accablante qui règne dans son nouveau roman.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
Ici, tu branches, t'allumes, tu couches, t'enfiles, tu pelotes, tu cochonnes, tu branles, tu baises, tu pécho tout ce que tu veux, mais tu dis pas, jamais, sous aucun prétexte, ce que Sofie a dit. Mon stylo bouge pas sur ma feuille. J'ai comme un machin coincé dans la gorge depuis des jours, des nuits, un machin qui veut pas s'avaler. C'est que les mots de Sofie, là, j'y ai pas répondu. Qu'est-ce que j'aurais dû y répondre, d'abord ? On y répond quoi, hein, à ce qui doit surtout pas se dire ?
- Tu connais la solution.
Sofie me souffle ça quasi sans bouger des lèvres, ses bras toujours croisés sur la table, son regard toujours aussi vague et bizarrement toujours aussi fixe, et ça me les soulage sévère qu'elle le tient loin de moi pour le moment. La solution à l'interro, ouais, je la connais.
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Déjà excédé, le prof. Il décapuchonne et recapuchonne des marqueurs usagés qui ne laissent au tableau que des lettres fantômes. La date du jour couine. Chacun s’installe à sa place, déballe ses affaires, réaffirme son territoire ; chewing-gum collé dans le casier, initiales gravées au cutter. Deux chaises par table, évidement, et, évidemment, je me retrouve seul en fond de la classe.
Le nombre impair. Le valet de pique. Le pouilleux, même si j’ai jamais eu de poux, même si je suis ni gros, ni grêle, ni gras. Juste impair.
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Ça sonne. On nous rassemble sous le préau, nous, les p’tits nouveaux. Le principal et les profs blablatent. J’écoute rien. Le règlement intérieur, j’aurai tout le temps de le lire quelque part. Là, maintenant, je suis trop occupée à deviner les autres règles, celles qui ne sont pas écrites, celles qui ne se disent pas, celles que personne dicte et que tout le monde respecte. Des sacs à dos portés sur une seule épaule. Les baskets sans chaussettes. Des boucles d’oreille en argent. Du négligé bien peaufiné.
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Je n'aime pas les pieds. Les miens, déjà, parce qu'ils n'ont pas changé d'un orteil, et ce malgré tout le vernis dont je les enduis depuis l'époque où j'étais élève Ici. Ceux des autres, surtout. Les talons qui traînent, les semelles qui s'emmêlent, les jeux de jambes. Les pieds, c'est un territoire. L'espace qu'on s'attribue, celui qu'on s'interdit. Dis-moi comment tu marches, je te dirai qui tu es. C'est sans doute pour ça que je ne prends jamais ni l'ascenseur ni la voiture : pour me réaffirmer sans cesse à moi-même, un pas après l'autre.
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Une longueur de bassin. Et une autre. Et une en plus, allez. Je crawle comme un crack. Sophie a raison (elle a toujours raison, Sophie, à un point que c’en est gonflant) : je kiffe la piscine. Au sol, je me traine sous le poids de mes os. Dans l’eau, je retrouve quelque chose d’oublié, d’imblasable, un p’tit reste de qui que j’étais avant de virer balourd.
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Videos de Christelle Dabos (21) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Christelle Dabos
Christelle Dabos vous présente son ouvrage "Ici et seulement ici" aux éditions Gallimard jeunesse. Entretien avec Anaïs Hurcet.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2745154/christelle-dabos-ici-et-seulement-ici
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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