Iris entre au collège pour la première fois alors que sa grande soeur Ingrid y retrouve sans difficulté ses copines, elle espère retrouver dans sa classe son meilleur ami Emile mais ils sont séparés et alors qu'Emile est harcelé par une bande des collégiennes, Iris ne le soutient pas et le laisse aux mains de ses tortionnaires, il est tellement désespéré qu'il songe à se suicider. .
Pierre entre en 5ème après une année de harcèlement scolaire, il espère échapper à ses tortionnaires mais il suffit qu'il retourne aux toilettes pour que les humiliations reprennent. Il est le pouilleux de sa classe et il est chargé de s'accuser de tous les crimes de sa classe. Il se venge et fait disparaître un camarade Vincent dans un puits de fange.
Madeleine est amie depuis toujours avec Louise mais elle change, elle refuse cette transformation et se réfugie dans un délire d'élection de l'Immaculée tandis que Louise découvre la vie et est bientôt enceinte.
Guy est un protégé du prince de sa classe dans laquelle tous les élèves sont appariés entre maîtres et esclaves. Il effectue les basses besognes de racket et il voit bientôt arriver une nouvelle élève qui doit s'associer à lui mais elle refuse et bouleverse sa vie.
Une professeure remplaçante Thérèse revient enseigner dans son collège et retrouve chez ses élèves exactement les mêmes rituels, les mêmes dysfonctionnements et les mêmes harcèlements.
Christelle Dabos est née en 1980 en France. Elle a grandi à Nice dans une famille de musiciens, professeurs au conservatoire : sa mère est harpiste, son père clarinettiste. Son frère est professeur de philosophie. Elle écrit ses premières histoires sur les bancs de la faculté puis rejoint la communauté Plume d'Argent. Elle suit une formation de bibliothécaire avant de se consacrer à l'écriture. Depuis 2005, elle réside et travaille à proximité de la Louvière en Belgique.
Christelle Dabos commence à écrire les premières trames de la Passe-miroir en 2007. On lui diagnostique alors un cancer à la mâchoire pour lequel elle subit une lourde opération chirurgicale. Pendant sa convalescence, pour briser son isolement, elle rejoint la plate-forme d'écriture Plume d'Argent. Les contributeurs lui font des retours très positifs sur son récit, ce qui la pousse à participer au premier concours Roman jeunesse Gallimard, un prix que la maison d'édition a lancé pour fêter les 40 ans de son département jeunesse, en partenariat avec les médias Télérama et RTL.
En 2013, elle est lauréate de la première édition de ce prix pour le premier tome de la Passe-miroir. le titre de l'ouvrage, lui est inspiré du Passe-muraille, oeuvre littéraire de l'écrivain français
Marcel Aymé.
Les trois premiers tomes se sont vendus à cinq cent mille exemplaires en France. La Passe-miroir aborde différentes thématiques comme le droit à l'erreur, la mémoire ou encore l'identité. Sa tétralogie se vendra à plus d'1,3 million d'exemplaires. Il sera traduit en une vingtaine de langues. - source : Wikipédia
A propos de ses années au collège,
Christelle Dabos confie à Télérama : “J'avais une sensation d'enfermement et d'emprisonnement, l'impression que ça ne se terminerait jamais, d'être prise au piège. J'avais déjà tenté d'écrire un roman sur le sujet et ça n'avait pas marché du tout, je m'étais juste sentie mal à l'aise… La Passe-miroir m'a sûrement accompagnée dans ce processus. La Cour nobiliaire du roman est en réalité une grande cour de récréation : c'était très métaphorique, mais le collège était là avec ses clans. Quand cette nouvelle histoire m'est venue, cela n'a pas du tout été malaisant, plutôt joyeux et libérateur même. Je n'avais pas envie de raconter ma petite histoire personnelle, ce qui m'intéresse est de retourner au collège pour revoir la mécanique en jeu, de dépasser mon point de vue.”
Ici et seulement ici est un roman adolescent sur le harcèlement au collège. Nous pensons évidemment à deux romans essentiels sur ce sujet,
La guerre des chocolats de
Robert Cormier et
Elliot de
Graham Gardner, qui sont aussi des lectures marquantes.
Christelle Dabos bouscule l'intrigue avec ce roman choral qui donne à lire le quotidien de quatre adolescents au collège : ils sont dans des classes différentes, dans des années différentes, ils sont aussi bien harceleurs, harcelés ou témoins impuissants, et résignés ou rebelles inconscients ou courageux. Ils ne sont plus vraiment des personnages mais presque des entités des personnages universels que jouent les collégiens en tout temps et en tout lieu. C'est probablement le plus effrayant dans ce roman, cette espèce de machine à broyer les adolescents à peine sortis de l'enfance.
Christellle Dabos souligne effectivement dans Télérama : “Le terme de conte m'est très vite venu, non pour son côté féerique, mais plutôt pour son aspect « légendaire ». Dans la trajectoire d'Iris, il y a un petit côté « l'homme invisible ». Pour Madeleine, c'est un mélange entre
Jeanne d'Arc et sainte
Marie Madeleine. Pour Pierre, plutôt le joueur de flûte de Hamelin et Guy emprunte à Robin des bois et au personnage de Guy de Gisbourne. Avec mon éditeur, nous avons décidé de gommer le mot « conte » dans le titre pour ne pas donner de fausse piste au lecteur, car au final il s'agit d'un récit réaliste et cru !”
Le collège est une sorte de monstre, il a une vie propre qu'un club secret essaie d'explorer car il secrète notamment un liquide blanchâtre tous les jeudis à la même heure. “C'est une atmosphère avant d'être une image. Mais surtout, ce collège sécrète son propre liquide ! Enfant, je jouais avec mes voisines et mes frères, et nous avions découvert un liquide visqueux dans un ruisseau, les fans de Ghostbusters (SOS fantômes) que nous étions ont transformé ce « slime » en « schmoïlle ». C'est lui qui ressurgit dans ce récit !”
Il reste une succession d'images à l'esprit à la lecture de ce roman, les images de la violence de la vie des collégiens. La déconstruction du récit traditionnel, l'incursion dans le fantastique avec des êtres qui perdent leur réalité tangible lorsqu'ils se perdent dans la violence ou dans le renoncement aux valeurs humaines, le mystère autour de certains personnages ou de certains événements, rendent la lecture parfois difficile ou absconse.
Christelle Dabos précise à ce sujet : “Ces débordements de la réalité me sont venus spontanément. Ce n'est pas du fantastique au sens strict, avec l'incursion d'un phénomène surnaturel dans la réalité qui provoque un effet de surprise. Cela se rapproche davantage du réalisme magique, ce courant littéraire sud-américain. J'ai été très marquée par ma lecture de
Casa de campo, de
José Donoso, de
Cent Ans de solitude, de
Gabriel García Márquez, ou encore de
la Maison aux esprits, d'
Isabel Allende. Ces romans font coexister une réalité extrêmement dure, très crue, avec une dimension magique totalement acceptée par les personnages. Comme dans ce collège. Moi-même, en écrivant, je me suis demandé si les personnages n'étaient pas dans un grand délire collectif et s'il n'y avait finalement rien de surnaturel. Je ne sais pas. Il y a peut-être une dimension magique. Peut-être pas. Je ne tranche pas.”
Ce roman extrêmement déconcertant va susciter beaucoup de discussions ; il ne laisse personne indifférent.