Terminée la jolie histoire fantasy, quête initiatique doublée de rebondissements palpitants. L'arche de Babel pèse désormais de tout son poids sur notre lecture, qui se fait plus grave, plus dense, plus opaque aussi.
L'atmosphère devient étouffante dans cet abominable institut qui emprisonne ses pensionnaires dans une épouvantable solitude. Il est question d'expériences scientifiques et de manipulations mentales. le monde s'écroule, peu à peu, et ni Dieu, ni Ophélie, ni personne ne semble capable d'arrêter le mouvement. La guerre, la sélection raciale, la chasse à l'homosexualité, la haine de la différence, physique ou mentale, le culte du beau, ont ici des relents plus que douloureux, faisant peut-être référence à l'une des périodes les plus sombres de l'Histoire de l'humanité.
Toujours est-il que j'ai eu à plusieurs reprises la bouche empâtée à la lecture de ce tome, qui tranche avec les précédents : Ophélie est désormais entrée dans la cour des grands et elle sera confrontée à ce que l'âme humaine a de plus infect. le lecteur n'a de choix que de la suivre dans sa quête de l'absolu, doutant lui-même parfois de l'intégrité de son héroïne elle-même. Parfois, passer le miroir, c'est être confronté à la réalité la plus vile, alors, le déni est une option tout à fait séduisante si l'on ne peut obtenir le pouvoir absolu…
Alors voilà, je sais.
Je sais maintenant qui est Dieu et ce qu'il a fait d'affreux pour en arriver à mutiler la mémoire de ses enfants. Je sais qui est l'Autre, j'ai vu son visage et je l'ai regardé dans le blanc de l'oeil… Il me reste en bouche un goût amer qu'en tant que Serial Lectrice je ne connais que trop : celui d'être venue au bout d'une longue, très longue lecture palpitante, et la conscience que ses personnages me manqueront terriblement.
Cette incroyable saga m'a accompagnée durant toute la période du confinement, et je dois dire qu'à plusieurs reprises, elle a su l'égayer et la questionner. Est-ce le contexte ? J'ai l'étrange impression que le cycle de la Passe Miroir interroge aussi notre rapport au monde. Ne nous susurre-t-il pas, doucement, que si l'Homme continue de se prendre pour Dieu, il risque de perdre son propre monde ? N'affirme-t-il pas que le monde saura se rééquilibrer à sa manière, quoiqu'on en pense, et que notre rythme de vie effréné qui brise l'équilibre de la planète devra forcément donner, un jour, une contrepartie ? L'Homme-Passe-Miroir, qui sait désormais aller d'un bout du monde à l'autre, se mord déjà les doigts de n'avoir pas raisonné suffisamment son propre univers…
Je m'égare, peut-être, mais dans mon esprit de lectrice, cette saga est intimement liée à la crise du Covid, et je ne peux m'empêcher d'y voir une mise en garde pour l'homme-Dieu que croyons trop souvent incarner…
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