«
Cannibale » (1998) est un court roman de Dider
DAENINCKX s'intéressant à l'exposition universelle de 1931 et notamment aux traitements réservés aux kanaks, exposés, vous le savez, comme des animaux de foire. Cela va plus loin ici, puisqu'ils sont même échangés ici contre des crocodiles, étrangement morts sur le site de l'exposition.
On suit ici Gocéné, qui au cours de la révolte Kanak en fin des années 90, va raconter son histoire à des jeunes gardant un barrage routier. Cette histoire où on l'arracha subitement à sa terre natale pour le parquer dans un zoo, en compagnie de Minoé, sa bien-aimée, et son meilleur ami Badimoin. le jour où Minoé est enlevée et envoyée dans un cirque en Allemagne, Gocéné gronde et part dans un Paris labyrinthique à sa recherche.
Bien difficile de critiquer ce petit livre, évidemment très intense. Il s'agit d'un concentré d'émotions, parfois à la limite de l'insoutenable tant la confrontation à l'ignorance profonde et crasse est toujours douloureuse. Evidemment, l'ouvrage est engagé, et le lien avec la révolte plus récente ne fait que témoigner du lien évident entre un passé d'opprimé et la rage de se libérer.
Paris apparait ici tentaculaire, incompréhensible et hostile et l'entreprise des kanak frise l'impossible. On imagine le drame arriver avant de le subir froidement.
C'est un livre qui aurait sincèrement mérité quelques pages de plus, qui semble pour le coup un peu succinct. C'est bien écrit, extrêmement efficace sur sa narration mais parfois un peu court sur une intrigue qui se dénoue hélas trop rapidement à la fin.
Il en reste que «
Cannibale » est un excellent roman, rendant plus intelligent et assurément plus humain.